Chapitre 2

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Dylan

Maria... Elle te ressemble tellement, ses longs cheveux roux tombant sur ses hanches, sa peau laiteuse parsemée de tâches de rousseurs et ses grands yeux verts qui exprime une audace incomparable. Je n'ai pas pu m'en empêcher, quand je l'ai vu, j'attendais patiemment le lendemain, afin de la regarder une nouvelle fois marcher devant moi. Mais ce jour, ce jour où elle est passée plus tôt qu'à son habitude. Je n'ai pas réfléchi, et je l'ai enlevé. Je la voulait tellement, je ne pouvais pas raté un seul jour de ma vie, je ne pouvais pas raté une journée à l'attendre sans la voir.Et son amie, comment peut-elle être amie avec ça ? On ne mélange pas les reines avec les petites paysannes. Je n'ai eu aucun mal à m'en débarrasser, de cette gêne inutile et sans intérêt. Elle ne risque pas de me dénoncer, ah ça non c'est sûr. Je m'en suis chargé, il ne peut pas avoir de témoin si je veux que ma belle poupée de porcelaine reste avec moi. Sonia, je prendrais soin de toi je te promet.

Cela fait deux semaines que je la retiens dans le grenier. Chaque lundi à midi pile je lui apporte un repas et une bouteille d'eau pour une semaine. Je la veux en vie mais elle doit être assez faible pour ne tenter aucune évasion, ni avoir la capacité de trop réfléchir à un plan qui la libérera de ses chaînes. Je vide tous les soirs le petit pot qui lui sert d'urinoir et chaque matin je l'emmène faire une petite toilette dans ma salle de bain. Je prends soin de lui bander les yeux, ainsi elle ne sait pas où se trouve la sortie de ma petite maison. De temps en temps, je lui tiens compagnie, elle ne me regarde jamais, elle ne me parle jamais, ô comme j'aimerais qu'elle me regarde et qu'elle me parle. Alors c'est moi qui fait la conversation.
"- Sonia, tu sais, quand j'avais ton âge, j'étais déjà amoureux de Maria. Et toi ? Tu aimes quelqu'un ? Tu as un petit copain ?"
Je m'attendais une fois de plus à un silence, mais à ma grande joie, elle plongea ses yeux droit dans les miens et se mit à articuler ces mots : "- J-je... Je ne sais pas. Je ne... je ne connais pas l'amour."
Je l'observais, ses yeux étaient ouverts et crispés, elle me regardait sans me voir, comme si j'étais invisible. Elle paraissait à ce moment là, tellement vide, si peu intéressante. Je l'avais cassé. Je me rendais compte que peu à peu, jour après jour, elle perdait de sa lumière, de sa couleur. Le roux étincelant de sa crinière devenait fade, cette braise, ce rouge incandescent c'était éteint. Je venais de répéter le sort cruel que j'avais fait subir à Maria. Je tuais Sonia à petit feu, de l'intérieur elle se consumait, je devais agir. Alors je l'ai détaché, attendant le moment fatidique où elle se lèvera et tentera de s'enfuir, le moment où je serais contraint de la frapper une fois de plus. Encore et encore, pour la punir, pour la punir de ne pas m'aimer comme Maria le faisait avant.
Mais Sonia ne bougeait toujours pas, elle avait compris que je la gardais ici pour son bien et que jamais je ne la laisserais partir.

Je la contemplais comme à mon habitude. Elle dormait sur le plancher froid et humide qui moisissait dans mon grenier. Je lui avait mis cette petite robe bleue de printemps, elle lui allait à ravir. Recouvrant légèrement son corps d'un fin voile, dévoilant subtilement la peau de son corps entier. Ses cheveux lui retombaient sur le visage et chaque souffle qu'elle expirait les faisait bouger.
Il était 21h quand j'ai décidé de sortir de chez moi faire une petite balade. Dans le quartier, on entendait des chiens aboyer, la lumière des maisons s'éteignait peu à peu et les lampadaires illuminaient le trottoir juste assez pour que je remarque que tous les poteaux étaient placardés d'affiches. Je m'arrêta un instant pour lire. Aucune affiche de recherche, personne ne semblait vouloir retrouver Sonia. Pourtant elle a de la famille, enfin elle vivait avec sa mère.
Je retourna chez moi vers 22h, j'alluma la télévision, la chaine locale diffusait les informations en boucle. Aucun journaliste n'a fait allusion à une fugue, ou à un enlèvement. J'étais donc tranquille, ils n'avaient pas signalé la disparition de Sonia. Soudain j'entendis des bruits de pas. Je vis dans l'écran qui se trouvait devant moi, une silhouette immobile.
"- Sonia, tu m'as fait peur. Ne reviens plus jamais ici si tu ne veux pas que je te rattache."
"- Pourquoi personne ne me cherche ?" Une larme s'échappa de ses yeux, puis elle se mit à sangloter. Et elle s'est écroulée sur le tapis du salon, et devant moi je voyais une petite fille. Je la pris dans mes bras, j'essayais de la réconforter. Mais rien n'y fait, que dire ? Son absence ne s'est même pas fait ressentir au près de sa mère. Et pourtant Sonia est la plus belle chose qui soit.
"- C'est comme ça, c'est donc ainsi qu'elle se débarrasse de moi ?"
"- Jamais je ne te laisserais Sonia, reste avec moi, je te promet que je te laisserais vivre normalement à mes côtés. Laisse moi t'appeler Maria et tu seras libre dans cette maison."
"- Quoi ?! Mais pourquoi ?!"
"- Réfléchis, tu n'as nul part où aller maintenant, ta mère te reniera. Reste avec moi je t'en prie."
Puis dans un souffle je m'exclama "Je t'aime".

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant