Chapitre 1

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La vie est un moment où chaque être vivant, se développe à partir d'un tout unique et évolutif qui se dicte par leurs instincts. Ceux-ci ne sont pas que des carcasses de chair vides. Ils ont une conscience. Ainsi, dans chacune d'elles existe une personnalité où chacun se définit. Nul n'est pareil. Pourtant, dès la naissance, on leur apprend à évoluer dans un moule imaginaire, puis à suivre une voie préécrite selon les affirmations puériles de meneurs infantiles. Les abusifs du pouvoir leur bourrent le crâne d'illusions et de promesses dérisoires, affinant ainsi leur production de parfaits petits pantins...

Alors que tout fonctionne par la force pour le pouvoir et la peur pour le contrôle, les humains apprennent à devenir plus fort, à écraser les plus faibles et à rester égaux à leurs strictes règles. Telle une vague épidémique mortelle, ils infectionnent notre terre fertile et s'occupent de faire taire les trop exaltés. Protégés d'un filtre de discrétion, ces impudents agissent par intérêt et offrent déni à leurs nombreux "sujets".
Plus cruel encore; leurs mains sales finiront toujours, à un moment où un autre, par vous tuer. Ils sont cruels ces humains. Ils emprisonnent, expérimentent, abusent, torturent, jugent, profitent, laissent, reprennent et pour finir, oublient. Pendant d'innombrables siècles, il s'est fait la même chose en boucle, emprisonnant les esprits les plus démunis dans leur cercle vicieux d'agonie. Les mêmes actions, toujours les mêmes paroles, sauf que les pensées changent. Les gens changent. Et si les gens changent, tout ce qui nous entoure le fait lui aussi, d'une manière ou d'une autre.


Ma vie, elle, changera du tout au tout lorsque j'apprendrais son véritable sens. Car pour l'instant, elle ne fait que se foutre en l'air par des choses sans aucunes importances, des choses que je me serais bien passée, merci.

"Un vrai merdier n'est-ce pas?"

***

J'avais froid. Le vent glacial de l'extérieur me rongeait la peau jusqu'aux os. Une moue de dégoût se formait sur mon visage d'adolescente, en sentant le sol bouetteux et humide sur lequel mon corps était étendu. Je relevais la tête puis essuya péniblement la saleté sur mon visage du dos de la main. Je me remis -tentant à plusieurs reprises- sur pied. Je me m'appuyai sur un arbre, puis jusque là tout allait bien. Ce, jusqu'à ce que mon pied fasse un bruit à me faire lever le cœur, ressemblant à un craquement, et que la béante blessure sur ma cuisse droite ne me fasse lâcher une plainte en saignant plus que ce qu'elle ne faisait déjà. Je me trouvais dans une forêt à environ la fin d'après-midi et ce ne fût qu'à ce moment-là que mon cerveau se mit en marche.

- "Bordel de dieu d'merde, où est-ce que j'me trouve!"

Prise d'une courte crise de panique, mon coeur se mit à débattre. Tout ce que je me souvenais, c'était de qui j'étais, en partie. Noyée dans le stress total, ma tête surchauffait, n'étant pas assez lucide pour soutenir la surcharge d'informations. Je ne savais même plus en quelle année nous étions. Un soudain mauvais pressentiment me pris. Je regardais nerveusement autour de moi à travers les grands conifères, puis décida -tout en bouettant- de commencer à marcher.

J'avançais, mettant un pied en avant de l'autre à chaque pas. La blessure de ma cuisse droite s'allongeant du milieu de ma cuisse jusqu'à mon genou, me faisais un mal de chien, alors que j'essayais de marcher normalement sans trop appuyer sur ma jambe. Je devais me rendre à un endroit où je serais en sécurité au plus vite. Titubant tel un ivrogne, j'empruntais un chemin terreux, celui menant vers un village dont la direction était inscrite sur une vieille planche de bois pourrite clouée sur un arbre.


"Pourquoi je ne me souviens de rien?"

***

Arrivée à l'entrée du village, mon pied s'accrocha à une racine, cachée par des herbes hautes et des broussailles. Mon corps perdit l'équilibre et heurta douloureusement le sol à l'endroit même de ma blessure. L'entaille dans ma peau me purgea d'une onde de douleur et mon visage blêmis. Des sueurs froides vinrent m'assaillir et ma vue s'embua. Alerté par mes cris d'agonie, un garçon s'approcha de moi précautionneusement. Je le vis s'accroupir, puis déchirer rapidement le bas de son chandail pas très propre. De mon regard larmoyant, je l'observa faire, trop faible pour protester. Progressivement, de petites taches noires commencèrent à me recouvrir la vue.

Il enroula le morceau de tissu autour de ma blessure et fit un nœu serré essayant ainsi de stoper l'hémorragie. Le jeune adulte mit sa main sous mes genous, l'autre dans mon dos, puis me porta dans ses bras. Seine et sauve, mes paupières se firent lourdes et ce ne fut que quelques secondes par après que je sombrais dans l'inconscience.

"Dans quel merdier me suis-je donc fourrée?"

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