Chapitre 1 : Verrous

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Le déclic d'un verrou. Puis un deuxième. Puis un troisième.

La porte blindée s'ouvre lentement. Un homme pénètre dans la chambre, sans prendre compte du panneau accroché sur la porte : Attention, individu dangereux.  «Il y aurait marqué psychopathe fou furieux que ça me ferai le même effet» pense alors l'homme. Vous savez, quand on croise la même chose tous les jours, on finit par s'y habituer. Or cela devait faire la 52ème fois que cet homme pénétrait dans cette chambre. Il fait sombre, mais la lumière s'allume vite. La chambre est vide, enfin presque : un unique lit à sangles trône au milieu. L'homme en blouse blanche sent une sueur froide lui descendre le long de la colonne vertébrale. Cette chambre lui fiche la chair de poule. Peu importe le nombre de fois qu'il en entrera, la pitié qu'il ressent pour celui qui est cloitré dedans sera toujours aussi grande. Une aura malsaine se dégage de ce lit, lui criant de ne pas s'approcher ; mais le boulot, c'est le boulot. D'un pas faussement assuré, l'infirmier -car c'est le grade que l'on peut lire sur son badge- s'approche du bord du lit. Il penche la tête pour observer le jeune garçon attaché dessus ; ce dernier a dans les 15 ans, est plutôt grand et possède des cheveux châtains. L'infirmier sourit chaleureusement ; il côtoie ce jeune homme tous les jours, et sait à quel point il est rare de le voir ainsi. Le garçon semble dormir paisiblement, plongé de on ne sait quel rêve. Mais pourtant, sans crier gare, une larme silencieuse vient rouler le long de sa joue, témoignage d'une âme troublée qu'elle ne laisse croire. Un murmure s'élève dans la pièce, brisant le silence. Un chuchotement infime, qui serait imperceptible sans le mouvement de ces lèvres. Les larmes continues d'affluer, sans aucun changement d'expression de la part de leur propriétaire. L'infirmier tendit l'oreille, méfiant. Malgré cela, il n'arrivait toujours pas à comprendre ce que le plus jeune semblait vouloir exprimer.


– Eren ? Tu es réveillé ?...


Sa voix se brisa vers la fin de la phrase ; l'ambiance se voulait plutôt glauque. Eren stoppa toutes paroles, et le silence revint, encore plus glaçant que le précèdent. Il était tel que l'infirmier dû vérifier si Eren respirait encore, en collant son oreille à la bouche fine et rosée du châtain. Le souffle était faible, mais bien présent. L'homme en blouse blanche se mit à faire les cent pas, tout en réfléchissant. Eren n'avait jamais parlé dans son sommeil, et ce n'est pas un comportement que l'on acquiert du jour au lendemain. Soudainement, le murmure reprend, plus fort que le précédent. L'homme s'approche. À quelques pas du lit, le murmure se fait plus clair, plus distinct. On peut enfin en comprendre les paroles.

Tu vas mourir, sale monstre ...

L'homme pousse un cri et recule de plusieurs pas, la main posée sur le taser dans sa poche, prêt à dégainer. Non, il a dû mal comprendre. «Pas étonnant que l'ambiance soit malsaine» pense-t-il, en essayant de calmer son muscle cardiaque ; il remarque que le garçon a les yeux grand ouvert, et fixe le plafond d'un air indescriptible. Le cri poussé auparavant l'a surement réveillé. L'infirmier se rapproche de nouveau du lit et, au moment où il ouvre la bouche, le garçon lui coupe la parole :


– J'ai fait un cauchemar, Jérémie. Je suis sûr que c'est à cause de cette chambre. Je n'aime pas les chambres trop blanches. Dit-il d'un ton froid. 

 – La plupart des chambres d'hôpitaux sont blanches, mais celle-ci fait particulièrement mal aux yeux c'est vrai, remarque le dénommé Jérémie, tout en essayant de prendre le ton le plus naturel possible. Et ce cauchemar, tu veux en parler ?

My DoctorWhere stories live. Discover now