Maria regardait les arbres passaient au fur et à mesure que Perceval avançait. Jehan et Aude babelaient, parlant surtout de quelles échoppes qu' ils se devaient de visiter. Les armes ou les friandises ? Telle était la question à l'ordre du jour. Grisélidis quant à elle s'occupait d'arranger ses cheveux en une tresse complexe et très féminine, trop féminine pour les cheveux fous de Maria. Elle sentit un regard lourd et insistant lui brûlait le visage. Maria tourna la tête et vit le regard inquiet de son petit frère sur elle.
- Est-ce que tout va bien Maria ? s'interrogea le cadet des garçons.
Pouvait-elle parler de son pressentiment à son frère ? Évidemment il l'écouterait, comme toujours, mais pourrait-il croire à ses augures ?
-Répondez-moi enfin, si vous restez muette, je ne pourrai pas vous aider.
- J'ai encore fait un de mes rêves habituels.
- Ce n'est que ça, j'ai eu peur morbleu !
- Ce n'est pas que ça Ernaut ! J'ai un très mauvais pressentiment, c'est comme si on me tordait le ventre dans tous les sens
Ernaut la regarda longtemps. Il réfléchissait, cela se remarquait à ses yeux qui se plissaient et à son froncement de sourcils.
- La dernière fois que vous avez eu pressentiment de ce genre, j'avais à peine huit printemps et vous aviez presque supplié Jehan de ne pas aller voir le fils du boucher, vous vous doutiez qu'il allait se passer quelque chose. La nuit était tombée et Jehan n'était pas rentré. Papa était parti à sa recherche. Il l'a retrouvé dans un fossé couvert de blessures. Vous aviez raison. Le fils du boucher ne l'a fait venir dans cette petite clairière que pour l'humilier.
Ernaut arrêta son histoire et regarda sa grande sœur, extrêmement sérieusement.
- Racontez-moi, je pense que pour les prédictions nous pouvons vous faire confiance.
- Je ne sais pas trop Ernaut mais j'ai juste l'impression qu'il va y avoir quelque chose d'important aujourd'hui. Quelque chose qui va changer notre vie.
- En bien ou en mal ?
- Je vous l'ai dit, un mauvais, celui qui vous donne des frissons et qui vous tétanise.
- Je vois. Restons sur nos gardes. Pensez-vous utile de prévenir Jehan ?
Maria rigola, pourquoi en parler à l'aîné de la fratrie ? Il ne la croyait jamais. Se moquant de son instinct. La traitant de sorcière. Souvent Maria avait l'impression fugace que son aîné avait honte d'elle. Peut-être se faisait-elle des idées mais cela l'avait toujours turlupiné et cela depuis son enfance.
- Non. Nous ne dirons rien à Jehan, conclut Maria d'une voix dur.
- Très bien. Et puis si cela se trouve ce ne sera pas très grave.
Heureusement qu'Ernaut était avec elle. Tout à coup ils entendirent Aude hurler d'euphorie. Devant eux se tenaient les énormes remparts qui protégeaient la ville. Ces remparts avaient essuyé toutes les attaques et tous les sièges que le nord du pays avait subis. De construction normande, les murs de pierre reflétaient une ombre aussi menaçante qu'apaisante. Jehan stoppa la monture. sur le bord de la route de terre. Un homme s'approcha et récupéra les rênes. Ils débarquèrent de la charrette.
- C'est merveilleux! s'écria Grisélidis en descendant souplement, regardant avec émerveillement le lieu où ils se trouvaient
Aude rigola et courut jusqu'à Ernaut qui l'a pris dans sur ses épaules. Jehan donna les indications à l'homme qui garderait leur carriole jusqu'à la fin de leur visite. Il s'avança ensuite vers Maria et prit son bras qu'il sera légèrement mais avec autorité et sévérité dont il avait pris l'habitude de faire preuve.
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Vikings
Historical FictionMaria De Clairfontaine est une jeune paysanne à la vie paisible: Une famille, des amis. Mais un jour, lorsque le Roi de France convoque son père,Franck ancien général royal, lors d'une réunion militaire, Maria comprend que sa vie va radicalement ch...