Neverland

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Lost Boy - Ruth B

Quand on m'a dit que j'étais devenu un enfant perdu, j'ai ri. J'ai ri parce que pour être perdu, il faut qu'à un moment on se soit trouvé sur chemin. J'ai toujours couru à travers champs, je n'ai jamais suivi de route, simplement parce que je n'en voulais pas. J'ai répondu que j'étais un vagabond, pas un perdu.
C'est l'autre qui a ri. Le perdu.
Il m'a dit que lui était perdu avant d'arriver ici, et qu'il avait plutôt l'impression de s'être trouvé depuis.

On l'appelle le Trouvé, le perdu.
Et on m'appelle le Vagabond.

Neverland est un endroit particulier sous bien des aspects. Ses habitants aussi.
On est quelques milliers. On n'a pas de nom, juste des surnoms. On n'a pas d'âge. On ne ressent pas d'autres sentiments que l'allégresse et la sérénité. On est libres.

Chacun d'entre nous à sa propre histoire. Chacun d'entre nous est arrivé il y a plus ou moins longtemps. Notre point commun, c'est la raison pour laquelle on est ensemble maintenant.
Pour arriver à Neverland, il faut juste le vouloir, il faut y croire et se laisser emporter.
Dans l'Autre Monde, la plupart des gens craignent Neverland. Alors ils n'y vont pas. Personne ne sais où ils vont, d'ailleurs.

Le Trouvé est arrivé à Neverland il y a cent vingt-huit ans. Il ne souvient pas bien de comment, mais il se souvient pourquoi. Il se rappelle d'un homme et d'un couteau. Il se rappelle d'une forêt où il aimait aller. Il se rappelle qu'il rêvait d'un endroit où il se sentirais à sa place, un endroit où la cruauté de l'Autre Monde n'aurais pas sa place.

Moi je me souviens très bien de mon arrivé. C'était il y a vingt-huit jours. Cent ans après le Trouvé. Je me souviens des larmes sur mes joues. Ça me paraît incroyable maintenant, mes yeux sont toujours secs. Je me souviens de la vue du haut de mon immeuble. C'était laid. D'autres immeubles à perte de vue. Des gens maussades qui marchent la tête baissée. Tout était gris. Le monde était gris et triste. Ici, il n'y a ni gratte-ciels, ni personnes moroses. Je me rappelle la sensation quand le toit disparaît sous mes pieds. Mon cœur monter dans ma tête, l'adrénaline, le vent contre mon visage, la perte de contrôle de mon corps. Pendant un moment, j'ai même pensé que je volais. Je sais que ma chute n'a durée que quelques secondes, pourtant elle m'a semblé assez longue pour sourire et penser à ma destination. Un endroit loin du bruit, des gens et des immeubles gris.
Je n'ai même pas senti le choc. J'ai atterri, mon corps est mort. Mon esprit à suivi mes dernières pensés et je suis parti vers Neverland.

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