- Je suis rentré ! criais-je en déposant mes affaires dans l'entrée, avant d'ôter manteau, gants et écharpe en chemin. Comme personne ne me répondis, j'allais dans la cuisine. Tout était noir.
J'allumais et trouvais sur la table une lettre rédigée à la main, seule trace d'une ancienne présence dans mon appartement silencieux. Immédiatement, je pris peur.Mon cher Elias, disait-elle, nous avions décidé lorsque tu m'as proposé de vivre avec toi que notre relation demeureraient platonique et que nous ne parlerions plus de ceci avant que cette affaire ne soit réglée. Tu as tenu parole, et je t'en suis infiniment reconnaissante. Mais tu mérites de connaître la vérité. Ne proteste pas, ...
J'interrompis ma lecture, amusé. Elle me connaissait si bien.
... c'est la moindre des choses, et une bien maigre compensation pour tout ce que tu as fait pour moi. Alors la vérité, la voilà : Romuald et moi étions fiancés, destinés à nous marier dans les années à venir, et ce pour mon plus grand bonheur. Nous vivions ensemble dans ce même appartement, et y passions des jours heureux. Du moins, avant qu'il ne se volatilise sans raison. Comme ça, du jour au lendemain, sans laisser la moindre trace derrière lui. Je l'ai attendu quatre ans, quatre longues années seule et sans explication, perdue, malheureuse, dégoutée, et tellement d'autres choses encore. Puis enfin, au bout de la dernière, j'ai compris que je m'étais remise de sa disparition. J'ai fais le ménage dans ma vie, au propre comme au figuré. J'ai recommencé à vivre, à être heureuse, à sortir, à faire attention aux gens, et surtout à moi-même. Je voulais être séduisante, aimer et être aimée de nouveau. C'était un moindre mal, après tout ce temps à attendre son retour !
C'est à cette époque que tu m'as remarquée, et j'ai dû faire de même quelques temps après. Tu n'étais pas très discret, tu sais.J'imaginais sans mal son rire léger, certains qu'il avait retenti à l'instant où elle avait gravé ces mots, et mon sourire se fit un peu plus grand.
Tu paraissais fasciné par moi ! Et secrètement, j'espérais que ce soit le cas. J'ai profité de tes absences pour aller lire ton nom au bas de ton immeuble, pour décortiquer ton appartement la journée quand tu laissais les rideaux ouverts. Sans même m'en rendre compte, j'apprenais par coeur la moindre de tes habitudes, de tes préférences culinaires à tes horaires de travail, dont les fins de mois sont les plus chargées. Je voulais savoir absolument tout de toi.
Touché, je m'arrêtais un instant pour reprendre mon souffle, étourdi de ces révélations.
Grâce à toi, j'ai redécouvert l'espoir, et l'excitation abominable que l'on ressent lorsqu'on expérimente l'amour. C'était une renaissance.
Tu es le miracle qui m'a permis de reprendre pied dans ma propre vie, de redevenir active et non rester cette spectatrice passive que j'avais été. Tu m'as sauvée, Elias, véritablement.Je dus m'interrompre une nouvelle fois, les larmes qui perlaient au coin de mes paupières m'empêchant de lire correctement. Lorsque leur menace se fut éloignée, j'inspirais un grand coup et repris ma lecture :
Jamais je n'aurais songé au fait qu'il puisse revenir, et encore moins que cela se produise réellement. Il avait toujours un double des clefs, que je n'avais pas changées, évidemment.
Comment aurais-je pu imaginer ?
Loin d'être particulierèment heureuse, à son retour, j'ai surtout demandé des explications. Il ne m'en a pas donné une seule, me faisant juste savoir qu'il n'était pas particulierèment enchanté de ma réaction. Il a voulu fêter cela dignement, à sa manière.
Il avait tellement changé ...
Cet être n'avait plus rien en lui de semblable à l'homme doux et amusant que j'avais connu !La suite, tu la connais.
Malgré tout, j'ai fais des recherches de mon côté plus tard. Je voulais savoir ce qu'il me refusait. Et donc, pendant tout ce temps, il vivait chez une femme. Qui l'a foutu dehors au bout d'un certains nombre d'années, probablement à cause de ce qu'il était devenu.
Tant d'années gâchées par sa faute ... Dans l'expectative du retour de ce sale type ...
Mais venons-en au véritable but de cette lettre : j'ai conclu la vente la semaine dernière, et les acheteurs ont emménagé ce matin, en même temps qu'avait lieu la transaction.
Elias chéri, j'ai vendu mon appartement !
Fou de joie, je me relevais la lettre à la main avant de remarquer le filet de lumière provenant de ma chambre. Mon angoisse/excitation augmenta d'un cran, et mon souffle se fit rauque. Je tournais lentement la poignée, et demeurais muet, paralysé de bonheur.
Saskia me faisait face, heureuse comme jamais. Elle était rayonnante, irradiant la joie à tel point que je ne remarquais pas tout de suite, stupéfié par sa beauté.
Ce n'est qu'en la prenant dans mes bras pour la serrer contre moi/la faire tournoyer dans les airs/l'embrasser follement que je le remarquais.
Son fameux kimono vert.
VOUS LISEZ
Les voisins
Short StoryDeux baies vitrées quasiment l'une en face de l'autre, une voisine un peu trop naïve, et une attirance ... Irrésistible. - Je t'en supplie, ne dis rien, je vais appeler les secours. Cherchant précipitamment mon portable, je composais le numéro quand...