Chapter 30: La Confiance, On La Donne Ou On En Abuse

3.3K 126 32
                                    

La curiosité que ressentait Hermione à ce moment-là rivalisait avec un sentiment d'angoisse qui lui mordillait l'estomac, et si Drago n'avait pas été à ses côtés ce soir, elle aurait déjà pris ses jambes à son cou depuis longtemps. Si Drago n'avait pas été à ses côtés ce soir, elle ne serait de toute façon jamais parvenue jusqu'ici, et peut-être aurait-ce été une bonne chose d'ailleurs.
Plantée au centre de l'immense cavité de pierre, Hermione avait presque l'impression que sa respiration résonnait en échos tant le silence était terrifiant. Comme à chaque fois qu'elle voulait s'assurer ne pas être seule à paniquer, elle tourna la tête vers Drago et ne fut pas étonnée de découvrir un visage serein, peut-être même un peu trop à son goût. Mais après tout c'était mieux ainsi, car avoir pour garde du corps quelqu'un d'inquiet n'aurait pas été franchement rassurant. Se pouvait-il qu'il ait peur au fond ? Mais décidait de rester impassible dans le seul but de ne pas l'effrayer d'avantage ? Cela serait étonnant le connaissant, Drago Malefoy semblait ne jamais avoir peur de rien.
Étrangement, elle eut l'envie de lui poser la question. Etant donné qu'il ne lui restait que quelques secondes avant l'arrivée de la Reine, elle ne pourrait plus lui parler avant un bon bout de temps, et cette dernière conversation marquerait le temps d'un court au revoir.
- Tu as peur Malefoy ? souffla-t-elle.
Ce dernier parût un peu surpris par la question, mais tira un petit sourire.- Suis-je vraiment obligé de répondre cette question idiote ?
A l'évidence, la réponse était clairement « non ».
- N'as-tu donc peur de rien ? l'interrogea-t-elle en le fixant intensément.
Il la fixa à son tour et, après quelques secondes de silence, finit par répondre d'un ton grave :
- Non. Si ça ne te concerne pas, alors non, je n'ai peur de rien.
- Je t'effraie ? demanda-t-elle dans un murmure, sentant que la peur de la perdre n'était pas uniquement le sens de sa réponse, mais qu'elle-même reflétait une certaine peur.
La fine couche grise qui vint voiler ses yeux presque bleus indiqua qu'elle avait posé le doigt sur l'une des vraies raisons.
- Pas toi, répondit-il.
- Quoi alors ? voulut-elle savoir.
- Tes mots Hermione, avoua-t-il d'un air sombre. Tes mots sont les seules choses qui m'effraient réellement...
Le débarquement de deux rangées de vampires parfaitement alignées annonça l'entrée de la Reine ainsi que la fin de la discussion, même si Hermione ne put l'écarter de ses pensées pour le moment. La jeune femme observa avec attention les deux lignées qui avançaient vers eux, précédant probablement la Reine. En effet, apparut à leur suite un grand trône de pierre survolant à peine le sol, tout comme les deux vampires qui l'encadraient.
Hermione aperçut alors la Reine des vampires. Elle en resta stupéfiée. Non par sa beauté évidente, toujours avec ces mêmes yeux verts émeraude et cette peau noire comme la nuit, mais par sa taille. Le petit vampire qui se trouvait assis sur ce trône était une enfant qui ne devait pas avoir plus de sept ans.
Malgré sa surprise, Hermione se reprit rapidement et afficha un visage impassible, puisque ne pas dévisager les vampires était l'une des règles universelles. Elle ne sut quelle attitude adopter et préféra baisser les yeux plutôt que de rencontrer ceux de l'enfant.
- Tu ne t'attendais pas à me voir si jeune, n'est-ce pas ? demanda alors la voix enfantine.
Comme chaque fois qu'un vampire lui posait une question, Hermione avait le pressentiment d'un piège. Elle sentait qu'elle ne devait pas la vexer, mais lui mentir serait pire.
- Oui, dit-elle alors, les yeux toujours tournés vers le sol.
- Regarde-moi lorsque tu me parles, ordonna la Reine d'un ton calme mais autoritaire.
Hermione obéit, et leva les yeux vers le petit vampire.
- Tu as faim ? demanda-t-elle.
Jusqu'ici Hermione n'avait pas vraiment eu le temps d'y songer, mais maintenant qu'elle y prêtait attention, un creux se fit dans son estomac, toutefois le stress l'empêcherait d'avaler quoi que ce soit. Pourtant, elle se contenta de répondre à la question initiale :
- Oui, j'ai un peu faim.
- Majesté, rajouta alors Drago pour rectifier l'ignorance de sa partenaire.
- Acceptez d'être mes invités dans ce cas, proposa-t-elle.
- Avec plaisir, répondit Hermione.
La jeune Reine la regarda sans expression, puis lui dit :
- Evitez les formalités plaisantes, sorcière, lorsqu'elles ne sont pas sincères.
Puis son trône pivota sur le côté tandis qu'Hermione restait bouche bée, repassant la scène dans sa tête pour comprendre son erreur. Il ne lui fit pas difficile de saisir que la Reine supposait parfaitement que déjeuner avec des vampires ne se ferait pas pour Hermione « avec plaisir », comme elle venait de le prétendre plus par habitude de politesse que par fausse flatterie. Aussi, Hermione se jura de réfléchir à deux fois avant de sortir le moindre mot désormais. Malheureusement, Majesté ou pas, ce vampire n'échapperait pas à ce qui était pour Hermione, la base d'une entente.
- Excusez-moi, Majesté, tenta-t-elle alors.
Cette dernière se retourna légèrement vers elle, sûrement interloquée de la voir prendre la parole de façon aisée alors qu'elle paraissait pétrifiée.
- Oui ?
- Je m'appelle Hermione Granger, informa-t-elle poliment. Et j'aimerais être appelée ainsi si votre Majesté me l'accorde.
Surprise par tant de franchise, la petite Reine acquiesça.
- Moi je m'appelle Leeyame, dit-elle.
- Ravie de faire enfin votre rencontre, sourit Hermione en s'inclinant légèrement. Et c'est sincère.
- Je sais, je le sens. Allons manger, je meurs de faim.
Réticente, Hermione la suivit néanmoins, accompagnée de son garde du corps. Ils s'installèrent autour d'une longue table de pierre, dont les pieds se fondaient au sol. La Reine Leeyame se plaça tout au bout, toujours assise sur son trône, tandis qu'Inaya se plaçait à sa droite. Les vampires mâles s'éclipsèrent au moment où arrivèrent une dizaine de femelles, tout aussi richement vêtues que leur Reine, avec de longues fourrures et des coiffures élégantes.
- A table ! s'écria une voix familière.
Dowelle débarqua en trombe dans la case, pourtant toujours aussi gracieux. Il fut bientôt suivi de Soane, et Hermione réalisa seulement qu'elle s'était montrée peut-être un peu trop odieuse avec des membres de la famille royale. Azaan n'était pas présent, ni les autres. Alors que Drago allait prendre place à côté de Hermione, Soane se glissa rapidement à ses côtés et se retrouva assis sur la chaise avec un grand sourire joueur. Drago, qui en temps normal ne supportait pas être devancé, se contenta néanmoins de changer de place et, au plus grand désespoir de l'ancienne Gryffondor, en face d'Inaya. Cette dernière ne cacha pas son bonheur et se permit même de jeter un œil satisfait à Hermione.
- Des humains pour déjeuner ? s'exclama joyeusement Dowelle en regardant la seule femme de cette table. Agréable intention Leeyame, mais tout à l'heure celle-ci a régurgité une horreur dont seul les humains sont capables, alors moi je n'y touche pas !
- Tant mieux je me la garde dans ce cas, répondit Soane, content.
- Un peu de tenue, déclara la jeune Reine. Elle est notre invité. Du moins, le temps du repas, nous verrons ensuite...
Hermione cessa de respirer. Tous les vampires sans exceptions éclatèrent de rire devant son visage crispé, et la jeune femme mit un certain temps à comprendre que c'était une plaisanterie. Mais elle ne rit pas avec eux, et garda le silence. Après tout, s'ils aimaient l'honnêteté, elle ne leur cacherait pas longtemps qu'elle trouvait leur humour de très mauvais goût.
Un vampire mâle apparût avec deux assiettes remplies de morceaux de viandes, et alors qu'il déposait devant chacun un morceau de steak de la taille d'un frisbee, il laissa à Hermione et Drago les deux assiettes, ainsi que des couverts. La jeune femme reconnût avec étonnement leur propre vaisselle, celle appartenant à leur abri.
- Vous êtes entré dans notre cabane ? dit-elle en observant son assiette, les sourcils froncés.
Le silence qui lui répondit l'intrigua et Hermione leva la tête avant de croiser les yeux froids de la Reine.
- Cela partait d'une bonne intention, répondit-elle d'une voix glaciale.
- Oh mais je n'en doute pas ! rajouta aussitôt Hermione. Je ne vous reproche absolument rien, croyez-moi.
Mal à l'aise, elle détourna la tête vers Drago. Celui-ci restait impassible, ce qui ne l'aidait pas beaucoup. Apparemment il la laissait à ses problèmes désormais, et n'assumait que sa fonction de garde du corps. Très bien, elle devrait donc se débrouiller sans lui et mettre en avant une qualité qu'il n'avait pas : la sociabilité. Malheureusement, ces créatures n'étaient vraiment pas faciles à déchiffrer, et Hermione avait l'impression de n'avoir fait que des faux pas depuis le début.
Elle jeta un œil à l'énorme viande déposée devant elle, une odeur appétissante s'en dégageait. Seule la sienne et celle de Drago avaient été cuites, ce qu'elle apprécia réellement car même avec tous les efforts du monde, elle n'aurait pas été capable de la manger crue comme eux. Tout le monde attendait patiemment que la Reine commence, ce qu'elle fit sous les yeux impressionnés de la jeune humaine. En effet, ses longs doigts fins saisirent le steak avec habilité, comme si la viande était aussi légère qu'une plume, et l'approchèrent de sa mâchoire dont les dents tranchantes découpèrent la chair aussi facilement que si ça avait été du beurre. Sans prendre la peine de mâcher, le vampire engloutit la moitié du gibier.
Les autres se mirent alors à faire de même, et il n'aurait pas été surprenant que manger la viande en deux fois soit une forme de politesse, car Dowelle fit abstraction de toute civilité et l'engouffra toute entière. Hermione se concentra sur son propre repas en tentant d'ignorer la sauvagerie qui l'entourait. Elle saisit ses couverts et entreprit de couper un petit morceau, avant de le piquer à la fourchette et de l'amener à sa bouche. La viande se révéla exquise, tendre et parfaitement cuite. Un vrai délice.
- Maintenant qu'elle y a goûtée, dit Dowelle en se léchant bruyamment les doigts, on peut lui avouer que c'est de la viande d'humain ?
Hermione recracha brusquement. Une envie de vomir la saisit mais les nouveaux éclats de rire la dissuadèrent de s'énerver.
- Encore une blague, c'est ça ? dit-elle froidement.
- Du cerf, lui glissa Soane en désignant l'assiette du menton.
- C'est hilarant, ne put-elle s'empêcher de répliquer.
- Je rêve où bien cette humaine vient de faire de l'ironie dans un repère de vampires ? dit alors l'une des femelles qu'Hermione ne connaissait pas. Lui a-t-on au moins enseigné les règles de survie la pauvre ?
Elle avait dit ça avec le sourire, et pour une fois Hermione fut contente qu'elle plaisante.
- Oui j'ai appris vos règles, dit-elle franchement. Mais comprenez-moi, il y en a beaucoup et jusqu'à il y a quelques jours je ne connaissais même pas votre existence !
- Vexant, grimaça Dowelle.
- Surtout ne le prenez pas mal, poursuivit Hermione qui lâchait ce qu'elle avait sur le cœur, mais vous me demandez d'être sincère à chacun de mes mots, et d'être polie à la fois. Comment pourrais-je dire ce que je pense si cela va vous vexer ? Je ne saisis pas bien le mélange de la franchise et de la politesse hypocrite, ces deux choses ne vont pas ensemble.
Les vampires sourirent, y compris la Reine.
- Mais vous venez de le faire très chère, dit alors cette dernière. Et à la perfection. Vous venez d'être honnête envers nous à propos de votre opinion, et cela a été fait de façon très habile. Sachez, Hermione Granger, que nous ressentons à travers vous chacune de vos émotions, et qu'étant habituée à dissimuler votre agacement par exemple, vous ne comprenez qu'on soit septiques face à vos belles paroles. Mais nous le sentons, l'agacement. Inutile de le dissimuler, car il est bien là.
Hermione acquiesça. C'était plus clair à présent ; toutes les fois où elle avait cru se montrer courtoise, ils avaient senti cette peur et cette contrariété au fond d'elle, il n'était donc pas étonnant de les voir réagir aussi mal.
Toujours un peu tendue, Hermione finit de manger son mince repas sous les yeux fascinés des vampires dont l'assiette était vide depuis longtemps. Drago semblait parfaitement détendu et avala son dernier morceau de viande avant de lever la tête vers elle et de croiser ses yeux noisette.
- Bon sang vous entendez ça ? s'exclama soudain la femelle vampire qui lui avait parue sympathique.
Les autres approuvèrent avec de vifs hochements de tête.
- C'est incroyable comme c'est rapide, ajouta Dowelle les sourcils froncés.
- Et ça cogne fort, très fort, renchérit la Reine.
Complètement perdue, Hermione n'osa pas cependant poser la moindre question, et se contenta d'afficher un air surpris. Leeyame lui répondit avec un sourire :
- Votre cœur, très chère. Nous avons cru à une crise cardiaque lorsque ce jeune homme a posé les yeux sur vous.
Horrifiée, Hermione n'eut pas besoin d'un miroir pour deviner la couleur écarlate de ses joues. Malgré tous ses efforts, elle ne parvint pas à calmer les battements fous de son cœur qui repartirent de plus bel. Affreusement honteuse, elle ne sut que répondre et voulut s'enfoncer sous terre lorsqu'elle vit le petit sourire de Drago.
- Oh vous pouvez rire jeune Drago Malefoy ! continua la Reine sans faire attention à la gêne qu'elle avait crée chez Hermione. Mais je ne parle même pas du votre ! Il n'a cessé de nous casser les oreilles depuis votre arrivée et seul notre politesse nous empêche de nous plaindre, croyez-moi !
- Ouais, c'est un vrai boucan là dedans, ronchonna un vampire.
- A en donner la migraine, grommela une autre.
Cette fois, ce fut au tour de Hermione de sourire. Mais l'ancien Serpentard ne parût pas embarrassé le moins du monde, trop conscient de ses sentiments pour en avoir honte. Contrairement à elle, il était même fier de les afficher.
- C'était très bon, dit alors Hermione en reposant ses couverts.
Son espoir de diversion n'avait évidemment échappé à personne, mais elle fut reconnaissante aux vampires de ne pas insister. Peut-être était-il temps pour elle d'aborder enfin le pourquoi de sa venue, mais elle commençait à connaître ces créatures et quelque chose lui disait que le moment serait venu seulement lorsque la Reine l'aurait décidé. Tout ce qu'elle espérait était qu'elle ne prenne pas plusieurs siècles étant donné que leur notion du temps était sûrement très différente. Hermione se sentit alors quelque peu honteuse en se rappelant que des centaines de sorciers mouraient tous les jours, que la guerre continuait à faire rage dehors, tandis qu'elle était tranquillement à l'abri. Du moins elle l'espérait.
- Au fait, dit encore cette même femelle inconnue, c'est une humaine, et les humains dorment la nuit, non ? Ils doivent être fatigués Leeyame, laissons-les rentrer.
- Vous êtes fatiguée ? demanda la Reine à l'adresse de Hermione.
Cette dernière jeta un œil rapide à Drago. L'idée de se retrouver seule avec lui après une telle humiliation ne l'enchantait guère, la présence des vampires en devenait même préférable. De toute façon, toute cette aventure l'avait tenue éveillée et la fatigue ne se ferait pas sentir tant qu'elle n'y penserait pas. De plus, autant s'habituer à vivre la nuit puisque les négociations, qui apparemment promettaient d'être longues, ne pourraient se faire le jour.
- Non, répondit-elle franchement.
- Parfait ! Que diriez-vous de visiter un peu notre demeure ?
Avant qu'elle n'ait eu le temps de répondre un « d'accord » qui n'aurait probablement pas été très enthousiaste, Soane réagit au quart de tour :
- Je me charge de faire le guide !
Hermione remarquait de plus en plus à quel point Drago était ignoré. Comme le lui avait dit Bernard, les vampires avaient plus de complicité envers les femmes, les hommes représentant le mensonge et l'infidélité. Mais étrangement, alors qu'elle savait combien il détestait passer au second plan, il ne se plaignait de rien. Peut-être était-il conscient du danger qu'il courait ici et préférait garder le silence, mais Drago n'avait jamais été respectueux des règles, quelles qu'elles soient.
Une main gelée qui lui saisit le poignet la tira de ses pensées. Soane l'emmenait hors de la case, mais Hermione se dégagea de l'étreinte. Un peu trop brusquement peut-être, vu le regard froid et incompris du vampire. Alors qu'elle allait s'excuser et avouer ne pas supporter être conduite de force, Drago, qui semblait avoir retenu cette vieille leçon, s'interposa avant :
- Ne la force pas contre sa volonté, dit-il les mâchoires contractées.
Hermione, sentant que la tension déjà existante entre les deux hommes ne demandait qu'à exploser, voulut calmer le jeu mais une fois de plus, Soane réagissait à une vitesse impressionnante :
- Les vampires n'aiment pas vraiment recevoir d'ordres, dit-il en s'approchant dangereusement du beau visage blond qui resta de marbre. Encore moins de la part des humains. Alors recule...
- Je ne suis non plus le genre d'homme à qui l'on donne des ordres, répondit-il d'une voix glaciale. Je dois la protéger et la laisser seul avec un vampire n'est pas dans mon contrat.
- Ne t'en fais pas je prendrai soin d'elle, sourit-il méchamment en passant sa langue sur ses canines luisantes.
Ce fut le geste de trop pour Drago qui porta sa main à sa poche, mais Inaya vint se poster aux côtés de son frère à la vitesse de l'éclair.
- Il te cherche Drago Malefoy, assura-t-elle d'un air sérieux. Tu sais qu'il ne lui arrivera rien, fais-nous confiance.
Drago hésita, porta son regard sur sa protégée, puis éloigna sa main de sa baguette avant de déclarer à l'adresse de Hermione :
- Ce n'est pas en eux que j'ai confiance, mais en toi. Fais attention.
Hermione approuva timidement, puis laissa à regret l'homme de sa vie entre les mains d'Inaya, tandis qu'elle mettait la sienne entre les mains de Soane. Elle sentit Drago la fixer jusqu'à ce qu'elle disparaisse à l'extérieur de la case royale. Elle leva la tête vers le beau vampire qui semblait s'être adouci, et se concentra pour calmer sa vitesse cardiaque qui trahissait sa peur. Pourtant, c'était le premier vampire qui lui avait paru différent, le premier envers qui elle plaçait sa confiance, mais sa récente attitude la laissait prudente à présent.
- Je plaisantais, dit-il soudain alors qu'ils arpentaient les cavités de pierre. Je ne te ferai aucun mal.
Hermione ne put s'empêcher de sourire, ravie de l'entendre.
- Seulement les humains ne comprennent jamais notre humour, continua-t-il.
- C'est qu'il est assez...particulier, avoua-t-elle. Mais c'est vrai que Drago n'aime pas être taquiné sur certains sujets qui lui tiennent à cœur.
- Comme toi par exemple, devina-t-il aussitôt avec une pointe de mépris dans la voix.
Hermione finit par répondre un petit « oui », et préféra changer de sujet. Puisqu'elle semblait être plutôt appréciée de ce vampire, autant essayer d'en apprendre un peu plus sur ce qui l'entourait dans l'espoir de faire avancer sa mission, qui d'ailleurs prenait un réel retard. Le tout était de fermer son esprit et de faire attention à ce que sa manipulation ne soit pas découverte.
- Votre Reine est jeune, j'ai été surprise.
- Elle est jeune mais est beaucoup plus vieille et mature que nous tous.
- Vraiment ?
- Un Sang Pur l'a mordu lorsqu'elle n'avait que sept ans, depuis elle garde cette apparence mais son esprit a plusieurs siècles.
- C'est elle qui a fondé la tribu ?
- Non c'est sa mère, ainsi que sa créatrice. Lorsque Moana a été mordue par un Sang Pur, elle n'a pu se résoudre à abandonner sa famille comme les règles l'ordonnent. Si elle a su se séparer de son mari, elle n'a pu laisser sa fille et l'a mordu pour vivre avec elle éternellement. Ignorant tout de leur nouvelle vie, elles ont essayé d'intégrer des clans mais se sont aussitôt fait rejetées à cause de la jeunesse de Leeyame. Elles ont donc créé leur propre tribu, et nous vivons cachés ainsi depuis bien longtemps.
- C'est une belle histoire, commenta Hermione, captivée.
Une autre question la démangeait ; où était Moana à présent ? Mais elle eu peur que sa curiosité soit déplacée et garda le silence. Elle se demanda alors quel pouvait bien être l'intérêt de visiter cette immense ruche composée uniquement de dortoirs, avant de se souvenir de l'arme probablement cachée ici, quelque part.
- Il n'y a que des dortoirs à ce que je vois, sourit Hermione en tentant une première approche.
- Oui, je t'avoue que cette visite avait plus pour but de te connaître.
- Me connaître ? Oh, vous voulez savoir si je ne cache pas des plans secrets contre votre famille c'est ça ?
- Non je sais que ce n'est pas le cas, tu n'es pas comme les autres. J'entendais par là te connaître toi, en tant qu'humaine. Tu es très belle.
Surprise par tant de franchise, Hermione sentit aussitôt le besoin de se rabaisser pour se sentir plus à l'aise :
- Pas autant que vous tous. Vous êtes si...gracieux.
Le silence s'installa et alors qu'ils empruntaient un énième chemin, Hermione tourna la tête à droite et s'immobilisa devant un couloir différent des autres. Alors que les cavités étaient généralement séparées par de petits passages, se trouvait là un immense couloir très étroit dont la profondeur semblait infinie. Néanmoins, on pouvait apercevoir la fin qui ne débouchait pas sur une autre case ; aucune lumière ne se dégageait de ce sombre couloir qui semblait bouché, clos à la façon d'une impasse. Une atmosphère mystérieuse et inquiétante régnait dans cette longue allée si particulière, et avant même de demander, Hermione sut qu'elle n'aurait pas le droit d'y pénétrer.
- Qu'es-ce que c'est ? souffla-t-elle sans lâcher l'endroit des yeux.
- Rien, répondit Soane d'un ton ferme. Continuons.
Sa conscience qui tenait à rester en vie supplia Hermione d'obéir, mais sa curiosité qui la poussait à l'opposé lui offrit un argument qu'elle ne put négliger : sa mission. Avait-elle la moindre chance de revenir ici un jour ? Comment se retrouver dans un tel labyrinthe sans se perdre définitivement avant de se faire coincer par un vampire ? Non, l'occasion était trop belle. Si la fameuse arme se trouvait quelque part dans ce repère, elle ne pouvait être que là, Hermione le sentait au plus profond d'elle. Quelque chose l'attirait dans ce couloir, une force étrange qui l'incitait à approcher.
- Hermione Granger ? appela Soane pour la sortir de ses songes.
- Qu'y a-t-il au bout de ce couloir ? demanda-t-elle.
- Je te l'ai dit, il n'y a rien.
- Je ne te crois pas.
Hermione réalisa sa propre franchise et se tourna vers le vampire qui fronçait les sourcils.
- Vous n'aimez pas le mensonge, dit-elle doucement. Alors ne me mentez pas. Dîtes-moi simplement que je ne dois pas savoir ce qui se trouve ici, et je comprendrai.
Il la scruta de ses yeux verts et la jeune femme baissa les siens dès qu'elle ressentit son charme l'effleurer. Au bout d'un moment, sa belle voix grave résonna :
- Je ne me souvenais plus qu'il existait encore des humains comme toi, à l'âme aussi pure et sincère. C'est étrange de ne ressentir aucune haine à l'intérieur de ton cœur, et pourtant je ne le sens pas heureux.
- Disons qu'il lui manque l'autre moitié, sourit-elle tristement.
Soane demeura silencieux, tout en continuant de la percer du regard. Puis il reprit enfin :
- Je n'ai pas le droit d'en parler normalement. Mais j'ai envi de te montrer.
Alors, sans un mot, il passa devant elle et s'engouffra dans le corridor obscur. Quelque peu honteuse d'abuser de sa confiance mais malgré tout contente d'être parvenue à l'obtenir, Hermione s'y enfonça à son tour. Il ne lui fallut pas longtemps avant de ne plus rien distinguer, et la jeune femme longea la paroi très lentement tandis que le vampire était déjà au bout. Lorsqu'elle sentit sa présence, elle s'arrêta.
C'est alors qu'une peur la saisie sans crier gare. Se trouvait-elle seule avec un vampire loin de son garde du corps dans un immense couloir sans lumière ? Avait-elle une raison de s'inquiéter ? Etait-il en train d'écouter son cœur marteler sa poitrine, la paralysant toute entière ?
- Ne crains rien...
A l'évidence, oui.
- Désolée, c'est nerveux, s'excusa-t-elle.
- Je te fais si peur ?
Il avait parlé lentement, presque avec douleur dans la voix, comme s'il souffrait de sa prudence. Hermione aurait voulu le rassurer, mais elle savait que cacher ses émotions était impossible :
- Un peu, avoua-t-elle dans un murmure presque inaudible.
Lui parler ainsi sans le voir, mais tout en le sentant derrière elle, n'arrangeait pas les choses pour Hermione.
- Pourquoi as-tu peur de moi et pas de lui ?
Sa voix, si douce il y avait encore quelques secondes, venait de prendre une froideur inconnue d'où perçait la colère. Hermione se raidit un peu plus devant ce nouveau timbre de voix pas très rassurant et garda le silence, intimidée.
- Pourquoi, reprit-il d'un ton glacial, alors que je t'offre ma confiance, tu préfères l'accorder à cet être dont l'âme émane à plein nez le mal et la perfidie...
Pétrifiée, Hermione n'osait ni répondre ni bouger. Elle le sentait réellement énervé et ne sut que faire pour le calmer. Et s'il venait à muter ? Hermione ne donnait pas cher de sa peau dans ce cas.
- Il n'est pas comme ça, souffla-t-elle, tremblante.
- Cet homme a le reflet du diable, contredit-il les dents serrées. Laisse-moi t'en protéger.
- Je n'ai pas besoin de protection, déclara-t-elle fermement. Je ne suis pas en danger avec lui, à ton tour de me faire confiance.
Lentement, elle se retourna et distingua alors deux diamants verts. Après une minute éternelle, Soane lâcha un soupir puis passa de nouveau devant elle.
- J'aurais essayé de te prévenir, mais je veillerai quand même sur toi.
Il porta son poignet à sa bouche et le frôla à peine contre sa canine qui fendit la peau noire aussi facilement qu'un rasoir. Il avait fait ça si vite que la jeune femme n'eut même pas le temps d'être écoeurée. Le sang sombre s'écoula en abondance mais le vampire ne parût pas en souffrir pour autant. Il posa sa main désormais rouge contre la porte de pierre et murmura quelques mots en sa propre langue. Aussitôt, la cloison pivota à la manière du rocher de sésame dans les quarante voleurs. Et c'était exactement l'impression qu'avait Hermione en ce moment, une voleuse. Elle entrait dans un lieu réservé à ces créatures pour repérer ce qu'elle cherchait et ainsi s'en emparer dans l'intérêt de sa race humaine.
Se découvrit alors une case gigantesque, trois fois plus grande que celle de la Reine et si spacieuse qu'on aurait pu croire qu'elle composait la ruche à elle seule. Mais tandis que Hermione s'attendait à découvrir une sorte de coffre secret qui renfermerait un objet d'une valeur rare, quelle ne fut pas sa surprise de poser le pied dans une sorte d'immense jungle sauvage.
En effet, de grandes plantes vertes à la hauteur démesurée étaient alignées contre les murs, faisant office de grande allée centrale. Des centaines de fleurs et de petits arbres différents envahissaient la pièce, dégageant un tas de parfum divers. Une vraie forêt vivante s'étalait ses yeux, même l'herbe sous ses pieds paraissait trop verte pour être réelle.
- Merlin où sommes-nous ? demanda-t-elle, émerveillée.
- Dans notre laboratoire secret, répondit-il fièrement.
- Un laboratoire ?
- Suis-moi.
Alors qu'il allait la saisir par la main, il rétracta aussitôt son geste et se contenta de s'assurer qu'elle suive. Hermione marcha à travers toute cette verdure composée de plantes toute aussi étranges les unes que les autres, parfois même effrayantes. Certaines étaient mobiles et tentaient de sortir de leur pot d'argile, d'autres, sûrement plus dangereuses, étaient enfermées à l'intérieur d'une protection de verre.
- Aucune de ces...choses, n'a besoin de lumière ? questionna Hermione.
- Non, la magie suffit. Tout regorge de magie ici, tu devrais le sentir en tant que sorcière.
Ses yeux se posèrent alors sur la source de ce qui aurait dû être son bonheur, mais qui fit son malheur : dans un coin reculé poussaient une espèce végétale qu'Hermione reconnaîtrait entre mille. Grosse boule spongieuse ressemblant étrangement à de la gelée, rosâtre et parsemée de petites tâche bleues, une odeur et un aspect plus que repoussant, c'est une culture de Bulborbus que découvrit Hermione.
- Tu connais cette variété ? interrogea Soane qui remarqua son intérêt soudain pour ce qui d'habitude n'en avait aucun.
- Je l'ai étudiée en cours, répondit-elle simplement. La substance contenue dans les tâches bleues sert à la fabrication du filtre d'amour.
- Tu devais être une bonne élève, constata-t-il. Mais tu ne devinerais même la moitié des caractéristiques de cette plante.
La jeune femme ne répondit rien, mieux valait se taire. Elle observa un instant tous les petits cœurs qui battaient à l'intérieur de chaque plante, et réalisa qu'un seul cœur représentait deux êtres complémentaires l'un de l'autre, mais ils ne le sauraient jamais. Elle, avait eu la chance, ou le malheur, d'être l'unique sorcière depuis des siècles, à rencontrer son âme sœur. De nouveau, des possibilité d'échappatoire commencèrent à essayer de s'incruster en elle, de trouver des solutions pour déjouer la règle du Serment mais Soane la tira de ses rêveries :
- Le Bulborbus pousse uniquement ici, ils ne sont pas rares mais extrêmement précieux et convoités par les sorciers. Le cœur violet que tu vois à l'intérieur, vaut beaucoup d'argent dans votre monde.
- C'est intéressant, dit-elle la gorge serrée. Alors, que veux-tu me montrer ?
Hermione le suivit de nouveau, tentant de cacher la nostalgie déchirante que lui inspirait la plante.
Ils arrivèrent alors à ce qui semblait être la deuxième partie de ce lieu secret, un grand laboratoire scientifique où était exposé un nombre incalculable d'instruments étranges probablement utilisés pour des analyses. Sur le sol jonchaient des fleurs à l'aspect détérioré et à l'odeur fétide, ce que la jeune femme supposa comme des expériences ratées. Des tubes à essais reliés entre eux par des dizaines de tuyaux où circulaient des liquides plus ou moins verts étaient disposés sur des tables de pierre. Les végétaux étaient tous enfermés dans des bulles de verre, accompagnés d'un tas d'instruments pour veiller à leurs bons soins.
- Qu'est-ce que c'est que tout ça ? s'effara Hermione.
- Ça se voit que tu ne connais pas grand chose à notre espèce, sourit-il en caressant de son doigt la feuille rêche d'une petite marguerite aux pétales bleues.
- Si c'est secret en même temps je ne vois pas comment je pourrais être au courant de quoi que ce soit.
- L'emplacement de notre laboratoire est inconnu, mais ce qu'on y fait est loin d'être secret, surtout pour votre maudit ministère.
- Attends, le ministère est au courant de tout ceci ?
- Un peu qu'il est au courant ! Comment crois-tu que l'on puisse exercer une telle magie sur ces plantes ? Les Sangs Purs ne conservent que très peu de pouvoirs de leur ancienne vie sorcière, tout ça appartient au ministère.
- Je ne comprends rien, avoua-t-elle. Pourquoi ? Et à quoi servent ces expériences ?
- Bien avant que les sorciers ne découvrent notre existence, expliqua Soane, les vampires aimaient beaucoup la nature et ont commencé à vouloir la découvrir, l'exploiter afin de créer des remèdes ou toute sorte de solutions magiques. Ayant l'éternité devant nous, l'invention s'est révélée être un passe-temps fascinant. Alors, pendant des centaines années, chaque tribu s'est mise à créer ses propres chercheurs, à améliorer chacune des inventions et les combiner à d'autres pour donner de nouveaux mélanges utiles à des fins diverses. Mais cela restait d'un niveau de magie très bas, et nous nous amusions plus qu'autre chose. Puis la communauté sorcière a découvert nos activités.
Soane ne paraissait pas énervé, et il dut remarquer son étonnement car il expliqua :
- Je ne suis pas un vampire très vieux, tout cela est l'histoire de mes ancêtres. On m'a appris à détester les sorciers, et les années m'ont suffisamment prouvé à quel point ils sont destructeurs.
- Nous ne sommes pas tous ainsi, défendit Hermione d'une voix calme.
- Je sais, et tu me le prouves.
- Que s'est-il passé ensuite ? Qu'on-t-il fait de vos inventions ?
- Ils ont tout ravagé, croyant à des armes qu'on prévoyait d'utiliser contre eux. Mais ils ont gardé un certain nombre de plantes pour les étudier, et lorsqu'ils ont découvert à quel point ces inventions se révélaient être de vrais bijoux pour leur médecine, ils ont voulu savoir nos méthodes de fabrication. Mais nous gardions le silence, et chaque vampire qu'ils abattaient avec leur fichu bâton magique emportait le secret dans sa tombe.
- C'est affreux, souffla-t-elle.
- Ils en ont tué tellement que notre race est venue à disparaître, poursuivit-il. La violence ne servant à rien, ils ont alors conclu un marché avec mes ancêtres, mais toujours en gardant leur contrôle sur nous. On continuait nos activités secrètes et nos inventions leur reviendraient de droit. En échange, ils nous fourniraient la magie et améliorerait nettement nos moyens de création. Le ministère a présenté ça sous forme de contrat, mais nous savions très bien que le refus conduirait à notre extermination définitive.
- Mais c'est de l'esclavage ! s'indigna Hermione.
- Cela m'étonne que tu ne sois pas au courant, vos dirigeants doivent être doués pour cacher de telles choses.
- Je n'en reviens pas ! s'énervait-elle. Comment peuvent-ils...
- Ils sont bien plus forts que nous, voilà comment ils peuvent. Mais les choses ont changé depuis la guerre.
- Comment ça ?
- Le ministère est effrayé à l'idée que nous rejoignons son camp ennemi, et s'est soudainement montré très sympathique, nous envoyant régulièrement des sorciers comme toi, nous faire des offres toutes aussi folles les unes que les autres. Mais nous ne sommes pas idiots, loin de là.
Hermione resta silencieuse un moment, réalisant à quel point le ministère s'était fichue d'elle. Alors comme ça ils avaient déjà envoyé des aurors avant elle ? Et dire que ce monstre de Bernard l'avait embobinée avec ses histoires d'héroïne, soi-disant seule capable de sauver le monde. Avait-il tenu le même discours à tous les autres ? Sans doute. Mais au fait, qu'étaient devenus tous ces autres ? Hermione eut une nouvelle bouffée de peur. Ce n'était peut-être pas le moment de le demander, la réponse ne promettait rien de bon.
Pourtant, malgré ces informations qui lui donnaient envi de tout fiche en l'air au lieu de risquer sa vie pour des menteurs, Hermione continuerait sa mission. Les méthodes du ministère étaient peut-être exécrables, mais leurs intentions restaient bonnes : sauver la population magique, et en ça elle était concernée.
- Il est très important que tu ne révèles à personne cet endroit Hermione Granger, dit alors Soane. Si le ministère met la main sur ce laboratoire, il se montrera beaucoup moins amical et viendra se servir lui-même.
- Je ne dirai rien, promit Hermione. Mais je croyais que le ministère récoltait le fruit de vos recherches ?
- C'est exact.
- Dans ce cas, pourquoi est-ce si important de garder cet endroit secret ?
Soane sembla hésiter à répondre, puis dit d'une voix mal assurée :
- Ils réclament...certaines choses, dit-il soudain nerveux. Des choses que l'on refuse de leur donner.
Ça y était, enfin. Hermione sentait qu'elle se rapprochait du but.
- Certaines choses ? l'encouragea-t-elle à poursuivre.
- On ne devrait pas en parler, dit-il alors. Je ne devrais pas.
- Vous cachez quelque chose de précieux ici, n'est-ce pas ? tenta-t-elle. Quelque chose que vous protégez...
- Ça ne te regarde pas, coupa-t-il sèchement. J'en ai déjà trop dit, trop fait.
C'est alors que, inconsciemment, le vampire balada son regard à l'opposé de la pièce pendant une fraction de seconde qui n'échappa pourtant pas à la jeune femme. Aussitôt, elle sut que l'arme se trouvait ici, pas très loin. Il lui faudrait revenir, elle ne savait ni où ni comment, mais elle reviendrait.
Pour le moment, inutile d'insister en tout cas. Soane semblait réaliser à quel point il venait de lui faire confiance, et donnait l'impression de le regretter un peu plus chaque seconde. Avant qu'il n'ait le temps d'y réfléchir d'avantage, Hermione déclara joyeusement, innocente :
- Excuse-moi je suis tellement curieuse ! ria-t-elle. Toute votre espèce me fascine et je suis consciente d'être aller trop loin. Je te suis reconnaissante de m'avoir montré tout ça et, ne t'en fais pas, ce sera oublié une fois sortie d'ici !
Elle lui sourit gentiment mais il resta de marbre. Puis, au bout de quelques secondes interminables, il déclara dangereusement :
- Tu mens Hermione Granger.
Cette dernière perdit son sourire et se contenta de le fixer aussi intensément qu'il le faisait.
- Je sais que tu caches des choses en toi, lui dit-il. Je sais que tu es une humaine très intelligente et tes intérêts restent tournés vers une fin de guerre heureuse, non vers le bien-être des miens.
Elle aurait dû avoir peur, reculer, commencer à songer à courir, mais rien à faire ; elle ne se sentait pas en danger. Car malgré ses paroles, il parlait d'une voix douce et rassurante.
- Pourtant, reprit-il, pourtant je sens au fond de toi que chacun de tes plans et de tes actes, chacune de tes paroles et de tes intentions sont inoffensifs et sans volonté aucune de faire du mal à qui que ce soit. Et pour cela, sois sûre qu'il ne t'arrivera jamais rien ici, tu es en sécurité. Je n'ai plus envi de sentir ta peur, elle me blesse.
- Merci, murmura-t-elle, touchée.
Mais elle ne put dire un mot de plus, sa gorge était trop nouée. Elle ignorait s'il avait dit tout ça dans le but de la rendre coupable et ainsi la dissuader de toute tentative de trahison, ou alors si les vampires étaient réellement des créatures attachantes, mais Hermione eut une soudaine bouffée de culpabilité face à ce qu'elle s'apprêterait à faire prochainement. Elle eut presque envi de tout lui révéler, de lui demander de l'aide et de garder une amitié qui commençait à lui être précieuse. Toutefois, elle était parfaitement conscience du risque d'avouer la vérité qui ne serait pas forcément appréciée par tout le monde car, elle le savait, Soane faisait parti d'un clan et les décisions se prenaient ensemble.
- Le soleil va bientôt se lever, dit-il alors. Ton cher garde du corps ne va pas apprécier si je ne te ramène en bon état, comme promis.
Hermione rigola.
- Je n'ai besoin de sa permission pour aucun de mes choix, déclara-t-elle. Et j'ai passé un très bon moment avec toi, que ça lui plaise ou non.
Il lui offrit un sourire éclatant et Hermione eut l'impression de retrouver le Soane qu'elle avait rencontré dans la forêt, jeune et joueur.
- Je te ramène ? dit-il en lui tendant sa main. Sans transplaner, ne t'en fais pas.
Hermione joignit sa main à la sienne et se laissa alors de nouveau transporter par cette brise légère qui la fit doucement voler au dessus du sol. En quelques secondes, tous deux se retrouvèrent en dehors de la gigantesque ruche de pierre, flottant à quelques mètres des cavités. Hermione vit alors un tas de vampire surgir à l'intérieur et se déplacer rapidement entre les dortoirs.
- Que font-il ? demanda-t-elle, curieuse.
- Il vont se coucher, annonça-t-il, ravi de voir l'intérêt qu'elle y portait.
Hermione observa alors d'un œil captivé chaque vampire se placer debout au centre d'une case qui semblait lui être appropriée, et c'est droit et raide comme un piquet que les créatures fermèrent doucement leurs joyaux verts, immobile.
- Ils dorment ? s'enquit Hermione, enchantée d'un spectacle si rare.
- Oui, l'entendit-elle souffler à son oreille, tout prêt. Rien ne peut plus les réveiller à présent, ils attendent la nuit prochaine.
Il glissa alors sa main dans la sienne et lui fit traverser l'aube naissante jusqu'à la cabane. Hermione se sentait légère et n'avait aucune sensation de vertige, il la faisait voler à ses côtés avec une douceur surhumaine. Lorsqu'elle posa son pied sur le plancher de bois de son propre refuge, Hermione ne cessait de penser encore à ces créatures qu'elle imaginait laides et assoiffées de sang, mais qui se révélaient en fait plaisantes et très mystérieuses.
- Fascinant...commenta-t-elle, aux anges.
- Pas autant que toi...
Hermione se retourna lentement pour se retrouver à quelques centimètres du beau visage noir aux traits si fins. Elle sentit son souffle gelé lui refroidir les joues, puis leva enfin les yeux vers lui. Aussitôt s'incrusta en elle une attirance qui l'empêcha de bouger, complètement hypnotisée par un tel regard. Elle commençait à avoir froid et aurait voulu rentrer à l'intérieur, mais ses jambes refusaient le moindre mouvement, paralysées. Elle vit le vampire approcher encore plus près et ce fut comme si tous ses soucis, toutes ses inquiétudes venaient de s'envoler pour laisser place à un bien être et une totale confiance en lui.
- Arrête ça tout de suite, s'éleva la voix froide de Drago.
Hermione revint aussitôt à elle et détourna la tête vers lui, encore un peu secouée. Le charme rompu, Soane tourna à son tour la tête vers l'humain qui commençait sérieusement à l'agacer. Appuyé contre l'encadrement de la petite porte, il fusillait l'intrus de son regard gris magnétique, et semblait maintenir un grand contrôle de lui-même vu les palpitations rapides d'une veine sur sa tempe et les contractions continues de sa mâchoire.
- Sinon quoi ? lança Soane avec un sourire qui découvrit ses dents blanches.
- Sinon je te mets mon poing dans la figure et je me fais un collier avec tes canines.
Contrairement à Soane, Drago n'avait pas du tout l'air d'être amusé par ce petit jeu mais réellement en colère. Hermione hésitait à intervenir, mais quel parti prendre ? Elle comprenait Drago mais n'en voulait aucunement à Soane, alors quelque soit son choix, l'un ressortirait énervé et c'était plutôt mauvais dans les deux cas.
Le vampire se décolla enfin de la jeune femme pour s'approcher de Drago qui se redressa à son tour.
- On est jaloux ? ricana-t-il.
- Non seulement jaloux mais hors de moi, autant te prévenir que ce n'est pas bon pour toi.
Soane cessa d'avancer vers lui mais ce fut Drago qui s'approcha.
- Tu n'es pas un danger pour moi, cracha le vampire. Mais pour elle si !
Drago sortit sa baguette d'un geste vif et vint la planter sous le menton de la créature qui ne broncha pas d'un millimètre.
- Ne la mêle pas à ça ! s'écria-t-il. Je ne suis pas une menace pour elle, et quoi que tu penses, elle le sait !
- Ah oui, vraiment ? murmura Soane, heureux de le pousser à bout. Eh bien c'est que toi tu n'es pas capable de lire en elle je suppose. Mais peu importe après tout, tu n'as qu'à lui poser la question...
Hermione se figea en même temps que Drago, apeurée par ce qui allait suivre.
- Allez Hermione Granger, continua le vampire tout en fixant le jeune homme des yeux. Détrompe-moi, et assure-lui qu'il a ton entière confiance...
Drago, qui tenait toujours sa baguette aussi fermement, n'osait pas lever les yeux vers elle et attendit, comme terrifié par le silence de l'ancienne Gryffondor. Cette dernière restait aussi immobile que les deux autres, coincée dans le piège. Avait-elle confiance en Drago Malefoy ? En son amour, oui, un peu plus chaque jour. Mais en lui ?
Drago finit par lever ses yeux gris vers elle et Hermione reçut douloureusement cet air incompris en plein cœur. Il attendait clairement une réponse, mais elle ne pouvait la lui donner et de ce fait, garda le silence. Ce fut Soane qui le brisa :
- On dirait que tu n'es pas le seul à avoir tes petits secrets...
Drago baissa les yeux vers lui. Il paraissait faible tout à coup, son esprit semblait ailleurs et Hermione pouvait ressentir sa peine jusqu'ici. Peut-être se sentait-il trahi, abandonné, seul ? Elle n'en savait rien, mais son silence avait été visiblement destructeur.
- Qu'est-ce que tu crois Soane, murmura-t-il alors. Que parce qu'elle doute de moi elle se rapprochera de toi ? Qu'est-ce que tu espères exactement ? Qu'elle tombe amoureuse de toi ?
Percé à jour, Soane ne répondit pas. Il parût perdre de sa jovialité et ce fut au tour de Drago d'éclater de rire.
- Tu n'es pas sérieux ? s'esclaffa-t-il. Tu t'es vu ? T'es un vampire mon gars, tu chasses pour te nourrir et tu vis la nuit, tu crois que c'est une vie pour elle ? Redescend sur terre, elle ne sera jamais à toi, jamais.
Hermione eut de nouveau le sentiment désagréable d'être un objet que l'on se bagarrerait. Alors qu'elle s'apprêtait enfin à mettre un terme à cette dispute qui prenait trop d'ampleur, un bruit familier et qui n'annonçait rien de bon s'éleva soudainement. Hermione reconnut sans difficulté le grondement dangereux d'un vampire qui précédait la mutation.
- On est en colère ? s'amusa Drago que la jeune femme reconnaissait de moins en moins dans cet état. J'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ?
Les grondements redoublèrent d'intensité. Soane adoptait de plus en plus une position assise, une position de chasse...
- Malefoy arrête ! supplia-t-elle alors. Il va muter !
- Je vais te dire, moi, ce qui t'énerve, continua-t-il en ignorant les avertissements la jeune femme. Ce que tu ne supportes pas en fait, c'est que le cœur qui résonne en vacarme à tes oreilles depuis des heures, qui tape si fort parfois jusqu'à t'en donner la migraine, ce que tu ne supportes pas en réalité c'est que ce ne soit pas pour toi qu'il batte !
Le rugissement déchira la nouvelle aube. Les yeux rouge sang, la créature se jeta sauvagement sur Drago. Hermione poussa un cri strident et sortit sa propre baguette. Mais Drago n'eut pas besoin d'aide et propulsa le vampire en l'air avant de l'immobiliser en vol grâce à sa baguette. Il se releva difficilement, la haine défigurait son visage. Sa chemise déchirée laissait grandement entrevoir les traces de griffes sur la peau blanche de son épaule à présent saignée. L'espace d'un instant, Hermione vit un inconnu. Hors de lui, Drago laissait lentement le mal reprendre le dessus...
- Et si on attendait que le jour se lève, hein Soane ? s'extasiait-il en faisant léviter le vampire à quelques mètres de la cabane, les pieds ballotant dans le vide. Et si je te laissais gentiment bronzer quelques heures au soleil ?
Soane perdit ses pupilles rouges. Son corps crispé se détendit et une expression de peur peignit alors son visage. Le premier rayon de soleil venait de trouer le ciel encore sombre.
- Non ! s'écria Hermione en s'approchant. Malefoy laisse-le s'en aller, s'il te plaît écoute-moi !
Ce dernier resta immobile, la baguette fermement pointée en direction du vampire, la respiration haletante et les yeux plus gris que jamais. Le mal se lisait nettement sur son visage si lisse d'habitude, son âme avait laissé l'obscurité s'emparer d'elle, et Hermione pria Merlin pour qu'il parvienne à sortir de cette torpeur terrifiante.
- Drago...souffla-t-elle, les yeux ruisselants de larmes.
L'appellation par son prénom ne le laissa pas indifférent, ses paupières cillèrent et son regard fixe se relâcha pour devenir trouble.
- Reviens-moi, dit-elle en se plaçant juste derrière lui. J'ai besoin de toi, je t'en prie...
Drago ferma les yeux et serra les mâchoires. Puis, prudemment, il abaissa sa baguette magique. Soane souffla de soulagement en même temps que la jeune femme et déclara d'une voix rauque :
- Tu vois, Drago Malefoy, que tu es un danger pour elle...
