Partie 21

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23:47. Ils rigolent encore. Ça leur fait rire de voir une fille se faire 'agresser' par d'autres garçons. Une autre raison pourquoi on les aime pas. Ils s'entraident entre eux mais n'aident jamais les autres. Dans les quartiers du monde entier quand une personne se fait agresser les jeunes garçons aident la personne en question. Ici ce n'est pas du tout comme ça. Leur parent ne sont pas comme ça pourtant enfin leur père. Leur mère sont quand même vicieuse. Elles aiment parler comme dans tous les quartiers mais elles elles parlent mal, inventent des vies, détruisent des vies. L'histoire de Qassim remonte et j'ai encore plus la rage en moi. Je n'aurais jamais dû lui parler comme ça, jamais dû faire ressortir un mal qui le détruisait à petit feu, jamais dû douter de lui, jamais dû écouter les autres et surtout mon frère quand il me parlait de lui en mal, jamais dû le laisser seul et limite l'insulter, je n'aurais jamais dû tout simplement le délaisser... Il rigole encore devant moi. Ses lèvres affichent un grand sourire. Il pense détenir ce qu'ils souhaitent tous dans ce quartier : une revanche. Je le regarde droit dans les yeux. Les autres s'arrêtent de rire. 

- ARRÊTE FRÈRE ELLE VA S'ÉNERVER ELLE VA T'EN METTRE UNE ! 

- HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA 

- IL CROIT ÊTRE DRÔLE L'AUTRE NOIR LÀ ? 

Leurs rires s'arrêtent net. Je continue toujours de regarder le garçon en face de moi. Il s'appelle Nassim. C'est un algérien. Je pense les avoir choqué. Normal je viens de chercher l'un des leurs. Nassim fronce les sourcils mais je commence à m'énerver. La rage de Qassim qui sommeillait en moi se réveille. Oui elle veut sortir là, maintenant, tout de suite. Mes poings se ferment et ma bouche se crispe. Mon regard devient noir bien plus que mes yeux de base. Nassim monte à ébullition lui aussi. Il ouvre la bouche et me dit d'un calme les plus paisible : 

- Tu t'en rends compte petite bouffone que tu viens d'insulter un des miens ? 

Je me rapproche un peu plus de lui. Je ne suis qu'à quelques millimètres. Je me mets sur la pointe des pieds pour être un peu plus grande et être un petit peu à sa hauteur. 

- Et toi tu t'en rends compte petit bouffon que vous êtes une petite bande de tapette ? 

Il rigole. Il rigole à en avoir mal au ventre. Il se tord de partout puis se relève et dit avec difficulté à ses amis. 

- OH LES GARS HAHAHAHA OH NOOOON JE SUIS À TERRE LÀ C'EST TROP ! ELLE M'A DIT TU T'EN RENDS COMPTE PETIT BOUFFON QUE VOUS ÊTES UNE PETITE BANDE DE TAPETTE ? HAHAHAHAHAHAHAHA ELLE NOUS A TUÉ ! 

- HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA ! QUAND LES TAPETTES ELLES VONT TE TAPER ON VA VOIR SI TU VAS ENCORE FAIRE LA MALIGNE ! 

Je m'énerve encore plus. Mes poings sont encore plus serrés qu'avant. Nassim rigole encore plus fort et ses amis le suivent. Ce sont, un par un, des chiens. Ils rigolent pensant qu'ils sont plus forts que moi. Je fixe le sol. Je regarde chaque pavé. D'autres jeunes de leur quartier arrivent et des filles en petite tenue aussi. Les garçons leur expliquent qu'est-ce qu'il vient de se passer et j'entends le double, le triple des rires de tout à l'heure. Nassim se met devant moi et essuie les larmes qu'il vient d'avoir suite à son fou rire. Les autres s'arrêtent de rires et tout le monde nous regarde. 

- OUH OUH OUH OUH HAHAHAHAHA AAAAAH NAAAAAN ! Ah tu m'as tué ! 

*CLAC* 

Plus personne ne parle. Les bouches ouvertes, les mains sur celles-ci pour certains, des phrases telles que 'oh merde' 'oh elle a osé' 'noooon elle a touché Nassim' se font entendre, les yeux sont tous sortis, certaines personnes se tiennent entre elles, pourquoi ? Parce que oui je viens de claquer Nassim. Oui je viens de claquer le plus beau garçon de cette cité, celui qui a toutes les filles à ses pieds et qui aucune d'entre elles ne dit non quand il leur demande quelque chose. Son visage regarde sur le coté droit. Il pose sa main droite sur sa joue gauche et la caresse. Il rigole. Il est plus qu'énervé. Ses rires s'accentuent et ne s'arrêtent pas. Si il pouvait me tuer à l'instant même il le ferait. Il lève sa main droite et la fait tourner un peu comme quand on tourne nos poignés pour les échauffer. Il rigole encore. D'un coup il s'arrête. 

- T'as osé ? 

- ... 

- Même ma mère elle me claque plus t'es au courant ma belle ? 

- Ne m'appelle pas ma belle ! 

Il prend sa main et souhaite me claquer avec. D'un coup une main se pose sur son bras. 

- Touche là et wallah je te brûle toi et toute ta famille ! 

Je détache mes yeux de ceux de Nassim. Je regarde qui vient de dire cette phrase et remarque c'est Khaled avec d'autres garçons de mon quartier. Je ne comprends pas pourquoi ils sont là. Ils détestent poser leurs pieds ici. Un garçon qui se nomme Aziz me regarde et me fait signe de le suivre. Je pars avec lui laissant les autres garçons de ma cité avec la cité adverse. Aziz et moi sortons du quartier ennemi puis arrivons dans le notre. 

- Yasmine ! 

Je baisse les yeux. Je sais que je vais me faire engueuler. Je suis partie chez les autres alors que je n'avais pas le droit. 

- Si on t'avait pas suivi t'aurais fait quoi là ? Il t'aurais défoncé Yasmine ! 

- Fallait pas venir ! 

- Putain depuis que t'es petite t'es toujours la même ! Tu veux jamais te faire aider ! 

- Bref ! 

- Quoi bref ? 

- On arrête de parler de ça ! 

On continue de marcher. On ne s'arrête pas. Il prend un grand souffle et je vois qu'il a envie de parler. 

- On va rien dire à ton frère Younes et ta tante mais je te préviens Yasmine c'est la dernière fois ! 

- ... 

- Yasmiiiine ? 

- Oui oui c'est bon ! 

- ... 

- Merci Aziz ! 

- Ouais ouais ! 

Il m'accompagne devant chez moi. Il me fait un Salam de la main puis je monte les marchés des escaliers. Je repense à la claque que j'ai donnée à Nassim. Je ne l'ai même pas claqué pour moi ou parce qu'il faisait le malin devant moi mais pour Qassim. Il a détruit sa vie. J'arrive enfin à mon étage et rentre les clefs dans la serrure. J'enlève ma veste et mes chaussures et pars regarder par la fenêtre de la cuisine. D'un coup j'entends la fenêtre de la cuisine de Qassim s'ouvrir. Il sort sa tête et fixe devant lui le parc en face de nous. Je le regarde j'ai envie de m'excuser. Il sourit légèrement et quand je m'apprête à lui demander pardon il me dit avant même que je commence : 

- Je me demandais où t'allais à 11 heures du soir ! 

Il baisse un peu la tête puis la relève et toujours avec son sourire il me regarde et me dit : 

- J'espère être convié à votre hlel Aziz et toi ! 





Le Demandeur et La CourageuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant