Maria se réveilla en hurlant, transpirantes et tremblantes, encore sous le choc. Elle pouvait sentir le souffle fétide et la mâchoire du monstre sur sa peau. Ce rêve étrange. Et cet homme. Toujours présent à chaque fois qu'elle courait un mortel danger. Toujours à être le meurtrier de ses cauchemars. Cela faisait maintenant plus d'un mois que ces mauvais rêves s'étaient imposés dans ses nuits, à les accaparer, ne lui laissant aucun répit. Elle remonta sa couverture de veille laine épaisse vers son menton pour se protéger du vent froid matinal qui passait à travers le bois abîmé et la toiture mal agencée. Des petits pas rapides résonnèrent. Le rideau qui sépare son alcôve des celles des autres membres de la famille s'ouvrit à la volée. Elle n'eut pas le temps d'émettre le moindre son, la moindre syllabe qu'une petite furie blonde se jeta sur elle . Maria la prit dans ses bras en rigolant doucement
-Dites-moi Aude, une damoiselle était-elle censée se comporter de cette façon ?
-Je ne sais pas ma grande sœur, nous ne sommes pas des damoiselles, répliqua l'angelot d'un air enfantin.
La petite fille venait seulement de fêter son sixième printemps et pourtant elle était déjà d'une beauté époustouflante. Ses cheveux blonds tombaient en une cascade lumineuse sur ses épaules. Mais ce que Maria préférait chez sa sœur étaient ses yeux verts comme les feuilles des arbres pendant la belle saison. Elle pouvait s'y perdre pendant des heures, oubliant tout, y compris ses cauchemars. Aude avait eu la chance d'hérité de sa mère. Contrairement à elle, qui était aussi châtain que son père. Sa sœur la regarda avec une moue attendrissante.
- Maria, vous aviez promis que nous irions nous baguenauder en ville aujourd'hui.
- Je sais ma chérie, et nous irons. Levez-vous, vous m'écrasez. Je dois aller faire mes corvées pour pouvoir vous faire plaisir ensuite, répliqua Maria doucement en écartant sa sœur.
Aude la regarda avec un grand sourire. Remplie de complicité et fierté.
-Nous avons remarqué vos cernes, nous nous sommes donc dit qu'il fallait vous reposer, commença l'adorable petite fille, Jehan a donc levé Ernaut bien avant l'aube pour faire toutes les tâches, les vôtres et celles de Grisélidis. Notre sœur a la fâcheuse manie de prendre en temps incalculable pour s'occuper du potager.
Maria regretta d'avoir laissé ses frères seuls. Jehan allait sans doute lui rappeler la dette dont elle est pourvue . Elle poussa sa sœur hors du lit et la pria de quitter sa "chambre" pour qu'elle puisse se changer sans petite personne indiscrète. Après avoir enfilé une simple robe de couleur crème et avoir coiffé ses cheveux en chignon, elle mit ses bottines en cuir et sortit de l'alcôve. Ses parents, après la naissance d'Ernaut, ont eu la pertinente idée de transformer l'ancienne grange abandonnée depuis la mort de son arrière-grand-père en une deuxième petite maison. Séparée en quatre parties, elle sert de chambre pour les enfants de la famille. Laissant ainsi la maison principale aux parents, gardant intact l'intimité de ceux-ci. Elle sortit dehors pour rejoindre la maison. Dans la salle commune de la demeure, toute la fratrie l'attendait : Jehan avait maintenant vingt-quatre printemps, ses cheveux bruns étaient coupés court, leur mère détestait la négligence de leur apparence, il était habillé d'une tunique aux manches courtes laissant dévoiler ses muscles taillés à force de manier le marteau et l'enclume. Grisélidis quant à elle était très coquette, ses cheveux blond foncé étaient tressés de manière complexe sur sa tête. Elle portait sa plus belle robe couleur marron assortie à ses yeux. De ses vingt printemps, la fille aînée de la famille n'avait toujours pas de prétendant et compter bien sûr cette sortie pour trouver un jeune homme à prendre pour époux.Quant à Ernaut, ce jeune homme de seize printemps, était avachi sur le banc qui se trouvait près de l'entrée. Aliénor lui caressait ses cheveux, les mêmes que ceux de Maria, ses yeux marrons clairs la regardaient d'un air suppliant, leur demandant en silence si elle pouvait faire en sorte que leur mère soit moins affectueuse. Lui aussi portait une tunique mais la sienne, contrairement à Jehan, était à manches longues. Maria était très proche de son petit frère. Elle était son aînée d'à peine deux ans et ils avaient la même philosophie de la vie. Aude qui s'impatientait devant la porte leur hurla :
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Vikings
Historical FictionMaria De Clairfontaine est une jeune paysanne à la vie paisible: Une famille, des amis. Mais un jour, lorsque le Roi de France convoque son père,Franck ancien général royal, lors d'une réunion militaire, Maria comprend que sa vie va radicalement ch...