Sur ces derniers mots, il jeta un regard à Hermione et disparut à l'horizon. Drago ne bougea pas, ses yeux rivés au loin, perdus. Moins effrayée qu'elle aurait sûrement dû l'être, Hermione posa sa main froide contre le dos bouillant du jeune homme. Il ne réagit pas à son contact, ce qui fut le plus blessant.
- Il a peut-être raison...murmura-t-il alors. Peut-être que je suis dangereux pour toi...
Hermione secoua la tête.
- Bien sûr que non. Je ne me suis jamais sentie autant en sécurité depuis que tu es là.
Drago baissa la tête, lâcha un soupir fatigué, puis se retourna vers elle. Hermione fut contente de retrouver deux yeux gris clair d'où perçait un fond de bleu. Alors, délicatement, il approcha son doigt de sa joue humide et récolta l'une des larmes, avant de la ramener à hauteur de ses yeux et de la contempler avec dégoût.
- Je t'ai fais peur, n'est-ce pas ? dit-il tout bas.
Hermione ne répondit pas, incapable de mentir en cet instant, même dans le but de le rassurer.
Il lui saisit alors les deux mains et les joignis aux siennes, le visage grave :
- Tu sais que je ne te ferai jamais de mal, tu le sais Hermione ?
Celle-ci acquiesça lentement.
- Ce que tu viens de voir, poursuivit-il, ce n'était pas moi. Je n'appartiens pas au mal Hermione, crois-moi. Mon seul mal, c'est toi.
- Non, dit-elle en hochant la tête devant l'air surpris du jeune homme. Non. Celui que je viens de voir, c'était toi, justement. C'est un côté sombre que tu dissimules, mais c'est toi. Et même si tu affirmes que je suis seule responsable de cette colère, tu sais que c'est faux. Ce Malefoy là fait parti de toi, et c'est lui qui me fait douter de ton appartenance au bien, c'est lui qui est susceptible de t'avoir ramené à Voldemort.
- Alors c'était vrai, dit-il tristement en lui lâchant les mains. Tu ne me fais pas confiance.
- Ne m'en veux pas de me poser certaines questions, répliqua Hermione en le regardant lui tourner à nouveau le dos. Tu as disparu un an Malefoy ! Un an pendant lequel tout le monde était persuadé que tu avais rejoint les adeptes du Lord ! Puis sans prévenir, tu reviens dans ma vie au moment précis où je pars en mission, tu restes mystérieux sur ton passé et il t'arrive de disparaître quelques heures dans la journée sans explications au retour ! Par Merlin comment veux-tu que j'ignore tous ces détails ?
Déterminée, elle le contourna et vint se planter devant lui.
- Je ne demande qu'à te faire confiance, dit-elle doucement. Mais tu ne m'aides pas, pas du tout.
Drago regarda aux alentours, mais ne croisait pas ses yeux noisette. Puis, au bout d'un moment, la transperça de son regard gris.
- Je ne peux pas, lâcha-t-il dans un souffle. Je suis désolé Hermione, mais il y a des choses qui appartiennent au passé et mieux vaut qu'elles y restent.
Il se tut un instant, puis déclara :
- Je t'aime Hermione Granger. Et si ce n'est pas assez pour obtenir ta confiance, j'en suis navré, mais je n'ai rien de plus à offrir.
Hermione baissa la tête, le cœur battant la chamade. La dernière fois que Drago avait prononcé ces mots remontait au jour de leur séparation. Les entendre de nouveau fit jaillir en elle un élan d'amour qu'elle tentait de refouler jusque là, et un désir soudain de l'embrasser la saisit, peu importe les conséquences. Elle leva la tête vers lui et alors qu'elle s'apprêtait à faire ce dont elle rêvait depuis plus d'un an, Drago tourna les talons et se dirigea vers l'intérieur avant de déclarer le dos toujours tourné, debout sur le pas de la porte :
- Je suis désolé Hermione. Je t'aime sûrement beaucoup plus que la limite du supportable, et je dois être étouffant à te protéger autant.
Il détourna uniquement la tête de côté et acheva :
- Mais je ne peux pas faire autrement. Pour la première fois de ma vie, il y a quelque chose que je ne peux pas contrôler, et ce sont mes sentiments. Il semblerait que j'ai trouvé bien plus fort que moi...
Puis il disparût dans la cabane, laissant Hermione seule avec elle-même. Contrairement à lui, elle avait réussi à être plus forte que ses sentiments et se contrôlait sans relâche. Mais elle en avait assez, la souffrance devenait insupportable et pourtant elle ne put s'empêcher de prendre pour un signe le fait qu'il se soit tourné au moment de son baiser. Heureusement que ça s'était déroulé ainsi, Hermione n'imaginait même pas dans quelle galère elle se serait fourrée si les dernières quelques secondes avaient été différentes. Elle avait tellement souffert pendant si longtemps que toute cette peine deviendrait gâchée si elle craquait maintenant.
Mais lorsqu'elle pénétra à son tour à l'intérieur, lorsqu'elle le découvrit ainsi avachis sur le fauteuil, le visage sombre et le cœur détruit, Hermione ne put s'empêcher d'aller le voir. Son épaule saignait abondamment, mais il n'y prêtait aucune attention. Elle partit chercher dans son sac et revint avec la trousse de pharmacie qu'elle avait jugé utile d'emmener, puis s'agenouilla à sa hauteur avant de commencer à désinfecter sans lui demander son avis. Il ne contesta pas et la laissa faire, se contentant de la regarder. Hermione sentait son regard pesant la fixer, et elle se concentra pour que ses doigts cessent de trembler, tandis qu'elle appliquait un bandage.
- Et voilà, dit-elle à voix basse une fois fini. J'espère que ça tiendra, je ne suis pas très douée dans ce domaine.
- C'est très bien, assura-t-il sans la quitter des yeux.
Hermione lâcha un petit soupir, encore un peu tendue.
- Tu sais, lui dit-elle en se relevant. Un jour, mon meilleur ami m'a dit qu'il ne voulait plus jamais me voir. J'étais tellement effondrée que je ne croyais pas pouvoir retrouver le moral un jour. Et bien figure-toi que je l'ai retrouvé le soir même, grâce quelqu'un que je ne soupçonnais pouvoir être aussi compatissant.
A son grand soulagement, elle le vit tirer un petit sourire. Il s'en rappelait.
- Il m'a confié un remède miracle, reprit-elle. Et ça marche, crois-moi. Depuis, chaque fois que je me sens triste, je prends le balai qu'il m'a offert pour Noël, et je m'envole loin de tous mes soucis.
Voyant qu'il ne réagissait pas, elle lui proposa :
- Viens avec moi.
Il leva les yeux vers elle.
- Comment pourrais-je oublier mes soucis, dit-il, si ce sont eux qui m'accompagnent ?
- Très bien, souffla-t-elle, blessée. Alors je reste ici, vas-y seul, tu en as besoin.
- Non, ce serait pire.
- Alors fais-le pour moi ! Parce que moi j'en ai besoin.
Drago se leva alors sous les yeux suppliants de la jeune femme, partit dans la chambre et revint un instant plus tard avec une nouvelle chemise, balai en main.
- Tu sais quoi, lui dit-il en inspirant longuement. Je vais faire comme lorsque je pensais à toi cet été. Désormais je ne te verrai plus comme celle qui me fait atrocement mal chaque fois que j'y pense, chaque fois qu'elle me regarde, ou qu'elle me sourit...
Sa voix se brisa et il dut s'interrompre, avant de reprendre :
- Désormais je te verrai comme celle qui m'apporte plus de bonheur que personne ne pourrait jamais espérer en avoir, celle qui me ranime tout entier grâce à un seul regard, celle qui me rend heureux tout simplement...C'est plus facile ainsi.
Hermione resta sans voix, une fois de plus. Il s'en amusa :
- A force de me faire des films sur ce que serait ma vie avec toi, je finis par devenir romantique. Te connaissant, j'espère que c'est au moins une qualité que tu peux apprécier chez moi !
- Pourquoi dis-tu ça ? dit-elle en le suivant à l'extérieur. J'en apprécie beaucoup plus qu'une tu sais.
- Oh oh, beaucoup plus ? ria-t-il. Ça ressemble à un début de déclaration miss Granger, je me trompe ? Si ça continu tu vas devenir aussi forte que moi !
- Ravie de voir que ça t'amuse Malefoy, mais je suis sincère ! Tu n'es plus le même que celui que j'ai connu à Poudlard il y a bien longtemps.
- Je suis encore plus parfait que je ne l'étais, voilà tout, dit-il en souriant.
- Oui enfin certaines choses ne changent pas apparemment, comme la prétention par exemple.
Il enfourcha le balai, puis plongea son regard dans les yeux noisette de l'ancienne Gryffondor.
- Tu sais, dit-il, si j'étais si prétentieux c'est parce que je savais à quel point ça te mettait hors de toi. Et j'adorais ça !
Hermione lui donna une tape sur l'épaule et vint s'installer derrière lui, comme au bon vieux temps. Sans prévenir, son pied frappa à peine le sol et le balai s'éleva dans les airs. Comme elle s'y attendait, Drago prit une vitesse folle en quelques secondes et elle dût s'accrocher fermement à lui. C'était fait exprès, elle en était sûre. Mais elle en était heureuse, et posa sa tête contre son dos tout en fermant les yeux, profitant de ce contact dont elle avait le droit et qui avait le don de la faire revivre l'espace de quelques heureuses minutes.
Moins terrifiée qu'elle ne le redoutait, le vertige fut facile à ignorer et Hermione se laissa guider à travers le ciel qui laissait tomber son manteau noir pour accueillir l'éveil d'un soleil encore fatigué. La lumière s'éclaircissait peu à peu, mais la nuit abandonna le froid derrière elle et la jeune femme regretta de ne pas s'être habillée plus. Toujours grâce à ce lien invisible qui faisait de deux êtres un seul, Drago le ressentit et se posa dans un champs de fleurs l'instant d'après. La rosée du matin rendait l'herbe humide, mais Hermione n'y fit pas attention et s'écroula au milieu de l'immense étendue verte d'un paysage infini. Il s'allongea à ses côtés et tous deux contemplèrent les quelques étoiles restantes.
