Chapitre 3

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" Le baiser frappe comme la foudre,

l'amour passe comme un orage,

puis la vie,

de nouveau,

se calme le ciel,

et recommence ainsi qu'avant."

Guy de Maupassant.


Le lendemain soir, j'ai beaucoup de mal à m'endormir, une nouvelle fois. Les insomnies occupent désormais une grande partie de ma vie.

Je me sens vide, me répétant sans cesse les notes que je devrais effectuer le lendemain... Enfin non, dans exactement 6 heures. Il est 4 heures du matin, et je n'ai pas fermé les yeux une seule fois.

Et je repense à la fille de mon rêve, la jolie blonde. Sera-t-elle là ? Se moquera-t-elle de moi, de mon interprétation ?

Je décide enfin de me lever pour choisir ma tenue. Devrais-je m'habiller décontracté ou élégant ?
Et si je rencontrais une jolie fille ?

Et si mes parents venaient ?

Je ris immédiatement de cette pensée : mes parents ne viendraient pas, évidemment. C'était idiot. Ils ne savent même pas que je participe à un atelier, comment pourraient-ils savoir que j'ai une représentation demain ?

Je passe une chemise blanche et un pantalon noir. Je n'ai pas eu la force de me regarder dans le mirroir, alors je ne sais pas trop à quoi je ressemble.

J'ai terriblement envie de jouer ma chanson encore et encore, pour être sûr de ne pas faire d'erreurs. Seulement, mes parents dorment. Alors je dois attendre.

Vers 5 heures, je commence une folle aventure : descendre les escaliers, trouver la cuisine, faire silencieusement un café.

Ce que je réussis brièvement.

Quand j'entends mes parents se lever, je retourne immédiatement dans ma chambre : je ne veux pas les voir ce matin.

Puis, je pars. J'arriverai en avance, mais au moins, s'il n'y a personne, j'aurais la chance de réviser.

Il fait encore nuit lorsque je pars, il fait froid. Je regrette de n'avoir qu'une chemise : je vais être malade pendant au moins deux semaines.

Je marche un peu plus vite, et finit par arriver. Le portail est déjà ouvert, mais il n'y a personne.

Je monte trois escaliers et arrive dans la salle. Je toque, aucune réponse. J'abaisse la poignée et la porte s'ouvre. La pièce est vide ; enfin, de gens. J'appuis sur l'interrupteur, qui éclaire seulement le devant du tableau.

Au millieu de la salle, il y a un grand et magnifique piano. Il y a un vieux tableau noir avec des craies blanches. Sur le côté, en longueur contre le mûr, une table avec de l'argile. En face, la même avec du papier et de la peinture.

Puis au fond de la salle, il y a divers matériel, que je ne prends pas le temps d'analyser.

Je m'assois hâtivement au piano. Il est vraiment magnifique, beaucoup plus beau que le mien.

Pour la énième fois, je commence à jouer le morceau, sans chanter.

Lorsque je le finis, j'entends un bruit au fond de la pièce. Je sursaute et appuis maladroitement sur une touche : la note résonne.
Je me lève.

La mélodie de ma souffrance.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant