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Elle avait tourné la tête dans sa direction, plissant ses yeux comme si son regard avait capté quelque chose. L'impression d'être pris la main dans le sac le saisit et il se décala pour ne plus être à sa merci, cependant il continua de la zieuter. D'un geste gracieux elle plaça une mèche de cheveux derrière son oreille, ses fins doigts tenaient une fourchette qu'elle tint en suspens, salivant devant son assiette.
— Elle me regarde de ses yeux globuleux, et me fais un doigt d'honneur ! Mais alors je te raconte pas le sale quart d'heure qu'il a passé lui, parce que je savais que c'était lui le coupable puisqu'il s'amusait à lui apprendre ce geste quand j'avais le dos tourné.
Elle rit bruyamment à l'anecdote que lui racontait son amie, elle secoua la tête de gauche à droite avec amusement.
— Sacrée petite, tu dois en être fière mine de rien.
Sa douce voix de velours s'insinua en lui, caressant du bout des doigts son cœur trop abimé. Il aimait l'entendre parler de cette voix si douce, si rassurante. Mais il se rappelait qu'autrefois, sa voix n'avait rien de similaire, elle était nasillarde, elle lui crachait sans scrupule de violentes insultes accompagné d'un air dédaigneux.
Il remarqua le tremblement violent de sa main, le souvenir qui venait de surgir dans sa mémoire le fit grogner, il aurait voulu oublier. Il se mit à mordre férocement sa lèvre inférieure essayant de garder son sang-froid, mais la colère suintait par tous ses pores, ses pensées se mêlaient à la réalité le mettant aussitôt dans un état second.
Son regard se perdit dans le vide, quand quelques mètres plus loin il se vit lui-même, appuyé contre un petit muret, brandissant une arme qui luisait sous la douce lumière de la lune. Les lèvres de son sosie se retroussèrent en un sourire diabolique, ses yeux d'un rouge vif le regardait fixement.
— Finis-en avec elle, murmura-t-il. Putain mais t'es faible Djibril, tu devrais vraiment songer à te foutre en l'air il rit. Souviens-toi de tous ces moments horribles que tu passais dans les chiottes de ton collège à pleurer toutes les larmes de ton corps, parce qu'elle s'amusait à t'humilier avec ses potes ! Il hurla avec rage.
Il cligna des yeux l'air fou, puis fixa l'endroit où il était censé avoir vu son sosie – mais il ne vit rien, l'endroit était sombre et vide.
— Il faut vraiment que j'en finisse, sinon j'vais devenir barge souffla-t-il massant ses tempes à l'aide de ses deux index.
