Rêve de loup

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Stranger in a strange land - 30 Seconds To Mars

Un jeune gamin courait à travers le zoo en poussant des cris stridents, un ballon gonflable dans la main droite.
Il s'arrêtait de temps à autre pour jeter un rapide coup d'œil aux kangourous, zèbres et autres lémuriens, sans vraiment d'y intéresser. Il voulait voir des animaux dangereux, des lions ou encore des tigres.

L'enfant finit par apercevoir ce qu'il cherchait. Il s'approcha doucement de l'enclos, la bouche entrouverte. Il savait lire depuis peu, et il récita fièrement les inscriptions sur la pancarte.

"Akera, Loup gris d'Europe, 2 ans, originaire des Alpes maritimes.
Arrivé au zoo il y a 6 mois."

Les loups, c'étaient dangereux. Ils mangeaient les hommes, comme dans Le Petit Chaperon Rouge, pensait-il.

- Salut, Akera !

L'animal, allongé entre deux arbres, le fixait intensément, ses yeux orangés brillant à la lumière du soleil.
"Je vais te manger, toi aussi" semblait-il lui dire.

L'enfant frissonna, à la fois émerveillé et effrayé. Perdu dans les yeux de l'animal, il laissa s'envoler son ballon. Il hésita un court instant, partagé entre son ballon et le loup, puis se remis finalement à hurler pour appeler des parents.
Le loup agita ses oreilles et grogna, agacé. Le gamin se mit à hurler de plus belle, et l'animal se leva, les babines retroussées, le poil hérissé. Il s'approcha du petit, qui passa une main à travers la clôture pour le caresser.

- Tu t'appelles comme le loup dans Mowgli, rigolait le petit.

Akera grogna, et évita la main du garçon. L'enfant insistait, et le loup fini par céder.
Quand les parents du gamin arrivèrent enfin, il caressait doucement le bel animal et se remit à les appeler :

- MAMAN REGARDE !!!! JE PEUX CARESSER UN LOUP !!!!!

La mère du petit n'eut pas le temps de dire un mot, le loup, énervé par les hurlements de l'enfant, mordit la main qu'il tendait avec rage.
Le petit hurla de douleur, sans comprendre ce qui lui arrivait. Tout autour de lui, les visiteurs horrifiés criaient et appelaient à l'aide. Certains attrapèrent des branches tombées à terre et frappaient Akera en hurlant. Le loup lâcha prise et bondit, furieux, claquant des dents, tentant vainement de mordre tout ce qui pouvait dépasser du grillage qui le séparait de ses opposants.

Le personnel du zoo arriva quelques longues minutes plus tard. Les gens reculaient, peu rassurés. Le gamin avait déjà été évacué ainsi que deux autres personnes s'étant blessés dans l'altercation. Les gardiens donnaient des coups de bâton et arrosaient le loup avec des seaux d'eau en jurant.
L'animal sembla se calmer. Il battait lentement en retraite, la queue entre les pattes. Une fois de l'autre côté de son enclos, il s'allongea, sans perdre la foule du regard.

Un silence pesant s'installa, le temps que l'adrénaline retombe, et peu à peu les gens prirent conscience de ce qui venait de se produire.

- Il faut le tuer, grogna un vieil homme. Il est bien trop dangereux pour rester dans un zoo.

Les visiteurs, sous le choc, approuvèrent lentement.
L'un des gardiens donna l'ordre à la foule de se disperser. Les visiteurs obéirent, peu envieux de rester plus longtemps.
Le loup les regarda partir, haletant. Une fois les touristes partis, un des gardiens, armé d'un grand gourdin, pénétra dans l'enclos. Le loup se redressa, et retroussa les babines, menaçant.
Trois gardiens suivirent le premier.

L'animal tournait en rond, stressé. Les quatre gardiens l'encerclèrent, gourdin à la main. Trois autres gardaient l'entrée de l'enclos fermée. Le loup grogna, les oreilles aplatis en arrière.
Un des hommes s'approcha. L'animal le laissa faire, en attendant son moment.
Lorsqu'il fut assez près, Akera bondit en avant, surprenant le gardien qui tomba en arrière. Le loup courut vers l'endroit où il avait mordu l'enfant. La clôtures y état abîmée à cause des coups qu'elle avait subie, et l'animal n'eut aucun mal à l'escalader.

Une fois libre, le loup courut le plus loin possible des gardiens qui l'avaient pris en chasse. Ils hurlaient aux visiteurs restant d'évacuer le zoo, installant malgré eux une panique incontrôlable.
Tous le monde fuyait, pour certains sans même savoir pourquoi, et Akera n'eut qu'à les suivre pour regagner la sortie de sa prison, en trottinant gaiement.

Une fois sorti, le loup s'enfonça dans la forêt qui bordait le parc, heureux de retrouver sa liberté, loin du bruit, des clôtures et des hommes qui le regardaient depuis leurs voitures, comme si ils s'étaient eux-mêmes mis en cage face à un pauvre animal.

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