Naëva était en fait un peu plus grande que moi en taille. Ses longs cheveux bleus étaient attachés en deux couettes qui tombaient sur ses épaules. Sous son grand manteau noir (les semaines étaient passés et novembre touchait presque à sa fin) elle portait une chemise à carreaux rouges, ouverte sur un T-shirt gris. Elle utilisait des chaînes de différentes tailles et formes comme colliers, bracelets, ceinture, ou même pour recouvrir ses élastiques à cheveux, et des épingles à nourrices fermaient un peu mieux les trous de son jean, sous lequel apparaissait un collant à larges résilles.
Je sais que je te le dis tout le temps, mais j'adore vraiment ton style. soufflais-je en apportant les chocolats chauds.
Ma meilleure amie était assise sur mon lit et regardait distraitement par la fenêtre. Je l'avais laissée s'installer dans ma chambre tandis que je préparais les gourmandises. Je n'avais pas très envie d'un repas de midi de toute façon, puis il était déjà presque quatorze heures et Naëva avait déjà mangé dans le train.
Merci. sourit-elle en prenant son mug. D'autres ont dû penser comme toi, j'ai dû donner trois fois mon numéro de téléphone jusqu'à ce que je te retrouve ! Ce que les garçons peuvent être ennuyeux quand ils s'y mettent !
Ça, je ne te le fais pas dire !
Naëva venait de la campagne. Elle ne connaissait pas Paris et, avec son eye-liner noir autours des yeux, qui lui donnait un style un peu alternatif rien que dans le regard, cela ne m'étonnait même pas qu'elle se soit faite embêter, même si j'aurais voulu cogner chaque pervers qui avait osé la forcer à donner son numéro.
Alors ! me ressaisis-je soudain. Tu me racontes ? Comment tes parents ont enfin accepté que tu viennes ici ?
La jeune fille parut tout d'abord un peu embêtée, puis elle se leva, non sans récupérer un coussin, le posa par terre et s'assit dessus, calant son dos et sa tête contre le mur. Pour avoir déjà fait des appels vidéos avec elle, je savais ce que cela voulait dire : mon amie allait se lancer dans une longue explication, pleine de rebondissement.
Je m'assis donc plus confortablement encore pour l'écouter. Ses histoires étaient toujours merveilleusement bien racontées.
En fait, au début, ils n'étaient absolument pas d'accord. Tu sais aussi bien que moi comme ils sont : fermés d'esprits, à ne rien vouloir entendre, à ne rien vouloir faire, et surtout à ne rien vouloir me laisser faire. Je t'avais déjà dit que la situation se dégradait entre eux, aussi. Il y a quelques semaines, c'est devenu vraiment intenable : chaque repas était devenu une dispute, et même chaque moment passé ensemble. Ils ne se supportaient plus. Ma sœur Alla ne rentrait plus à la maison le week-end, à cause de l'ambiance, et Max s'enfonçait dans les drogues et les fêtes. J'étais la seule à devoir rester à la maison en permanence, lorsque je ne pouvais pas m'échapper au lycée, la seule à devoir supporter leurs cris matins, midis et soirs. Je ne voulais pas t'en parler parce que... Tu avais l'air tellement heureuse, avec Théo... Je ne voulais pas t'inquiéter...
J'ai réussi à trouver un travail dans un restaurant de mon oncle, ce qui me faisait une échappatoire supplémentaire à la tempête permanente qu'était devenue la maison. En plus, je gagnais de l'argent toutes les semaines. Bientôt, j'ai eu assez pour un billet de train jusqu'à chez toi, puis assez pour vivre environ un mois, et il fallait vraiment que je déserte de chez moi. Mais je ne voulais pas venir si ça te dérangeait. D'un autre côté, je voulais te faire la surprise. Comme je n'avais pas de moyen de contacter tes parents, j'ai envoyé un message insta à ton frère. Il ne m'a pas cru du tout quand je lui ai dit que j'étais ta meilleure amie, au début (elle esquissa un sourire). Et puis, à force de parler, à force de lui donner des détails, il a fini par me croire.
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Sms crush
Подростковая литератураLaura Barns, 14 ans, reçoit des Sms d'un parfait inconnu qui dit bien la connaître...