Prologue

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L'homme referma le dossier et soupira. Encore un cas compliqué. Encore un malade mental. On a beau en croiser tous les jours, on ne s'habitue pas à ce genre de choses. Jamais. « Encore heureux » pense-t-il. Et pourtant, ce cas l'intrigue. Ce jeune garçon à quelque chose que les autres n'ont pas. L'homme jette un coup d'œil à la photo jointe avec le dossier ; deux grands yeux verts qui le fixent et ne le lâchent pas, c'est ce que l'homme voit en premier. L'homme contemple ces yeux, plonge entièrement à l'intérieur pour y déceler la moindre trace de folie. Rien. Le jeune n'a en aucun cas l'air d'un psychopathe ; mais qui sait ce qui se cache derrière une simple photo d'identité ...

Toc toc

L'homme sursaute.


– Tch.


Il déteste par-dessus tout qu'on l'interrompe lorsque qu'il réfléchit. La poignée s'abaisse et la porte s'entrouvre. Une seul personne a le cran de rentrer dans ce bureau sans l'autorisation de son propriétaire.


– Smith.


Un homme blond s'engouffre dans le bureau. Il est grand et musclé, le genre d'homme auquel on ne cherche pas d'ennuis. Ses sourcils épais lui donnent un air sévère, pourtant son sourire rend son visage doux comme du coton. Quelqu'un de très apprécié par la gente féminine, de toute évidence. Après un moment de flottement, le dénommé Smith prend enfin la parole :


– Excuse-moi de te déranger, Ackerman, mais la police vient d'arriver, comme prévu. Et ils n'ont pas l'air d'être très patients. 

– J'arrive.

– Ok. Mais ne mets pas trop de temps, la direction va finir par te tomber dessus. Tu n'es pas sans savoir que cette affaire est très importante pour eux et que ... 

– Je sais.

– Très bien. Je te laisse alors.


Sur ces mots, Smith referma la porte, laissant place à un grand silence. Ackerman soupira de nouveau. La police. Elle était là pour l'escorter jusqu'à son prochain patient, jugé trop dangereux. Un rire ironique résonna. Lui, le grand Docteur Ackerman, reconnu dans le monde entier et dont la réputation n'était plus à faire, qui, en 15 ans de carrière, avait vu des milliers et des milliers de cas de folie et de psychopathie différents, s'était vu imposé une misérable escorte policière. De plus, cette dernière était sans doute aussi efficace qu'un gang de 5 gosses de maternelle. Il avait largement la force de protéger ce gamin tout seul. Il releva la tête, les yeux remplis de frustration. Il connaissait la vraie raison de cette escorte, et elle ne lui convenait pas plus. Il avait fait ses propres recherches sur son futur cas, et il s'avérait que, bien qu'ayant tout juste la quinzaine, il était l'héritier unique d'une des plus grandes familles du Japon, les Jaeger. Une organisation mafieuse commettant tous les crimes possibles. Le Docteur avait déjà eu affaire à des rescapés de séances de torture qui avaient souvent lieues entre les différents clans. Pas jolis à voir, ni à entendre d'ailleurs. Tout ça pour dire que ce gosse avait surement sa tête mise à prix dans tous les quartiers malfamés du coin, et que Ackerman ne serait pas étonnés que la moitié des policiers chargés de ce cas soit en fait des espions des clans ennemis. 

Mais ça, il s'en foutait.                                                                                                                                                                

Ce qui le dérangerai, ce serai que l'on tue son patient pendant sa thérapie. S'il y a bien une chose qu'il déteste, c'est de ne pas arriver à soigner son patient. Ça ne lui était arrivé que de rares fois, lorsque le patient était vraiment trop fou et, le plus souvent, ces patients-là finissaient par décéder des causes de leur folie. C'est vous dire à quel point ces cas étaient extrêmes.                                                   

Alors il se l'était juré, rien que pour sa fierté personnelle :

«Personne ne touchera à ce gamin tant qu'il ne sera pas sain d'esprit.»











My DoctorWhere stories live. Discover now