Lorsque l'avion se posa sur le tarmac, je ressentis instantanément une boule se former dans mon ventre ; ce retour à la réalité si brutal, si difficile à vivre qui m'attendait, m'avait empêchée de dormir pendant tout le vol. J'imaginais déjà Andrew, m'attendant un grand sourire aux lèvres, des fleurs à la main et tout ce qu'il y avait de plus impersonnel : cette simple pensée m'arracha un soupir.
« Bienvenue à L'aéroport International JFK de New York ! »
Tout doucement, les passagers commencèrent à se lever et saisir leurs bagages à main. A peine sortie de l'avion, je me rendais à l'évidence, ces longues semaines passées loin de «La grosse pomme » avaient su me rappeler avec brio , à quel point je détestais mon quotidien new-yorkais , la monotonie de mon appartement , et l'ennui des soirées mondaines qui m'attendaient de pieds fermes.
L'air de New York, si humide à cette période de l'année me frappa en plein visage comme un jet d'eau glacée , après de longues minutes dans une fille d'attente interminable , et un bref passage vers le tapis roulant , je me dirigeai vers la sortie, espérant trouver Andrew au plus vite , je me sentais mi-heureuse, mi mortifiée , tant la nostalgie me tenaillait. Je me mit alors à arpenter cet immense aéroport , de long en large , récoltant quelques insultes des passagers que je bousculai au passage ; mais au fil des allers retours , je me rendis à l'évidence amère : Il n'étais pas là. Je posai alors mes valises , et m'assit dessus sortant mon smartphone.
« Miss Tutu! »
Je me retournai instantanément ; j'aurai pu reconnaître cette voix parmi des millions d'autres voix , et ce n'étais pas une prétention. Heureuse de ne pas avoir eu à appeler un taxi , je sautai à son cou , un grand sourire aux lèvres
« Eliott !! Tu m'as tellement manquée ! »
M'écriai-je en caressant sa barbe.Il marqua un temps d'arrêt avant de me dévisager, de la tête aux pieds.
« - Hum. Tu as encore maigri toi ! Je t'ai manqué ? Ne me fais pas rire, si je te manquais tant, tu m'aurais appelé de temps en temps »
Dit-il en saisissant mes valises, et en me poussant vers la sortie.-Oui je sais Eliott , Je n'avais le temps de rien. Lui dis-je en souriant.
-Ton Instagram me dit le contraire , Emmy. Me répondit il en jetant presque les valises dans le coffre de son 4x4 flambant neuf ,
« Tu sais bien pourquoi je fais tout ça » Répondis-je en m'engouffrant dans la voiture, sans manquer de me cogner la tête au passage.
Il s'installa enfin , et démarra en trombes.
« Encore une nouvelle voiture ?! » M'écriai –je , en caressant le cuir luxueux des sièges confortables.
« Ma cocotte, faut se mettre au goût du jour de temps en temps ! » Dit il en s'engageant sur la voie principale.
Je connaissais Eliott depuis près de douze ans , on s'étais rencontrés lorsque mes parents avaient décidés de m'envoyer dans un pensionnat prestigieux , Outre-Manche , La haine commune que nous avions éprouvé pour L'Angleterre , et l'institution plus particulièrement nous avait indéniablement rapprochés. Depuis lors, il avait été là, à chaque étapes de ma vie , sa personnalité si gaie , mais si réfléchie à la fois , ne cessait de m'émerveiller. J'étais confortablement assise , dans cette voiture de luxe, qui s'amusait à slalomer entre les véhicules jaunes , mythiques de New York , mais je ne pouvais m'empêcher de penser à Andrew, à la raison de son absence , fixant la route , et triturant le pendentif suspendu à mon cou , j'essayai de formuler cette question qui me brûlait tant les lèvres. Il me tira de mes pensées :
« Hm , vu comment tu fais souffrir ce pauvre bijou , Tu dois avoir quelque chose à me demander » Dit il en me jetant un cou d'œil suspicieux.
Eliott avait le don de me deviner en un seul regard , tant il me connaissait. Je lui jetai un cou d'œil furtif , et posai la question après de maintes hésitations.
« C'est Andrew qui t'a demandé de venir me chercher ? »
Il se tut et fixa la route de longues minutes, mâchoires serrées et les yeux dans le vide : Eliott avait toujours eu des réticences vis-à-vis de ma relation avec Andrew, relation qui durait depuis plus longtemps que je ne pouvais m'en souvenir. Il finit par dire doucement :
« Tu sais bien qu'Andrew aurait envoyé un chauffeur , pas moi. Donc non, il ne m'a pas demandé de venir te chercher , J'ai appelé ton concierge , et il m'a dit que tu avait signalé ton retour pour aujourd'hui. »
J'haussai les épaules d'un air faussement dégagé ; il avait raison ,et je le savais. Andrew n'étais du genre à demandé service à mes amis, ou a demander service tout court. Il avait tout simplement, tout banalement oublié de venir me chercher , et rien que cette pensée me fit mal au cœur. Cette éventualité , n'en étais pas une , elle avait un goût amer d'évidence , ce retour si brutal à la réalité me rappelait à quel point j'avais l'impression qu'Andrew m'échappais un peu plus chaque jour, et à quel point nos priorités semblaient s'éloigner les unes des autres.
Le reste du trajet se déroula dans un silence total , je n'avais plus aucune envie de parler, et Eliott semblait l'avoir compris : il se tut également ,une fois dans l'Upper East side , et devant mon immeuble , il se gara et m'aida à monter les valises.
« Mlle Grant ! Quel plaisir de vous voir !
- Bonjour Tony , comment vas-tu ?
- Je vais aussi bien qu'un réceptionniste peut aller ! »
Me répondit il en souriant , je lui fit signe de la main , et me dirigeai vers les ascenseurs , toujours dans ce silence qui nous pesait. Une fois sur le pas de la porte , Eliott me prit dans ses bras , et déposa un baiser sur mon front, comme il l'avait toujours fait : à cet instant je ressentit un élan de tendresse , qui me manquait depuis mon départ pour Paris.
« Emmy , commença t'il. Je suis sur qu'il a une raison valable , il viendra sûrement te voir.. Je passerai peut être ce soir, repose toi »
sur ce, il tourna les talons et ferma la porte lentement derrière lui. Je savais qu'Eliott voulait bien faire en me réconfortant , mais ces mots aussi tendres qu'ils avaient été , me fit me sentir encore plus misérable. Poussant ma valise dans un coin, je me posai doucement sur mon sofa blanc, la seule chose qui me plaisait réellement dans cet appartement trop grand, et bien au dessus de mes moyens, que mes parents avaient jugé bon de m'offrir , lorsque j'avais décroché mon premier job , à New York , grâce à eux, évidemment. Mon –pourtant bel- appartement ne m'avait aucunement manquée , j'avais toujours préféré les petites maisons chaudes et chaleureuses , qu'on ne rencontrait certainement pas dans cette ville que je détestais tant. Lentement, je m'avancai vers le téléphone fixe , qui trônait sur une petite table en verre, je me mit à consulter ma messagerie :
«Oh merde ... ce truc marche pas.... Ah si..oh.. Euh Cassenoix ? Eliott m'a dis que tu revenais aujourd'hui ? Je passerai te voir, histoire qu'on colporte un peu »
Je me mit à rire , imaginant Tania se débattre avec son téléphone , en essayant tant bien que mal de me laisser un message , j'appuyai alors sur la touche , espérant secrètement trouver un message d'Andrew.
« Mademoiselle Grant ? Je suis Melinda Froster , Assistante d'Elisabeth Frankle , nous aimerions être en contact avec vous , pour un projet d'interview , concernant Andrew Brentwood , et sa course politique... » , Je passais directement au message suivant , fatiguée d'entendre les mêmes choses à chaque fois . J'avais passé en revu tous les messages : aucun d'Andrew , vexée , je m'affalai sur le canapé.
[Désolée pour ce chapitre qui est assez long ! Je ne voulais surtout pas couper , cette "mise dans le bain" , Commentez ,partagez dites ce que vous pensez , Je vous écoutes ! ]
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L'autre
RomanceLeur histoire avait toujours existé , depuis plus longtemps qu'elle n'aurait pu s'en souvenir , il avait toujours été là , lui et la danse classique : les deux poumons qui lui permettaient de respirer , de supporter cette petite vie monotone de Work...