Ces deux dernières semaines auront été les plus longues de ma vie. M'étant fait formellement interdit de sortir de mon lit, mon ennui grandissant me donnait presque le goût de m'arracher les cheveux. Le soleil, dehors, couvrait le village d'une chaleur insupportable. Couverte de sueur, mon corps était incapable de faire quoi que ce soit. Obstinée de nature, j'utilisais le reste de mes forces pour me lever, puis ouvrir l'une des fenêtres. Dans mon second élan pour ouvrir la suivante, je remarquait qu'une boîte bloquait mon chemin. C'est donc à ce moment précis que j'eus réalisée, lorsque mon gros orteil heurta violemment la boîte, que ma gaucheté finira par me mener à ma perte.
Un Parish fatigué se tenait dans le cadre de la porte d'entrée me regardant avec curiosité.
-Besoin d'aide?
Rouge de honte, je soupirais.
-Je n'avais pas vu que la boîte était pleine, me défendais-je.
-J'imagine que c'est ce qui s'est passé, me répondit-il moqueur. Je t'ai apporté de quoi te mettre dans la gosier, si jamais la faim t'interpelle.
-Quelle belle attention! m'exclamais-je en me frottant les mains. J'étais effectivement à veille de ramper jusqu'à toi pour plaider la faim.
Celui-ci roula des yeux et me couvrit d'une couverture chaude, me faisant un sourire se voulant réconfortant.
-Évite de faire trop de grabuge, les gens ici sont tarés.
***
Je jouais avec un petit garçon, pas le miens bien-sûr, mais l'avoir dans mes bras m'apaisais et me faisais oublier à quel point je me sentais seule dans ma pitoyable vie. Penser à tout cela me faisais tourner la tête! J'étais épuisée de tous ces problèmes, que ce soit ... La gente masculine qui me faisais exploser les hormones, ou bien mes premières règles que je n'avais toujours pas et qui me faisais impascienter. De nombreux mois à m'appuyer sur le même tronc, à analyser chaque information nouvelle et à essayer de comprendre les mêmes sensations de déjà-vu que je ressentais régulièrement. Le monde a-t-il toujours été ainsi? Les arbres ont-il toujours été aussi gigantesques? Pourquoi suis-je autant prise de présentiments étranges comme si le doute nourrissait la possible présence de vieux souvenirs enfouis au fond de ma mémoire stérile.
Je me souviens vaguement de ce que j'ai été avant tout ça, avant que je ne devienne ce que je suis aujourd'hui. Ce qui est bizarre, c'est que je me souviens de moi, mais pas des gens que j'ai connus avant ça. Je me souviens de mon prénom, mon âge, la couleur de mes yeux, et pleins de détails ou d'informations personnelles aussi inimportantes soient-elles. Depuis déjà deux ou trois ans que je suis à la recherche de mon fameux "passé" si l'on pourrait dire. Toutefois, le plus perturbant selon moi, c'est de la façon dont les autres me regardent. Comme un homme nu qui se promènerait dans un parc d'enfants. Sauf que dans la réalité, je suis cet homme, les enfants, des êtres masculins surprotéinés, et les génitrices... des femmes en pleine période d'ovulation. Bref, je sais que je fais plus que mon âge, mais bon, qu'ils fassent ce qu'ils leur chante, l'intérêt n'y ai pas plus que ça, ne priant que paix et sérénité à mon égal. Ceci dit, tant qu'ils ne dépassent pas les bornes.
Une jeune fille vint vers moi et m'aida à me relever. Elle me tenu la main et je la suivais. Nous marchions entre les petites cabanes en bois qui leur servaient de maison, puis nous nous rendâmes jusqu'à une clairière située au pied du Mont-Beaudelaire. Un rassemblement d'adolescents et de jeunes adultes était positionné en cercle. Parish, lui, était au centre de l'attention en train de leur dire je ne savais trop quoi.
Il devait avoir senti ma présence, car il s'arrêta de parler pour se retourner face à moi.-Je t'attendais Esmée. Viens, joints-toi à nous.
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Contre Nature
ParanormalJe me suis réveillée dans un bois, la jambe lacérée et mon corps recouvert d'équimoses. Mes souvenirs sont flous et incertains, des cauchemars me rappelant un passé auquel je ne pense être propriétaire, tandis que je nage dans le noir total, démunie...