- Ça fait vraiment du bien, confirma Hermione en respirant l'air frais.
Son silence l'intrigua et elle tourna la tête vers lui. Ses yeux fixaient le ciel, son torse se gonflait et dégonflait lentement, il semblait calme et apaisé. Ses cheveux blonds n'avaient pas besoin des rares rayons de soleil pour conserver une lumière aussi éclatante que l'or, et le froid avait légèrement rosie ses lèvres qu'Hermione avait failli embrasser quelques instants plus tôt. Elle frissonna rien qu'à l'idée d'avoir pu être aussi irresponsable, et pourtant, elle était de plus en plus convaincue qu'un avenir avec lui était possible...
- Tu ne peux pas t'en empêcher hein...
Hermione haussa les sourcils.
- De quoi ? demanda-t-elle.
- De me contempler, sourit-il en tournant la tête vers elle.
- Je ne te contemplais pas Malefoy, mentit-t-elle.
- Fichue fierté, maugréa-t-il en regardant de nouveau le ciel. Un jour il faudrait que tu assumes tes actes, Granger.
Cette dernière ne put s'empêcher de rire en repensant à cette fameuse phrase qui l'avait tant fait réfléchir. Drago se mit à rire avec elle et tous deux ne réussirent plus à s'arrêter avant un bon moment. Lorsqu'ils se calmèrent enfin et reprirent leur souffle, Hermione prit la parole :
- Ça fait du bien de relâcher toute cette tension...Ces vampires sont assez stressants je dois dire.
- Ils sont orgueilleux et franchement agaçants, avoua Drago. Tu leur accordes ta confiance un peu trop vite à mon goût.
Hermione trouva le moment idéal pour le mettre au courant de ses projets, et le rassurer au sujet de Soane par la même occasion.
- Je ne sais pas si je dois faire confiance à Soane, dit-elle, mais lui en tout cas me fais confiance. Et grâce à ça j'ai pu en apprendre un peu plus sur l'arme que je dois découvrir et rapporter.
- Tu veux dire que tu t'es servi de lui ? s'étonna Drago.
- Non, enfin, si...
Drago resta silencieux, puis finit par déclarer :
- Même si je déteste ce vampire, je le plains. Il va subir exactement ce que tu m'as fait, et j'espère pour toi que lorsqu'il découvrira que tu as joué avec ses sentiments, il ne réagira pas trop violemment.
Hermione réalisa seulement qu'elle était effectivement en train de l'utiliser pour arriver à ses fins, et comprenait que Drago désapprouve. Alors qu'elle s'apprêtait à changer de sujet, trouvant le terrain trop glissant, Drago s'en chargea.
- Tu sais ce que je me dis parfois ?
Hermione attendit, patiente.
- Tu vois toutes ces étoiles ? Prends-en une, et imagine qu'elle représente une vie, et qu'il existe quelque part, parmi l'infinité de la galaxie, une autre étoile qui lui correspondrait parfaitement, son autre moitié. Parfois je me dis que chacune d'entre elle possède une autre moitié, mais que l'espace est trop grand pour qu'elle la rencontre.
- Où veux-tu en venir ? murmura Hermione, inquiète de le savoir aussi proche de la vérité.
- Simplement que...moi j'ai trouvé mon étoile, lâcha-t-il sans la regarder. Dans cette immensité j'ai rencontré celle qui me correspond. Mais tu vois, je donnerais tout pour ne jamais l'avoir rencontrée, pour n'être qu'une étoile insignifiante parmi les autres...
Hermione ferma les yeux, profondément blessée par de tels aveux. Elle avait gâché sa vie, et il souhaitait ne jamais l'avoir connu. Quoi de plus douloureux à entendre ?
- Je suis épuisée, lâcha-t-elle alors. On a tenu toute la nuit éveillés, ça fait combien de temps qu'on n'a pas dormi ?
- Longtemps je suppose. Je t'avoue que je n'y ai pas fait attention, j'ai l'habitude des insomnies de toute façon.
Nouvelle référence à cet été. Hermione se retient de lui dire à quel point il n'était pas le seul dans ce cas-là.
- Allons-y, souffla-t-elle en se levant.
Il l'imita, le sourire aux lèvres.
- Qu'est-ce qui te fais rire comme ça ?
- Rien c'est juste que, tu m'as fait exactement le même coup la dernière fois. On passait un moment agréable près du lac, cette nuit où on a dansé. Et comme tu viens de le faire, soudain tu as prétendu être fatiguée et vouloir rentrer. Il faut croire que ma compagnie te lasse.
- Ce sont tes préjugés qui me lassent, rectifia-t-elle, agacée d'entendre de telles bêtises.
- Alors pourquoi est-ce que tu fuis à chaque fois qu'on est heureux Hermione ? J'aimerais bien comprendre ?
Cette dernière souffla d'exaspération, se dirigea vers le balai posé dans l'herbe un peu plus loin, puis se retourna vers lui qui attendait toujours une réponse.
- Je ne fuis pas Malefoy. Je me protège.
- Mais de quoi ?
- De toi ! s'écria-t-elle. De tes sourires ! De tes regards, de tes paroles, de tes sentiments ! Je me protège de tout cet amour qui me rend complètement...ivre !
Elle s'interrompit, incertaine de ce qu'elle s'apprêtait à révéler. Puis, les yeux humides, acheva dans un souffle brisé :
- Ivre de toi...
Elle détourna la tête pour échapper au regard brillant de joie du jeune homme, puis s'énerva de plus bel, ce qui en réalité avait longtemps été le seul moyen de communication entre eux, le seul moyen d'avouer ses sentiments...
- Tu es insupportable Malefoy ! Toutes tes attentions envers moi sont insupportables, tu sais au fond de toi que j'y suis sensible n'est-ce pas ? Mais monsieur s'en fiche ! Il n'y a que lui qui compte et peu importe que chacun de ses sourires me rendent complètement folle de lui, tant que monsieur s'amuse de mes joues rouges ! Tu sais quoi ? Tu n'as pas changé du tout en réalité ! Tu es un égoïste qui se fiche complètement des barrières que je m'efforce de conserver entre nous, et tu continus de faire battre mon cœur bien trop fort quand tu es dans la même pièce que moi, mais quelle importance hein ? Quelle importance que j'ai la migraine à force de penser à toi toute la journée ?
Elle se stoppa dans sa tirade, la respiration haletante. Ce fut d'une voix plus calme qu'elle ajouta :
- Mon cœur t'appartiens déjà Drago, alors arrête de t'acharner à l'obtenir...
Elle le vit ouvrir la bouche mais prit les devants :
- Ne dis rien, s'il te plaît. Si tu veux m'aider, surtout, ne dis rien ! C'est moi qui conduit, grimpe.
Il se plaça derrière elle, retenant difficilement un éclat de rire. La jeune femme se retourna vivement et le fusilla du regard :
- Je me sens déjà assez honteuse comme ça, alors n'en rajoute pas !
- Comment veux-tu que j'exprime ma joie si je ne peux pas parler ?
- Tu n'as qu'à ne pas l'exprimer, trancha-t-elle. Intériorise pour une fois Malefoy, ça changerait !
Sans lui laisser le temps de répliquer, Hermione décolla et vacilla légèrement sous la vitesse. Elle sentit Drago poser ses mains sur ses hanches et se traita d'idiote tout au long du voyage. Trop tard pour avoir des regrets de toute façon, elle n'avait pas envi d'y réfléchir mais seulement d'apprécier l'instant présent, d'apprécier à quel point elle venait de le rendre heureux. Et ça, c'est tout ce qui comptait. Tant qu'il n'apprenait pas que ses sentiments pour lui remontaient à l'époque de Poudlard, le serment n'avait aucune chance d'être découvert.
Ils arrivèrent à la cabane quelques minutes plus tard, le soleil était levé à présent. Aucun des deux ne parlaient, elle parce qu'elle ne savait pas quoi dire, lui parce qu'elle le lui interdisait. Mais il paraissait trop joyeux pour s'en plaindre et se dirigea vers le canapé qui lui servait de lit. Cette pièce n'avait pas de volet et la lumière du jour l'éclairait tout entière. De plus, le feu étant éteint, la température n'était pas très élevée et le canapé ne comportait aucune couverture. Hermione se mordit les joues, le fixa longuement, puis leva les yeux au ciel avant de lancer :
- Viens dans le lit idiot, il n'est pas très grand mais il y a bien de la place pour deux.
Sans attendre de répondre, elle partit se glisser sous les draps après avoir enlevé ses chaussures seulement. Il vint faire de même et tous deux lâchèrent un soupir lorsqu'ils furent installés côte à côte. Pour éviter toute tentation, Hermione roula sur le côté du lit, près du vide, entraînant la couette avec elle. Elle sentit alors la couette repartir à l'opposé et se trouva bientôt découverte. Sourcils froncés, elle jeta un œil à Drago qui semblait paisible avec une bonne partie de la couverture sur lui. Refusant de se laisser avoir aussi facilement, Hermione saisit un morceau du tissu et retira le tout sur elle. La chaleur l'envahit aussitôt et elle put enfin fermer les yeux pour dormir. Du moins, c'est ce qu'elle aurait fait si la couette n'avait pas été reprise aussitôt, la découvrant de nouveau.
- Malefoy tu prends toute la couette au cas où tu ne le saurais pas !
- Désolé mais elle est trop courte pour nous deux, et étant le plus grand de taille, je dois me couvrir plus que toi.
- C'est ridicule comme excuse, je meurs de froid alors partage !
Mais Drago ne fit que la tenir encore plus fermement lorsqu'elle tenta de la lui reprendre et, tels deux gamins, chacun tirait énergiquement de son côté. Alors qu'Hermione se retrouva complètement enroulée dans la couverture à force de l'amener à elle, Drago tira la couette vers lui d'un coup sec et la jeune femme se déroula en même temps pour venir se retrouver collée au corps du jeune homme.
Aussitôt, le jeu cessa, et les respirations se firent saccadées. Emmêlée dans le drap, coincée contre Drago, Hermione gardait les yeux baissés, au risque de croiser un regard qui ne ferait qu'empirer les choses. Elle sentait son souffle léger la caresser, elle sentait ses yeux gris la fixer, elle sentait l'allure affolante de son cœur...
Figés l'un contre l'autre, aucun des deux ne prononça le moindre mot pendant une longue minute qui parût l'éternité pour la jeune femme. Cette dernière s'empêchait de respirer le parfum qui pourtant semblait déjà incrusté en elle vu la difficulté pour son cerveau de réfléchir correctement. Puis, sa voix grave résonna enfin dans le silence :
- Je crois que je ne vais plus tenir très longtemps sans t'embrasser Hermione...
Celle-ci leva les yeux vers lui avec prudence. Il lui offrait l'occasion de se reculer en la prévenant ainsi, et elle lui en fut reconnaissante. Mais ne bougea pas pour autant.
- Nous deux c'est interdis...murmura-t-elle avec une voix cassée par la tristesse.
Contre toute attente, il lui donna un sourire débordant d'amour avant de répondre :
- Toi mieux que personne sais ce que j'en fais, moi, des interdits...
Il attrapa alors ses lèvres et ce fut la fin pour Hermione.
Elle ne ressentit pas les mêmes sensations charnelles que la veille, son corps n'était pas dévoré par ce besoin de posséder l'autre. Le cœur de Bulborbus étant soigneusement rangé dans ses affaires, elle resta maître d'elle-même. Ce contact était donc volontaire et Hermione en avait parfaitement conscience, mais pour rien au monde elle n'y mettrait fin.
Les gestes de Drago étaient d'une douceur infinie, ses doigts fins parcouraient sa peau avec tendresse et leurs baisers restaient lents malgré le désir brûlant qui animait leurs lèvres. De tous ceux qui avaient cru connaître le bonheur parfait un jour, ils se leurraient. Le bonheur parfait n'était ailleurs que dans les bras de Drago Malefoy...
000000
La matinée s'achevait progressivement pour laisser place aux premières heures de l'après midi, mais la chambre baignait dans une douce obscurité.
Il pouvait entendre sa respiration lente et reposée, pouvait sentir son parfum et sentir sa poitrine contre son torse. Il la regarda dormir pendant un long moment, il adorait ça. Il aurait sûrement continué comme ça encore longtemps si sa baguette magique, posée sur la table de nuit, ne venait pas de briller le temps d'une seconde.
Un voile gris vint recouvrir ses pupilles. Drago lâcha un soupir, puis s'arracha à sa contemplation, se dégagea très lentement de l'étreinte de la jeune femme puis, discrètement releva le drap pour sortir du lit. Il enfila son jean et une chemise en vitesse, prit sa baguette, remonta la couette sur les épaules de Hermione, déposa un baiser sur son front et sortit de la chambre.
Le soleil l'aveugla une fois à l'extérieur, et il eut besoin de quelques secondes avant de pouvoir transplaner en bas du grand chêne. Ses pas entamèrent alors une marche rapide à travers la plaine pour rejoindre la forêt la plus proche où quelques malheureux arbres étaient regroupés ensemble. Il s'y enfonça et les épais feuillages lui assurèrent l'obscurité de nouveau. Ses pas se firent de plus en plus pressant jusqu'à ce qu'il atteigne enfin le plus grand des arbres, le cœur des bois, avant de tirer le bras de la jeune femme qui se cachait derrière le tronc. Il la plaqua violemment contre ce dernier et lui saisit le cou d'une main, geste dont la force suffisait à la maintenir en place.
- Je t'avais dit de ne plus revenir ici ! cracha-t-il.
Elle le fixa de ses grands yeux bleus avant de murmurer :
- Tu me manquais trop mon amour...
Drago resta silencieux quelques secondes, puis lui empoigna le menton sans délicatesse et l'embrassa vivement. Baiser auquel la jeune femme répondit avec fougue, lui passant les bras autour du cou tandis qu'il resserrait son étreinte. Cela dura peu de temps avant qu'il ne décide de mettre fin au contact en lui desserrant les bras de son cou pour aller les plaquer de nouveau contre le tronc.
- Qu'est-ce que tu viens faire ici Lisa...interrogea-t-il froidement.
- Tu sais pourquoi je suis là Drago, répondit-elle. Le Maître s'impatiente, tu abuses de sa générosité !
- Je croyais pourtant avoir été clair, répliqua-t-il sèchement. J'ai besoin de temps ! La brusquer ne sert à rien, je la connais. Elle me fera confiance lorsqu'elle se sentira prête.
- Et bien qu'elle se dépêche, parce qu'en attendant c'est moi qui subis la colère du Lord.
- Tu n'as plus à t'inquiéter à présent...
Elle le regarda avec méfiance plonger la main dans la poche de son jean, puis ses yeux s'illuminèrent à lorsqu'il en ressortit une longue chaîne d'argent au bout de laquelle pendait paresseusement un joli cœur violet...
- Par Merlin Drago tu as réussi ! s'écria-t-elle en lui sautant au cou. Tu l'as convaincue de te le donner !
- Non, avoua-t-il. Elle a refusé une fois et c'était assez clair pour que je n'insiste pas. Alors j'ai dû lui voler.
- Peu importe ! dit-elle à toute vitesse en s'extasiant devant le pendentif. Le Maître va si heureux ! Oh mon Drago tu es le meilleur !
- Dis au Maître que je dois finir ma mission auprès du ministère, et que je le lui apporterai moi-même bientôt.
Elle voulut alors s'emparer de l'objet, et Drago n'eut pas le temps de la mettre en garde qu'elle se fit violemment expulser contre un arbre à quelques mètres de là. Agacé, Drago leva les yeux au ciel.
- Tu es aussi étourdie que ce débile de Londubat ! maugréa-t-il.
Lisa se massa douloureusement l'arrière du crâne, puis se releva non sans mal :
- Bellatrix m'a dit que je pouvais le toucher ! grogna-t-elle. Elle s'est encore bien fichue de moi, pourquoi est-ce qu'elle me déteste à ce point ?
- Je suis le seul à pouvoir le toucher avec Granger, c'est moi qui l'ai retiré n'oublie pas. Et ce n'est pas ta faute, Bellatrix ne respectent que les sorciers un minimum intelligent.
La jeune femme fronça les sourcils, profondément vexée.
- Essaye de comprendre Lisa ! s'énerva-t-il. Tu passes plus de temps à t'assurer que ta coiffure plaît au Maître plutôt que de lui être utile ! Tu sais qu'il renouvelle sans cesse ses sujets, et pour le moment il a besoin de toi en tant que messager. Mais quand ton boulot sera fini, débrouille-toi pour te rendre utile, où il ne te gardera pas en vie...
- Tu t'en ficherais, murmura-t-elle tristement.
Il s'approcha et lui prit la tête entre ses mains.
- Tu sais bien que non, répondit-il. Tu te trouves dans la cour des Grands à présent, tu fais parti de ceux qui entourent le Lord, et ce n'est pas un jeu Lisa ! Crois-moi, c'est plus dangereux que tu ne le penses, tu n'as pas conscience du pétrin dans lequel tu t'es fourrée en te proposant pour le rôle d'intermédiaire. Il sait déjà ce qu'il fera de toi une fois ton travail achevé...
Lisa hochait frénétiquement la tête, refusant la réalité.
- Non, pleura-t-elle doucement. Il m'a dit qu'il comptait sur moi Drago ! Il m'a dit que ma mission était très importante pour lui, il m'a dit que moi, j'étais très importante...
Drago ferma les yeux un instant, impuissant. Comment lui expliquer ? Comment trouver les mots pour lui faire comprendre qu'il la manipulait pour arriver à ses fins, avant de finalement la tuer comme on se débarrasse d'une vieille chemise ?
- Fuis Lisa, lâcha-t-il dans un souffle. Tu n'es pas précieuse à ses yeux, il faut que tu me crois. C'est pourquoi je pense qu'il ne te pourchassera pas, il a d'autres choses bien plus importantes et...
- Non ! le coupa-t-elle d'une voix forte.
- Mais tu ne comprends pas...
- Non Drago, c'est toi qui ne comprends pas ! J'ai trouvé ma voie ! Pour la première fois de ma vie je sais où est ma place !
Drago se tut. Il ne pouvait plus rien faire pour elle, le Lord avait déjà une emprise bien trop forte pour qu'il parvienne à la convaincre, et c'est à regret qu'il abandonna...
- Je dois y aller, dit-il. Je préfère être là quand elle se réveillera, mes absences sont de plus en plus suspectes.
Lisa sembla hésiter, puis finit par lui demander timidement :
- Tu ne t'attache pas à elle, n'est-ce pas ?
Drago sourit puis vint l'enlacer.
- Tu sais bien que cette Sang-de-Bourbe m'insupporte depuis le jour du départ de Poudlard, lui murmura-t-il à l'oreille. Tu sais à quel point elle m'a fait mal, tu connais ma haine Lisa, alors ne t'inquiète pas.
Celle-ci acquiesça lorsqu'il desserra son étreinte, puis posa ses lèvres sur celles du jeune homme avant de s'apprêter à partir.
- Ne l'embrasse pas trop, dit-elle.
- Pour ça je ne peux rien te promettre, rit-il, elle embrasse beaucoup mieux que toi et c'est un vrai délice !
Furibonde, Lisa tourna les talons et, alors qu'elle disparaissait dans les profondeurs de la forêt, Drago l'appela. Il vit sa silhouette sombre se retourner.
- Sauve ta vie tant qu'il en est encore temps Lisa, dit-il le visage grave.
- Je t'aime Drago, répondit-elle simplement.
Ce dernier la regarda s'éloigner jusqu'à ce qu'elle disparaisse complètement. Il ne la verrait probablement plus jamais, et c'est sur cette pensée qu'il retourna à la cabane, où une belle jeune femme amoureuse rêvait paisiblement de son prince charmant...
Un prince au reflet du diable.

Tout le monde peut tomber amoureux Malefoy (Dramione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant