I used to call it an hotel

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Je me réveille, attachée sur un lit miteux. Comme tout les matins, j'essaie de me débattre, de me libérer. Mais impossible. Les sangles sont trop serrées. Elles m'entaillent les poignets; j'ai la peau à vif dessous. Mais ça, tout le monde s'en fout. Je hurle. Je veux sortir. Le médecin entre dans la pièce. Il défait lentement les sangles. Je me masse les poignets.
- Mademoiselle Ferguson, ce serait plus facile de vous soigner si vous avouiez vos crimes.
Je soupire.
- Pour la énième fois, je n'ai RIEN fait! Je suis INNOCENTE!
- Alors comment expliquez vous ceci.
Il désigne la cicatrice sur mon épaule. Elle est liée à mon passé. Je ne sais plus à quel moment précisément mais elle fait partie de mon passé. Je reste silencieuse, c'est ce que je fais quand je ne veux pas leur répondre. Le médecin saisit mon poignet. Il le regarde; la peau à vif, les brûlures et les mutilations ne donnent pas un beau spectacle. Je détourne les yeux.
- Aller, debout, allez rejoindre les autres dans la salle commune.
Je me lève et sors d'un pas trainant. Je ne veux pas aller dans cette foutue salle commune. Il y a tout les fous là-bas. Je ne suis pas folle. Lorsque j'arrive, comme tout les jours depuis mon arrivée, les seuls patients qui ont encore un minimum de lucidité me dévisagent. On a du leur dire mes supposés crimes. L'air de musique joyeuse qui flotte dans l'air m'horripile au plus haut point. Dans le fond de la salle, une vieille femme qui était là bien avant mon arrivée se cogne la tête contre le mur. Comme si ça allait la repentir. Je m'assois à une table, seule, pour réfléchir à mon plan d'évasion. Je ne peux pas y arriver seule. J'ai besoin d'aide. L'odieuse bonne femme, Katherin Smith, qui dirige cet asile demande à me voir. En entrant dans son bureau, je découvre le médecin de tout à l'heure.
- Treya Ferguson. Asseyez vous.
Elle croise ses mains.
- Dites moi comment une gamine de 21 ans peut-elle en vouloir autant à ses parents pour les tuer ?
- Je n'ai pas tuer mes parents.
La bonne femme tape du poing sur la table. Elle se calme peu à peu et reprend.
- Nous ne voulons pas vous gardez indéfiniment. Nous voulons vous soignez alors laissez-nous faire notre travail.
- Ce n'est pas en m'envoyant dans un asile de fous que je vais me soigner. Je vous l'ai dit déjà! Je ne suis pas folle!
- En réalité, j'ai l'habitude d'appeler ça un hôtel.
Je ricane. Un hotel ? Vraiment ?! Il me semble que dans un hotel, on n'attache pas les clients sur leur lit. Je me lève et juste avant de sortir du bureau, avec tout le sarcasme que je peux réunir, je dis:
- Hé bien, revoyez vos définitions.
Et sur ça, je referme la porte derrière moi. Je me mets à courir dans le couloir. J'essaie d'éviter au maximum les autres patients. Un docteur, le docteur Janson, m'attrape par le poignet en appuyant bien fort. Je laisse échapper un cri. Il plaque sa main sur ma bouche.
- Tu te laisses faire et je t'aide à sortir de là.
J'acquiesce. Je vais enfin sortir! Janson me conduit dans son cabinet. Il m'installe sur la table d'auscultation. Tout autour, je vois des instruments qui paraissent tous plus barbare les uns que les autres. Janson trace une fine ligne qui part de ma gorge jusqu'à mon nombril au feutre noir. Il prend ensuite un couteau et pose doucement la lame au début de la ligne. Je me débats. J'ai trop peur. Je lance mes pieds à gauche et à droite en espérant toucher le médecin. Il appuie la lame. Je parviens enfin à lui décocher un coup. Je sors en courant du cabinet. Ma gorge saigne. Elle laisse derrière moi des gouttes de sang. Je regagne ma cellule et bande ma plaie comme je peux. Je m'endors.

A S Y L U MOù les histoires vivent. Découvrez maintenant