douzième.

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Notre échange fiévreux se termine instinctivement à l'entente de cette voix.

Nos regards se tournent vers l'inconnu et mes sourcils se froncent en signe de confusion.

Un gringalet vêtu d'une chemise et d'un pantalon de smoking se poste devant la porte d'entrée vitrée. Ses longs cheveux chataîns sont ramenés en arrière avec une dose de gel assez importante, et un piercing couleur rouge vif décore son sourcil droit.

Perdue, je pose mon attention sur ses iris et je peine à distinguer leur vraie couleur tant ils sont sombres.

Lorsqu'il remarque que je le regarde, l'homme bombe le torse, sert les poings et déclare d'un ton rauque à l'adresse de mon patron :

" Monsieur Styles, vous aviez un rendez-vous ce matin. "

Harry hausse les épaules. Il n'en a strictement rien à faire, cela se voit rien qu'à sa posture. Et connaissant son caractère de cochon, le petit nouveau va vite se retrouver dehors.

" Je vous ai envoyé un mail ce matin pour que vous annuliez. " rappele-t-il, la mâchoire serrée.

Le visage du jeune homme se décompose instantanément. Ses joues deviennent cramoisies tant celui-ci est inconfortable. Il n'a définitivement pas lu ce fameux email. La tension est palpable dans la pièce, je ne veux définitivement pas que cette altercation finisse en dispute.

" Si vous avez une boîte mail, c'est pour lire les courriels ! Je ne m'amuse pas à vous écrire pour les couilles du Pape. " s'énerve Harry.

À ses paroles violentes, je me renfrogne.

Je déteste viscéralement les excès de colère, ceux-ci me rappellent trop ma soeur. Mewen passe sa vie à hurler, même pour des choses totalement insignifiantes. Il suffit que quelque chose ne se passe comme elle le veut et celle-ci se fait exploser les cordes vocales.

L'inconnu baisse les yeux et son corps se rétracte, on perçoit qu'il est tendu. Les iris encore plus sombres, il se dirige vers la porte et la fait claquer derrière lui.

Confuse, je me tourne en direction d'Harry. Tout cela s'est passé trop vite, il est parti aussi vite qu'il est arrivé. Nos regards se posent l'un sur l'autre simultanément et celui-ci m'explique :

" C'est Austin, mon secrétaire. "

Je fronce les sourcils, sceptique. Si j'étais employer je ne pense pas que je me permettrai d'enguirlander mon patron, et encore moins de me rendre jusque chez lui sans son avis.

" Ton secrétaire ? "

" Oui, mon secrétaire. " répète-t-il d'une voix profonde.

Je me contente d'hocher la tête, je n'ai définitivement pas envie de parlementer à propos de ça tout de suite.

" Ça te dirait d'aller dîner, je meurs de faim. " Je propose.

Je suis quelque peu gênée, je n'ai définitivement pas l'habitude d'inviter des hommes aux restaurants, surtout lorsque j'ai une certaine attirance pour eux. Un refus de sa part serait fatal pour mon estime.

Il fait de gros yeux mais sa réponse ne se fait pas longtemps attendre.

" Je suis désolé mais non, je dois partir. "

Mon égo en prend un sérieux coup. Je garde un goût amer dans la bouche. Je tente de relativiser et de me dire que je me contenterai de mon sandwich aux cornichons, mais intérieurement je bouillonne. Je dissimule ma colère derrière un sourire et me déplace jusqu'à la table.

" Tu es vexée ? " murmure-t-il.

" Non. " Je mens et lui lance un regard meurtrier.

Il peut partir. Je n'ai décidément plus envie qu'il soit à mes côtés, en tout cas pour aujourd'hui.

" Je vais me remettre au travail, tu peux partir. "

" Et si je n'en ai pas envie ? "

Je le nie. Il ne peut pas s'amuser à éteindre le feu pour essayer ensuite de l'attiser une nouvelle fois. En tout cas, pas avec moi.

J'attrape mon fichier et me concentre sur les divers coloris, un ton dans les gris serait parfait pour le salon.

Je cherche à taton mon crayon à papier mais celui-ci est introuvable. Mes yeux se soulèvent de mon pupitre et remarque seulement qu'Harry n'a pas bougé. Qu'il déguerpisse.

Du bout des doigts, il balance mon précieux.

" C'est ça que tu cherches ? " rigole-t-il, taquin.

Il ne le mérite même pas que je lui réponde. Je retourne à mon travail et commande en ligne les meubles. Après tout, je m'en fiche de son approbation.

" Je plaisantais, allons dîner. "

" Non merci. " lancé-je en lui offrant un regard désapprobateur.

" Chérie, ne me fais pas la tête. "

Je tente de garder un faciès impassible, mais intérieurement, je brûle de colère et de désir.

Comme si sa main était un remède, il la pose sur mon épaule et mon corps fond instantanément à son toucher.

Je ne peux plus me battre contre lui, tenter de lui montrer ma désapprobation alors qu'il est si proche.

Conscient que sa présence me déstabilise, il en joue.

Il s'assied sur ma table de travail en bois clair, et sa main longe mon cou pour atterrir sur mes joues qui doivent être rouges en ce moment-même.

" Chérie, viens ici. " ordonne-il d'une voix pourtant douce en indiquant sa cuisse.

Comme désarticulé, totalement étrangère de mon corps, je me pose sur lui.

Son souffle étreint mon cou, ses cheveux caressent ma peau.

Nous sommes assis en petite cuillère et cette position m'enchante particulièrement, c'est comme si nos corps ne faisaient qu'un.

" Tu sais, je loue un petit appartement à six kilomètres d'ici, ça te dirait de venir jeter un coup d'oeil à la décoration ? "

Je hoche la tête pour lui faire comprendre que j'approuve. Je serais prête à tout pour faire durer l'instant, jusqu'à m'immiscer chez lui.

" On va bien s'amuser tout les deux, chérie. " affirme-t-il en emprisonnant de ses lèvres mon lobe d'oreille.

Je me liquéfie littéralement. Si cette table était un lit, je me serais déjà empalée sur son membre dure depuis un petit moment.

" Six kilomètres, c'est loin. " me plaigné-je en m'attaquant à sa cravatte.

Mes doigts sont tatillon, c'est si difficile de défaire un nœud dans la hâte. Alors que je m'affère à la tache, ses mains me bloquent.

" Six kilomètres, c'est six minutes. Tu attendras bien ça, n'est ce pas chérie ? "

adepte. | h.sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant