Chapitre 1 : un départ pour une nouvelle vie

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Personne ne m’a accompagnée à l’aéroport. Il se trouve que Maria – celle qui s’est occupée de moi pendant ces 10 dernières années – est également ravie de mon départ. J’ai donc voyagé seule. Dans l’avion, j’ai pu trouver une place près de la fenêtre, isolée des autres passagers. Mais je préfère ça. Je n’ai jamais été très sociable. J’ai toujours ressenti une gêne auprès des gens. Il faut dire que grandir dans la solitude en est parfois la cause. Je n’ai pas l’habitude de me lancer dans des conversations ou du moins me faire des amis. La seule personne avec qui je peux engager une conversation assez longue, c’est Alex. Je lui raconte mes secrets, mes chagrins… et elle écoute comme tout bon psychologue. Elle est un peu comme mon second journal intime. C’est à cause, ou plutôt grâce à ces crises d’angoisse qui m’arrive d’en faire la nuit que je lui rends visite. La première m’est parvenue à mes 7 ans. Depuis ce jour, je continue à la voir chaque samedi. Mais maintenant que je pars, je ne pourrais plus la revoir. Il se peut qu’elle me manque. C’est la seule « amie » que j’ai au Tennessee.

Les passagers sont au complet et l’avion vient de décoller. Le stress commence à monter. Et si chez ma tante je ne me plairais pas ? Après tout, rien ne peut être pire que chez Maria. Mais il est trop tard pour retourner en arrière. Je regarde à travers le hublot et remarque que je n’avais jamais vu de nuages d’aussi près. C’était beau, paisible. On était entré dans un nouvel univers, où le temps semblait ralentir, où l’horizon avait disparu, ce qui rendait le ciel plus vaste encore. Tout était blanc et lumineux. On naviguait dans le paradis. C’est alors que j’ai pensé à la théorie d’Aristote qui décrivait le monde sous la distinction nette de deux autres mondes : celui de la Terre et celui du Ciel. C’est sur cette dernière pensée que j’ai fermé les yeux. A mon réveil, je serai bien loin du Tennessee et de mon passé, je serai arrivé en Floride, la porte d’un tout nouvel avenir. Et dans moins de 5 jours, je vivrai ma première rentrée scolaire et j’en ai hâte !

Nous sommes enfin arrivés ! C’est bien la première fois que j’ai pris l’avion et je dois dire que ce premier vol c’est très bien déroulé. Je suis allée chercher mon sac de bagages comme tous les autres passagers et les ai suivis jusqu’à la sortie – bénie sois ces passagers ! Sans eux je n’aurais jamais trouvé la sortie de cet infernal labyrinthe -. Je dois avouer que je n’ai jamais été très douée pour ce qui est du sens de l’orientation et encore moins dans un lieu aussi  immense que l’aéroport international de Miami.

Moly m’avait assurée qu’elle viendrait me chercher à la sortie. J’ai donc patienté sur l’un des bancs qui se trouvait près de l'entrée de l'aéroport. Je passais le temps à regarder les gens défiler devant moi. Un enfant avait attiré mon attention. Il mangeait une glace sur les épaules d’un homme qui devait sans doute être son père. Il n'arrêtait pas de rire, de ce rire adorable et innocent qu’ont les enfants. Il semblait heureux. J’ai attendu encore un petit moment lorsque quelqu’un a acclamé mon nom. 

- Elinor Jones ! Tu es bien Elinor, Elinor Jones ?

Je m’attendais à voir Moly, mais c’est une fille qui est apparu. Elle était sans doute venue de la part de Moly. Elle s’est avancée vers moi d’un pas rude. Ses cheveux blonds suivaient chaque mouvement de son corps. Ils étaient aussi fins et longs que sa taille. A vue d’œil, elle devait faire 1,75 mètre, plus ou moins. Cette fille avait l’air de sortir tout droit d’un magazine de mode.

Elle s’est arrêtée face à moi et a continué à me regarder de ses grands yeux bleus, en attendant une réponse.

- Euh… Oui c’est bien moi et vous êtes ?  ai-je demandé à mon tour en regardant son sublime visage.

-  Emily Sanders. Mais tu peux me tutoyer après tout on est cousine, a-t-elle dit avec un large sourire éblouissant.

Cette fille aux airs de mannequin était donc ma cousine. Moly ne m’en avait pas parlé, peut-être avait-elle oublié de le préciser. Mais comment a-t-elle put oublier de mentionner l’existence de sa fille dans ses lettres ?

- Bon ! Allez ma cocotte, prend tes bagages. Moly nous attend dans la voiture.

« Ma cocotte » ? C'est bien la première qu'on me surnomme comme ça. Avant j'avais plus l'habitude de : idiote, maladroite,  Elle s’est approchée de la sortie et a attendu que je vienne la rejoindre.

- Alors ? tu viens, a-t-elle dit.

J’ai repensé une dernière fois au Tennessee, puis je suis allée la rejoindre, quittant l’aéroport. C’était le début d’un tout nouveau chapitre pour moi.

Journal d'ElinorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant