Huit jours.
Huit longs jours que Drago Malefoy n'était pas sorti de sa chambre. Les professeurs l'avaient maintes fois rappelé à l'ordre mais l'accès à la pièce restait impossible grâce à un sortilège de haut niveau, et l'annonce qu'avait faite Hermione justifiait son comportement auprès des professeurs qui finirent par le laisser en paix sur ordre du directeur.
Hermione subissait jour après jour les regards mauvais et les chuchotements indiscrets des élèves qui compatissait pour Drago, sauf les Gryffondors qui l'acclamaient pour avoir mis à terre de façon spectaculaire le Prince ennemi.
La jeune femme ne savait toujours pas si ce dernier avait accepté l'offre de Voldemort, mais peu lui importait finalement. Le monde lui-même n'avait plus aucune importance, l'homme qui était devenu sa raison de vivre devait la détester à présent, et son cœur qui avait tant battu ces derniers temps, avec une telle fougue, se retrouvait vide de toutes émotions si ce n'est le chagrin et la douleur...Arrêterait-elle de souffrir un jour ou son âme entière était-elle destinée à Drago sans que rien ni personne ne puisse prendre sa place, même dans un futur lointain ?
Drago quant à lui, se posait de toutes autres questions. Effondré sur son lit depuis plusieurs jours, il se repassait sans cesse les évènements de la semaine précédente, s'acharnant encore et toujours à trouver une faille au comportement de Hermione qui puisse prouver qu'elle avait ressenti ne serait-ce qu'une once de remord...Mais la jeune femme lui avait fait clairement comprendre qu'il n'avait été pour elle qu'un fardeau à supporter pour la gloire des lions. Faux...tout avait été faux. Non, l'esprit de Drago refusait clairement et simplement de s'imaginer Hermione jouant la comédie près du lac ou encore au Bal de Noël, tout ce qu'il avait ressenti, il n'avait pu le ressentir seul...Ils s'aimaient réellement avant qu'elle ne gâche tout, forcée par il ne savait quoi. La peur ? Avait-elle peur de s'engager avec lui, d'affronter Narcissa ? Non, Hermione est une femme plus que courageuse, et ce n'est sûrement pas une Malefoy qui allait l'effrayer. Une promesse alors ? La promesse faite à quelqu'un de le quitter ? Non, c'était n'importe quoi, pourquoi aurait-elle mit un terme à leur relation d'une façon si violente ? Cela n'avait aucun sens...
Autant de questions et d'hypothèses qui tournaient en boucle à en perdre toutes raisons de vivre. Mais la détermination du jeune homme à découvrir la vérité et à récupérer la femme qu'il aime, et qui a existée sans aucun doute, était bien plus forte que son désir de se laisser lentement pourrir par la douleur qui lui rongeait le corps entier depuis maintenant plus d'une semaine.
Face à toutes les répliques cinglantes qui fusaient sur son passage, Hermione ne tarda pas à craquer et partit se réfugier dans une salle de classe vide dont la porte était restée ouverte pour y verser toutes les larmes qu'elle pu. Seulement elle avait déjà tellement pleuré que son corps lui-même semblait sec et fatigué...Un mal de tête la saisit et Hermione du s'asseoir par terre avant de se masser vigoureusement le crâne pour atténuer la douleur.
- Ça ne va pas ?
La jeune femme releva la tête pour apercevoir Donovan qui se tenait debout devant elle, l'air inquiet.
- Oui j'ai juste des maux de tête merci, répondit-elle en sachant très bien que ses joues trempées trahissaient ses dires.
En effet, le Serdaigle sembla peu convaincu puisqu'il ajouta :
- Laisse-les parler Hermione, ils ne comprennent rien de ce que tu as vécu.
- Parce que toi oui ? répliqua-t-elle plus agressivement qu'elle ne l'aurait voulu.
- Non bien sûr, mais moi au moins je ne semble pas avoir oublié les sept années d'injures qu'il t'a fait subir, te rabaissant publiquement sur ton sang et ton apparence. Et bien que tu ne laissais rien paraître si ce n'est de l'indifférence, il fallait être dupe pour ne pas voir que ces paroles blessantes t'atteignaient en plein cœur. Ta vengeance est justifiée Hermione...
Celle-ci sourit nerveusement, cachant son visage entre ses mains : « Tu ne comprends rien, se murmurait-elle intérieurement, tu ne comprends rien du tout... ». Elle sentit Donovan se rapprocher, mais à son grand soulagement, il ne tenta rien, ne la toucha même pas, mais se contenta de s'abaisser à sa hauteur et de la rassurer :
- Je serai toujours là si tu as besoin Hermione, ne l'oublie pas.
- Merci Donovan, merci beaucoup.
Il ne put apparemment pas résister à lui déposer un tendre baiser sur la joue avant de se relever et de quitter la salle de classe. Hermione se sentit un peu mieux, jamais elle n'aurait pensé que l'un des garçons les plus beaux du collège, dont en plus elle avait le béguin, s'intéresse à elle de cette manière. Il pouvait avoir toutes les filles qu'il désirait et au lieu de ça il s'occupait d'elle avec une gentillesse et une patience hors norme. Cela semblait trop beau pour être vrai, mais elle voulut y croire ; après tout, il fallait qu'elle commence à se faire une raison au fait que jamais plus Drago ne partagerait sa vie, et Donovan lui, serait toujours présent. Pensait-il à elle en ce moment ? Hermione sourit. Finalement, peut-être qu'une petite lumière éclairait son horizon noir ?
Quelques mètres plus loin, une jeune femme blonde venait de se faire habilement séduire par un beau Serdaigle qui l'emmena dans son dortoir, l'un des rares rois de ce monde qui possède une maîtrise parfaite dans l'art de la manipulation et du mensonge...
Fatiguée, Hermione prit la direction de sa salle commune avec un pincement au cœur en pensant que à chaque fois qu'elle traversait la pièce, l'homme qu'elle aimait n'était qu'à quelques mètres, mais son silence et son absence semblaient l'avoir éloigné à des années lumières.
Aussi, quelle ne fut pas sa surprise lorsque, une fois le portrait du chevalier ouvert, elle vit Drago lui-même, assis sur le canapé central, tordant nerveusement ses mains. Il avait le teint plus blafard que jamais, des yeux fatigués par des nuits d'insomnies, même l'éclat de ses cheveux blond était devenu plus terne.
Lorsqu'il la vit entrer, il se redressa lentement et, voyant qu'elle ne bougeait pas comme pétrifiée, il lui dit d'une voix rauque :
- Il faut qu'on parle.
Hermione avait redouté cet instant. Lisa l'avait prévenu, il ne lâcherait pas, refuserait la réalité pendant un long moment. « Lorsque le moment viendra, lui avait dit Lisa, lorsqu'il voudra discuter, surtout ne le laisse pas t'impressionner. Il va utiliser ses meilleures armes pour te déstabiliser : soit son charme et son sang-froid. Prend les devants Granger, où il sera trop tard pour toi... ».
- Il n'y a plus rien à dire, dit calmement Hermione qui ne put se résoudre à lui parler sèchement.
- Je ne suis pas d'accord, je pense avoir le droit à des explications.
- Ecoute Malefoy, dit-elle d'un air las, je n'ai pas envi de te répéter...
- De répéter quoi ? l'interrompit-il en se levant.
Hermione se raidit aussitôt, il avançait vers elle : danger. Malheureusement elle venait inconsciemment de fermer le portrait derrière elle et se retrouva bientôt réduite à la panique, apercevant de moins en moins bien les issus de secours au fur et à mesure que le Serpentard approchait.
- De...déglutit-elle, de répéter...ce que je t'ai dit l'autre soir.
- Et tu m'as dit quoi ? dit-il doucement en avalant dangereusement les derniers centimètres qui les séparaient.
- Ne me le fais répéter je t'en prie, souffla Hermione qui commençait à perdre le contrôle de ses pensées.
- Redis-le moi Hermione, répéta Drago, dis moi pourquoi c'est fini...
- Non ! s'écria-t-elle au bord des larmes.
- Dis-le moi !
- Je te l'ai déjà dit arrête !
- Pourquoi tu refuses hein ? s'emporta-t-il. Si tu es vraiment ce que tu dis Hermione, soit une parfaite comédienne à l'esprit de revanche, tu ne devrais pas t'inquiéter de me faire du mal ! Au contraire tu devrais t'en donner à cœur joie après ta victoire je me trompe ? Répond !
- Laisse-moi m'en aller ! cria-t-elle sans pour autant oser le toucher, sachant que le moindre contact serait fatal à sa résistance.
- Pourquoi est-ce que tu ne savoures pas ton triomphe hein ? enchaînait-il.
Il approcha son visage si près que Hermione du fermer les yeux pour échapper à la couleur grise hypnotique de ceux du Serpentard.
- Je sais que c'est toi Hermione, lui chuchota-t-il, tout ce que j'ai vécu, je l'ai vécu avec toi...
Il posa ses lèvres sur les siennes et Hermione se laissa lentement faire, son sang en ébullition. Mais une violente douleur lui saisit le bras, comme une griffure qui mettrait la peau à nu et la jeune femme se retint tout juste de crier. Revenant à la réalité, elle se dégagea rapidement de l'emprise de Drago et s'enfuit dans sa chambre. Mais juste avant de fermer sa porte, elle se retourna et lui dit :
- Redescend sur terre Malefoy, toi et moi c'est purement impossible. Je ne pourrai jamais t'aimer, fais-toi une raison...
Elle disparut dans sa chambre, et s'effondra sur son lit avant de pleurer en silence.
Drago, encore immobile, finit par aller s'asseoir sur un fauteuil près du feu de cheminé qu'il alluma lui-même d'un simple coup de baguette magique. Fixant les flammes avec une intensité presque effrayante, un sourire victorieux se dessina lentement sur son visage.
- Tu mens Hermione...et tu viens de me le prouver.
La jeune Gryffondor regardait sans cesse son bras depuis la veille, apercevant une petite entaille, peu profonde certes mais douloureuse, qui lui fit promettre de ne plus approcher Drago à moins de deux mètres, évitant ainsi la « punition » du Serment Inviolable qui apparemment ressentait comme une sorte de trahison au fait qu'elle prenne un grand risque d'être en présence du Serpentard.
Ce dernier reprit les cours à la grande surprise de tout le monde. Affichant un visage froid qui faisait deviner très clairement que lui parler serait une tentative de suicide, Drago marchait dans les couloirs avec la seule compagnie qu'il supportait encore : Blaise. Celui-ci tenta plusieurs fois d'aborder le sujet mais Drago lui répétait à chaque fois la même chose : « plus tard ». Mais il finit par se lasser de ses questions et le prit dans un coin à part à l'abris des oreilles indiscrètes, qui d'ailleurs se faisait plutôt fréquentes ces temps-ci, et lui dit :
- Tu veux vraiment savoir pourquoi j'ai la certitude qu'elle ment ?
Blaise hocha la tête rapidement, avide de révélations :
- Hier quand je lui ai dit qu'on devait se parler elle a voulut éviter le sujet à tout prix.
Blaise attendit la suite, mais elle ne vint pas. Devant le silence du Serpentard, il finit par froncer les sourcils et demander :
- Et... ?
- Et bien voilà c'est suffisant pour comprendre non ?
- Attend Drago, dit-il en se massant le front, excuse-moi mais j'ai du mal à te suivre.
- C'est simple, si elle avait vraiment joué la comédie tout ce temps dans le seul but de me faire souffrir, tu ne crois pas qu'elle s'en donnerait à cœur joie à présent de crier à qui veut l'entendre quel piège elle m'a tendu ? Au lieu de ça Hermione se fait toute petite et hier, tu l'aurais vu hier, on aurait dit que ça lui arrachait les lèvres de me répéter ce qui s'était passé ! Non crois-moi, le doute n'est pas permis, elle cache quelque chose pour je ne sais quelle raison, mais je finirai par le découvrir.
Blaise dévisageait son ami d'un air inquiet, et c'est avec beaucoup de prudence qu'il finit par dire :
- Et si...et si c'était vrai tout ça Drac' ? Je veux dire, et si elle avait vraiment fait ça pour prendre sa revanche ?
Drago contracta les mâchoires en revenant à cette toute première hypothèse qui lui paraissait loin maintenant, puis hocha la tête en signe de négation :
- Non ! Elle ne s'effacerait pas autant devant toutes les questions que les gens lui posent, trancha-t-il. Je ne peux pas le croire.
- Dis plutôt que tu ne veux pas le croire ! rétorqua Blaise. Drago enfin tu connais Granger ! La foule ça n'a jamais été son truc ! Peut-être...je ne sais pas moi, peut-être bien qu'elle regrette la tournure que les choses ont prise et que c'est pour ça qu'elle a honte de t'en parler ! Je dit ça pour toi mon pote, ça ne me plaît pas du tout que tu te fasses de fausses idées comme ça, tu n'en souffriras que plus encore et...
- C'est bon, coupa sèchement Drago. Je n'aurais jamais du me confier à toi, de toute façon je n'ai besoin de personne pour prouver qu'elle ment. Et puis je me fiche royalement de ce que vous pensez tous, Hermione est la seule personne qui m'intéresse réellement.
- Abandonne Drago, conseilla Blaise, mal à l'aise devant le regard du jeune homme.
- Putain mais tu comprends pas que je suis tombé amoureux ! s'écria soudain Drago.
Blaise semblait pétrifié devant cet excès de colère, et Drago souffla longuement avant de reprendre d'un ton calme :
- Tu ne peux pas comprendre ce que je ressens, alors n'essaie pas.
Son ami baissa la tête, se promettant de ne plus jamais le remettre en question au risque de s'attirer la foudre Malfoyienne, puis le regarda s'éloigner d'un pas vif et déterminé.
Hermione, confortablement installée à l'une des tables de la bibliothèque, était cachée derrière une pile de livres dont le volume démesuré aurait fait grimacer n'importe quel élève. Mais la jeune Gryffondor les dévoraient les uns après les autres, avide de savoir. Seulement ce jour-là, les mots n'arrivaient pas à s'aligner correctement, la concentration devenait difficile et son esprit chavirait ailleurs tandis que ses yeux continuaient d'avaler les phrases, infatigables.
Drago lui manquait affreusement. Son être tout entier réclamait la chaleur corporel du Serpentard, la douceur de ses lèvres, la délicatesse de ses gestes et le parfum enivrant gravé à jamais au plus profond d'elle-même.
Aussi, son cœur loupa un battement lorsqu'elle leva les yeux de son livre et croisa deux yeux gris qui l'observaient à travers les étagères. Hermione cessa de respirer, priant Merlin pour qu'elle arrive à se contrôler devant cette nouvelle entrevue qui, comme elle le savait avec l'habitude, devenait inévitable. Elle remarqua que ses yeux avaient conservé leur couleur grise depuis ce fameux jour, et elle espérait qu'un jour ils récupèrent le bleu azur qui avait su la faire fondre.
Sans un mot, elle le vit contourner lentement l'étagère sans la lâcher du regard, et Hermione enfonça ses ongles dans la couverture du livre qu'elle tenait entre les mains, méfiante.
Lorsque la distance entre eux fut dangereuse, alors seulement Hermione trouva le courage de couper le lien hypnotique qui l'empêchait de faire le moindre geste, et rassembla quelques bouquins fermement coincés entre ses bras, avant de les glisser dans son sac et de hisser celui-ci sur son épaule. Puis elle se leva.
Tremblante, elle marcha à son tour, sachant très bien que dans quelques mètres elle croiserait le jeune homme dans cette longue allée étroite encadrée de gigantesques étages où reposaient des volumes poussiéreux depuis plusieurs années.
C'est alors qu'elle vit Drago s'arrêter de marcher quelques mètres devant elle, attendant probablement qu'elle passe. Hermione poursuivit sa route d'un pas plus rapide, détourna le regard pour éviter tout risque possible, et passa devant lui comme s'il n'avait pas été là.
Ses yeux se fermèrent aussitôt au contact de la main froide qui lui saisit doucement le poignet. Elle se stoppa, le cœur battant à tout rompre, le cerveau réfléchissant à une vitesse hallucinante. Perdant peu à peu le contrôle de sa pensée, elle trouva néanmoins le courage de rassembler ses idées et se retourna vers lui avec la ferme intention de récupérer son poignet et de lui lancer un regard aussi noir que possible.
Seulement à peine avait-elle eut le temps d'ouvrir la bouche que Drago attrapa ses lèvres. Il était alors trop tard pour Hermione car les moindres parcelles de sa peau frémissaient au contact de l'autre corps et toute volonté de résister venait d'être réduite à néant. Leur langue entamèrent une danse enflammée, Hermione se sentit respirer à nouveau, ne répondant plus d'elle et se laissant totalement aller par cette drogue vitale qui lui avait causé un manque insupportable, responsable de ce mal-être quotidien. Drago passa sa main sous sa nuque tandis que la jeune femme passa la sienne dans les cheveux blonds qu'elle aimait tant, l'autre agrippant fermement le tee-shirt comme pour s'assurer qu'il était bel et bien là. Comment avait-elle pu supporter tant de jours sans cette odeur qui lui emballait le cœur, sans le goût de ces lèvres divines qui avaient le don de lui faire tout oublier jusqu'à son prénom ? Mais cet instant magique ne put durer plus longtemps.
La lourde porte en bois de la bibliothèque fut ouverte à la volée, faisant résonner un vacarme assourdissant dans ce silence de mort. Hermione sursauta et se dégagea aussitôt du jeune homme avec un air horrifié par ce qu'elle venait de faire, et poussa alors un cri de douleur : à travers sa robe de sorcier elle sentit son sang chaud couler le long de son bras, sa peau comme déchirée par un couteau invisible. Le moment intense qu'elle venait de vivre l'avait emmené ailleurs et avait fait abstraction de la douleur, mais le réveil de la plaie n'en fut que plus brutal. Heureusement Drago n'entendit pas son cri plaintif car une voix que trop familière hurla près de l'entrée, et elle n'avait rien de rassurant :
- MALEFOY !
Hermione et Drago échangèrent un regard de surprise, puis le Serpentard sortit sa baguette en entendant Harry Potter courir le long des étagères, hurlant comme un fou.
Hermione lui fit signe de déguerpir en vitesse mais Drago ne bougea pas, curieux de voir ce que lui voulait le balafré. Ce dernier apparût enfin, suivit d'un Ron essoufflé.
- Malefoy espèce d'enfoiré ! rugit Harry en pointant sa baguette vers le blond.
- Hermione ? s'étonna Ron qui apparemment avait essayé de retenir son ami sans grand succès.
- Enfin Harry qu'est-ce qui te met dans un état pareil ? demanda Hermione qui sentait encore son cœur marteler sa poitrine.
- C'est moi...dit calmement Drago non sans un petit sourire.
- Tu n'es qu'une ordure Malefoy ! Hermione écarte-toi ! ordonna le jeune brun.
- Quoi ? dit-elle affolée. Harry calme-toi...
- Vas-t-en ! hurla-t-il.
Ron s'empressa d'aller la tirer par le bras en lui murmurant :
- Ne reste pas là c'est entre eux cette histoire.
Drago et Harry se faisaient face, la baguette sortie, l'un furieux, l'autre amusé.
- Tu devrais me remercier Potter, dit alors Drago. Grâce à moi tu t'es rendu compte de ta naïveté, ça crevait les yeux qu'elle ne t'aimait pas...
- Tu avais toutes les femmes à tes pieds bordel ! s'emporta Harry. Il a fallu que tu viennes me gâcher la vie !
- Chang est seule responsable, coupa Drago d'un ton soudainement sec, maintenant range ta baguette ça vaut mieux pour toi Potter.
- Ne me sous-estime pas Malefoy, tu pourrais être étonné...
- Toi de même...
- Ca suffit tous les deux ! pesta Hermione. Harry, oublie cette vieille histoire et...
Mais elle fut coupée par Harry qui sembla seulement réaliser sa présence, et il la regarda alors comme jamais il ne l'avait regardé, avec un air de dégoût qui lui perfora le cœur :
- Tu savais...murmura-t-il accablé. Hermione tu le savais !
Celle-ci baissa la tête, avec un horrible sentiment de culpabilité, préférant fuir les yeux émeraude au risque de ne pas pouvoir garder longtemps les larmes naissantes.
- Comment as-tu pu me faire ça ! s'écria Harry en s'avançant brusquement vers elle.
Mais Drago se plaça aussitôt devant la jeune femme et menaça d'une voix glaciale :
- Elle n'a rien à voir avec ça alors garde tes distances Potter. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même si tu n'as pas su garder ta copine.
- La ferme !
- Vu le plaisir qu'elle a prit avec moi on aurait dit qu'elle redécouvrait l'amour, ricana le Serpentard. Si tu n'assures pas au lit ne viens pas te plaindre qu'après elle ait besoin d'aller voir ailleurs !
Un éclair bleu jaillit de la baguette du Survivant et atteint Drago en pleine poitrine. Ce dernier fut projeté violemment contre une étagère dont plusieurs bouquins s'effondrèrent sur lui suivit du cri perçant de Hermione. Mme Pince hurla telle une furie depuis l'autre bout de la bibliothèque, et ses pas qui se rapprochaient tambourinaient le sol à la façon d'un troll. Drago se releva, un regard d'un tel gris acier que Hermione prit peur et, à ce moment là, elle pria toutes les forces du monde pour que Harry sorte indemne. Drago fit un mouvement de baguette et il en sortit un énorme boa qui se jeta sur Harry, mais ce dernier eut le reflex de se protéger et alors que les dents tranchantes du reptiles allaient s'enfoncer dans la chair de son cou, l'animal fut réduit à la taille d'un lézard. Hermione et Ron se regardèrent furtivement, pétrifié devant un combat qui n'avait rien de scolaire, mais où la magie noire avait emplie la pièce ainsi que l'esprit des adversaires.
Ce fut au tour de Harry d'attaquer et, toujours sous forme de sort informulé, il leva sa baguette et surgirent de celle-ci une nuée d'étoiles aux lames aussi tranchantes que des rasoirs. Elles fusèrent droit sur Drago qui s'empressa de faire un mouvement rapide et sec avec sa baguette, et les étoiles tranchantes furent transformées en eau avant d'asperger le sol sous les cris stridents de madame Pince. Cette dernière leur ordonna d'arrêter sur le champ mais les deux jeunes hommes ne semblaient même pas l'entendre, comme concentré dans un combat dont tous deux rêvaient depuis plus de sept ans. Devant leur détermination presque terrifiante et son manque évident de connaissance en matière de magie, la bibliothécaire s'enfuit prévenir le directeur après avoir tenté vainement de faire sortir les deux spectateurs.
Il faut qu'on intervienne Ron !
J'aimerais crois-moi ! Mais je ne peux pas bouger, comme toi apparemment !
En effet, la jeune femme était incapable de faire le moindre mouvement, son corps entier refusait d'obéir.
Elle se douta que le sort de paralysie lancé discrètement par Harry n'avait pas pour but premier de les protéger comme elle le pensa au début, mais plutôt de les empêcher d'intervenir dans un combat qu'il considérait comme le sien. L'espace d'un instant, Hermione cru voir une lueur rouge dans les yeux de Harry, sa haine envers Drago ne laissait place à un aucun autre sentiment, il était comme...possédé. Possédé par un désir de vengeance qu'il ruminait au fond de lui depuis la rupture avec Cho et qu'il laissa exploser en trouvant enfin l'identité de l'homme sur lequel il n'avait cessé de mettre un visage, passant par tous les garçons du collège ; même Ron avait prit cette identité un soir où Harry ne trouvait pas le sommeil.
Impuissante, Hermione assistait à un spectacle de magie noire effrayant où les sorts fusaient en tous sens, sans que l'un ne parvienne à toucher l'autre, leur magie étant visiblement de même niveau ; mais Hermione soupçonna Drago de ne pas utiliser ses véritables connaissances en matière de magie noire, sachant pertinemment qu'elle ne lui pardonnerait jamais de faire du mal à Harry.
Mais le Serpentard eut soudain l'air d'en avoir assez de ces enfantillages qui l'ennuyaient presque, et décida d'attaquer une bonne fois pour toute. Il fit tourner sa baguette en l'air en dessinant de petits cercles invisibles et Harry se sentit soudain emporté dans les airs par un tourbillon translucide qui le fit tourner sur lui-même si rapidement que sa respiration se bloqua et son cœur ne tarda pas à être compressé par la vitesse. Alors que son teint prenait une teinte bleutée, Drago leva sa baguette à contre cœur et son adversaire tourna de moins en moins vite, comme un tourniquet en pleine vitesse que l'on ralentit pour le regarder finir lentement sa dernière rotation. Le jeune homme s'écroula par terre et sentit à nouveau l'air pénétrer ses poumons, et sa respiration saccadée devint le seul bruit dans le silence qui s'était installé, bientôt brisé par le rouquin qui se précipita vers son ami :
Harry ! Harry tu vas bien ?
Encore sous le choc, Hermione réalisa seulement que le sort jeté par Harry avait été rompu lorsque ce dernier frôla la mort.
Drago s'avança alors vers le vaincu qui reprenait peu à peu des couleurs, et étrangement il ne cria pas son triomphe mais se contenta de le mettre en garde :
- Je trouve pitoyable le fait de se mettre dans un état pareil pour une femme qui t'a oublié depuis longtemps déjà, mais encore plus idiot de s'en prendre à moi quand on connaît mon passé...Je laisse pour cette fois Potter, sache néanmoins que tu serais mort si Hermione ne tenait pas autant à toi.
Il rangea sa baguette et passa devant le trio, la tête haute. On pouvait entendre Mme Pince qui criait depuis les couloirs, probablement accompagnée de Dumbledore.
Hermione souffla longuement son air jusque là retenu, mais elle n'eut pas le temps de décompresser d'avantage car elle vit avec horreur Harry tendre son bras en direction de sa baguette, la haine et le refus de s'avouer vaincu défigurant son visage.
Ce dernier avait du prévoir sa réaction car il murmura un « protego » lorsque Hermione lui lança le sort de désarmement, et ce fut sa propre baguette qui lui échappa des mains.
A ce moment elle su exactement quel sort il lui réservait, le connaissant que trop bien pour deviner qu'il s'était retenu jusque là. Sans réfléchir, Hermione eut pour seule réaction de crier en direction de Drago avant de se jeter sur lui.
Celui-ci fut violemment projeté à terre, sentant un poids lui qui l'empêchait de respirer correctement. Un peu sonné, la joue contre le sol, il plissa légèrement les yeux pour distinguer ce qui serpentait sur le carrelage à quelques centimètres de lui. Lorsque sa vue se fit plus nette et qu'il comprit que ce qu'il distinguait n'était rien autre que du sang encore noir qui s'écoulait en abondance, il voulut se dégager mais il sentit que son corps entier était humide et chaud. Trempé de sang, Drago entendit les cris des deux hommes résonner à ses oreilles, puis le poids sur son dos fut soulevé par lévitation et il put enfin se relever. Il fut alors pétrifié devant la scène qui s'offrait à lui : Hermione flottait inconsciente dans les airs, son corps haché par de profondes entailles d'où s'échappait continuellement une fontaine de sang. Dumbledore venait d'envoyer Mme Pince chercher l'infirmière tandis qu'il tentait de refermer aussi bien que possible les blessures à l'aide de sa baguette pendant que le professeur Mc Gonagall tenait la jeune femme en lévitation.
Drago tourna vivement la tête vers le responsable qui était encore au sol, immobile, abordant une expression d'horreur et de surprise alors que le rouquin se précipitait vers son amie qui se faisait emmener d'urgence à l'infirmerie par Mme Pomfresh.
Harry fut obligé de détacher son regard de l'endroit d'où venait de disparaître Hermione, car il sentit soudainement son col se faire agrippé par une poigne féroce et deux yeux gris se plantèrent dans les siens l'instant d'une seconde, avant de sentir sa tête violemment chavirer sur la gauche. Le coup porté à son visage ne fut rien à côté des deux autres que Drago enchaîna. Le cri strident de Mc Gonagall le fit lâcher prise et Harry s'écroula pour la seconde fois sur le sol, un goût infecte de sang dans la bouche et une douleur sur toute la partie droite de son visage qui lui donna une terrible nausée. Il vit avec une certaine peur Drago s'accroupir à sa hauteur :
- Si elle perd la vie, je jure devant Merlin que tu perdras la tienne Potter...
Un ordre sec se fit entendre et Harry comprit que Mc Gonagall s'adressait au Serpentard qui se permit d'ailleurs de répliquer avec une insolence qui imposa le silence au professeur de métamorphose. Une fois seule, cette dernière s'avança vers lui et il entendit plusieurs « Seigneur » avant de sombrer...
Bien que les récents évènements avaient provoqué une certaine agitation chez les élèves, la nuit fut étrangement calme et paisible. Les couloirs étaient déserts et Drago put aisément atteindre l'infirmerie sans encombre. La grande porte grinça et le jeune homme jeta un coup d'œil à l'intérieur. Au première abord, les la salle semblait vide, mais en regardant de plus près, Drago discerna une forme allongée dans le dernier lit de la pièce. Silencieusement, il s'avança et contempla le visage abîmé et meurtri de la jeune femme, son corps faible et fragile, son teint presque plus blanc que les draps eux-mêmes. De longues cicatrices encore rouges flamboyantes recouvraient ses bras et sûrement d'autres parties du corps qu'il ne pouvait voir à cause du pyjama.
Il tira une chaise qui se trouvait à proximité et s'y assit. L'état pitoyable de la Gryffondor lui rappelait le sien l'année précédente, victime de ce même sort : Sectumsempra. Il se souvint de la douleur atroce qui lui avait transpercé chaque parcelle de son corps bientôt tailladée de part et d'autre. Il avait failli y rester. Mais elle, elle était tellement plus forte que lui, faisait face à tellement de situation en ne pensant qu'au bien être des autres. Elle méritait tant de vivre. Sa place n'était ni dans un lit d'hôpital ni dans une tombe, mais était-elle auprès de lui ?
Bien sûr. Bien sûr que oui, ils étaient fait l'un pour l'autre, il le savait, il le sentait. Jamais il n'avait été aussi sûr, cette femme était celle qui lui fallait, une perle unique qui elle seule lui correspondait, la seule présence qu'il pourrait supporter toute sa vie, jusqu'à ne plus pouvoir s'en séparer...
Il lui prit doucement la main mais à peine l'eut-il touché que la froideur de la peau l'effraya, et il rétracta son geste.
- Tu te souviens, murmura-t-il comme s'il espérait qu'elle l'entende, tu m'avais dit que le jour où je donnerais ma vie pour quelqu'un je saurais que je suis amoureux.
Il sourit tendrement et prit sa tête dans ses mains :
- Si tu savais à quel point, pour la première fois de ma vie, je me fiche éperdument de mourir, tant que toi tu vis...
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Tout le monde peut tomber amoureux Malefoy (Dramione)
FanficCette histoire ne m'appartient pas elle est de MalefoyHeartless sur fanfiction.net