Je me sentais flotter et légère. Le vent passait dans mes cheveux, les faisant virvolter d'un mouvement répétitif. Je sentais des gouttes de sueur rouler sur ma tampe et mon front. J'ouvris les yeux mais l'aveuglante lumière qu'émane le soleil m'en empêche. Je tentais une seconde tentative en n'ouvrant qu'un seul œil, puis ouvris l'autre essayant de m'habituer à la luminosité. Je relevais un peu la tête qui me sembla très lourde. Je regardais autour de moi pour ensuite poser les yeux sur l'homme de tout à l'heure. Un jeune homme plutôt... Il avait l'air d'avoir cinq ou six ans de plus que moi. Les cheveux court brun, ainsi que des cicatrices un peu partout sur son corps. Je toisais du regard ses yeux d'un vert irréaliste.
Comme le reste du village d'ailleur, il était plutôt pas mal."Trop verts pour être ceux d'un humain."
***
L'homme me déposa sur un petit matelas en mousse couvert par un draps blanc ligné bleu. Il passa par la suite là où nous sommes entrés. Une vieille femme aux pommettes saillantes et aux très long cheveux blancs attachés en une tresse, ayant les mêmes yeux émeraudes étranges que le jeune homme, s'avança vers moi. J'eus un petit mouvement de recul juste avant que la plaie sur ma cuisse ne me fasse lâcher un grognement plaintif.
-Calmez-vous mon enfant, je ne vous veux aucun mal! répondit la vieille femme en faisant une révérence tout en mettant son poing sur sa poitrine.
Elle se redressa pour ensuite me répondre:
-Je voulais vous souhaiter un bon rétablissement, se promener blessée avec tous ces dangers aux alentours n'est pas une très bonne idée! Soyez rassurée que mon petit fils vous ait trouvée! Dans quelques minutes, il reviendra pour soigner vos blessures. Vous pouvez m'appeler Tessa.
"Quels dangers?"
Je lui fis un signe de tête et lui renvoya quand même son sourire, mon esprit étant trop embrouillé pour réfléchir sur cet infime petit détail.
-Sur ce, ma chère.
Elle sourit de plus belle, pour ensuite sortir de la petite maisonnette.
Quelques minutes plus tard, le petit fils de la vieille femme rentra à l'intérieur en me faisant un sourire chaleureux.
-Vous avez pris votre temps dit donc, dis-je les bras croisée et le corps crispée de douleur.
-Vous, vous avez l'air d'avoir bonne mine pour quelqu'un qui s'est plantée aussi spectaculairement, dit-il avec ironie.
Je plissais des yeux.
-Devrais-je prendre cela pour un compliment? dis-je avec une pointe d'agacement.
Il commença à rire. Un rire magnifique semble-t-il. Je me suis mise par la suite à lever les yeux au ciel.
-Enfin bref, ils sont où ces médicaments? dis-je en me massant l'arrête du nez pour essayer de faire passer ce fichu mal de tête.
-Cessez d'être désagréable! Si vous voulez quelque chose, il va falloir faire un échange équitable, dit-il en fronçant des sourcils.
-Que suis-je bête, évidemment que quelqu'un d'aussi aimable que vous... Enfin bref, qu'est-ce que vous voulez? répondis-je impatiemment.
-Ici, quand l'on donne, on rend. C'est aussi simple que ça, dit-il en soupirant.
Mon sourcil ossilla.
-Pour l'instant, vous resterez sagement ici jusqu'à ce que votre blessure ciquatrise, dit-il en s'approchant de moi.
Il posa la boîte de carton qu'il tenait il y a peu, puis en sorti une bouteille contenant un liquide incolor et translucide.
Voyant que je me bouchais le nez, le jeune homme se mit à afficher un sourire satisfait.
-C'est quoi ce truc qui pue!
-Ça s'appelle de l'alcool. Je l'ai trouvé dans une vieille baraque toute pourrie. Ils s'en servent pour la désinfection des blessures.
-Attend, tu as quoi? dis-je en m'étouffant.
-Il y a pas eu un chat ça fait un bail, donc j'en ai profité. Ses habitants humains étaient absents.
Je m'en moque un peu, vu que dès qu'il prononça le mot "humain", mon cœur fit un énorme bond dans ma poitrine et une boule s'y était formé depuis. Ce qui est le plus ridicule, c'est que nous sommes des humains, non? C'est comme si entendre ce mot me donnait ce genre de sentiment inconfortable.
-Comme tu le sais, les humains possèdent du matériel beaucoup plus avancé que nous. C'est pourquoi je me suis dis que leur piquer un peu de matériel ne ferait de mal à personne, juste quelques médicaments. À tous les lundis, quand les humains partent et s'absentent, la plupart des maisons sont vides, alors les jeunes comme nous vont chercher des vivres, que ce soit de la nourriture, des médicaments, des outils ou d'autres trucs utiles. De toute façon, tant qu'on ne se fait pas prendre, personne ne s'en rendra compte. Nous connaissons les risques, même si oui, ces missions peuvent s'avérer dangereuses, dit-il en croisant les bras, toujours la petite bouteille d'alcool en main.
-Mais t'es complètement fou ou quoi! Tu imagines si tu te faisais prendre? C'est toujours risqué de faire ce genre de choses, et ça ne se fait pas!
Il reprit un peu plus calme;
-J'essaie de te dire que si l'un de nous, se fait surprendre, ou encore capturer par ces enfoirés de scientifiques ou hauts placés, nous serons enfermés comme des bêtes. Le gouvernement s'assurent toujours de récupérer deux sexes opposés de nature différentes entre quatre murs, une pièce sans porte, ni fenêtre. Ils étudient les sangs-purs, car ils sont plus dangereux que les sangs-mêlés. Ceux-ci sont beaucoup plus puissant que deux espèces différentes qui fusionnent leurs capacités en se liant. Un peu comme un pacte.
-En se liant? dis-je incertaine.
-Ils les forces à se reproduire contre leur gré. La plus part du temps. En bref, c'est ce qui donne un enfant plus puissant. C'est pourquoi, ils s'intéressent aux sur-espèces. Plusieurs clans ont également été dissous dût à la captivité et encore certains sont dit "domestiqués". C'est pour éviter que les sangs-purs ne deviennent trop incontrôlables, tu comprends? De plus, ils sont également à la recherche d'espèces plus rares, afin qu'ils puissent en faire d'autres pour la continuation de leurs recherches. En gros, ils nous traitent comme des animaux.
Tâchons de ne pas poser trop de questions. Ça sens le malaise.
-Sommes-nous obligés de vivres de cette manière? Pourquoi nous traitent-ils ainsi...
Il passa négligemment la main dans ses cheveux de jaie, puis souffla un coup avant de me répondre d'un air sombre:
-Nous ne sommes pas humains, petite.
-Que veux-tu dire par; nous ne sommes pas humains?
-Dis donc, que faisais-tu avant d'arriver ici? J'ai comme l'impression que tu ne comprends pas la réalité dans laquelle nous nous trouvons, je me trompe?
-Oui, tu m'étonnes, soupirais-je, j'ai l'impression d'avoir dormi durant plusieurs années.
Il me sourit tendrement, puis promis de m'enseigner les règles et les bases de survie.
Il sorti un fil et une aiguille, puis cousu la plaie de ma jambe avec beaucoup de dextérité.
-Pose ta jambe ici, dit-il en tapotant sur sa jambe.
Il enroula un rouleau de tissus autour de ma cuisse et attacha le tout avec une épingle. Il se releva pour s'agenouiller devant moi, me prit la main et embrassa délicatement celle-ci.
-Je vous demande pardon jeune dame, je ne me suis toujours pas présenté. Je suis Damocles Parish, gardien du village, mais appellez-moi Parish si vous n'en voyez point d'inconvénients.
-Je te remercie pour tes soins Parish. Je m'appelle Esmée, ravie de te rencontrer, dis-je le visage aussi rouge qu'un homard.
"Des humains? Mais nous sommes bien des humains, non?
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Contre Nature
ParanormalJe me suis réveillée dans un bois, la jambe lacérée et mon corps recouvert d'équimoses. Mes souvenirs sont flous et incertains, des cauchemars me rappelant un passé auquel je ne pense être propriétaire, tandis que je nage dans le noir total, démunie...