Du haut de ses 17 ans, Francis Beaulieu n'avait pas une grande expérience de vie, cependant il savait comment reconnaître une situation désavantageuse. À force d'en vivre continuellement, on fini par être capable de les distinguer. Il ne se remémorait pas de la première fois où il s'était mêlé à ce genre de situation. D'aussi loin qu'il puisse se rappeler, sa vie n'avait jamais été joyeuse. Même s'il était quelque peu charismatique personne ne semblait l'apprécier et ça, il le savait depuis des années. Son physique peu admirable ne l'avait jamais aidé, il l'amenait plutôt à se faire rejeter. Mis à part ses cheveux blonds comme les blés ainsi que ses yeux d'un vert émeraude éclatant, il était quelqu'un de relativement peu remarquable, il se faisait tout de même intimider continuellement. Ses principaux agresseurs étaient toujours les mêmes, les racailles du coin. Quoi qu'il fasse, quel que soit l'endroit où il allait, ils le trouvaient partout. Ils n'avaient jamais ratés l'occasion de lui foutre une bonne raclée pour en finir avec cette fameuse phrase : « Alors Francis, t'es déterminé à te faire battre pour le reste de ta vie ? » Ce à quoi il répondait par la négative, tout en essayant de s'enfuir de ses ennemis. Même en classe il se faisait rabaisser. Les professeurs semblaient avoir pris le parti du gang car ils ne réagissaient jamais. Même quand ceux-ci s'en prenait directement à lui devant témoins, personne ne semblait le remarquer. Il s'était déjà plaint par une fois au directeur de l'établissement mais celui-ci lui avait seulement conseillé de ne plus parler en mal des enseignants qui étaient sous sa gouverne. Il maintenait que si un professeur avait réellement fait preuve de négligence, un autre élève s'en serait plaint depuis longtemps. Sa première session de cégep s'était déroulé à peu près comme ça, tout au long de celle-ci il s'était fait marcher dessus par les autres et n'avait rien pu faire pour changer sa situation. Souvent il rêvait de rencontrer quelqu'un qui l'aiderait à tenir tête aux autres, quelqu'un qui lui permettrait de se tirer de ce pétrin. Malheureusement, même les nouveaux qui arrivaient étaient soit déterminés à rendre la vie de Francis encore plus dur, soit ils se foutaient complètement de lui et ne lui adressaient jamais la parole. Non, ils étaient trop occupés à montrer leur valeur aux caïds pour entrer dans un gang quelque peu populaire. C'est à croire que tout le monde était contre lui dans cette stupide petite ville.
Francis et sa mère avaient déménagé en fin-novembre car celle-ci avait obtenu une promotion, ils étaient donc parti de la Gaspésie, laissant derrière eux les paysages magnifiques ainsi que les hautes montagnes pour venir se rapprocher du travail de sa mère, dans ce petit village banal appelé St-Amable près de la grande ville de Montréal. Le père de Francis était parti en Alaska il y avait de cela une dizaine d'années, ils ne se voyaient donc que très rarement, en fait la dernière fois qu'ils s'étaient parlé remontait maintenant à deux ans. Francis n'était pas plus aimé dans son ancienne ville mais au moins il connaissait trois ou quatre personnes qui acceptaient de traîner avec lui dans les rues durant le week-end. Maintenant, non seulement il perdait contact avec ces quelques personnes valant la peine d'être aimées mais il se retrouvait également dans un environnement inconnu avec pour seule présence familière une mère qui ne l'aimait pas et quelques gamins bagarreurs qui n'avaient rien à faire de sa présence à part quand ils cherchaient quelqu'un à tabasser.
Bref, Francis ne s'enlignait pour rien de bon ici. À cause du manque d'encouragement et de motivation il obtenait des notes médiocres à l'école et même si sa mère n'en avait cure, il se forçait pour augmenter les résultats des cours avec lesquels il avait de la difficulté. Il n'aspirait à rien de spécial pour son futur, sans grandes ambitions il avait le profil parfait de l'adolescent blasé qui se dit que tout finira par être beau comme par magie. Sa deuxième session de cegep n'avait pas encore commencé mais elle ne tarderait pas à arriver. Il espérait que les choses changent mais il n'avait pas l'intention de faire trop d'efforts pour que son souhait se réalise. D'ailleurs il ne savait même pas ce qu'il faisait encore au cégep, un DEP lui était suffisant selon lui. Pendant ce temps, en attendant le jour fatidique où il devrait retourner parmi ces dégénérés qui faisaient de sa vie un enfer, il jouait avec son Pc, à quelques jeux téléchargés sur Steam. Sa mère ne cessait pas de lui donner des tâches à faire, laver la vaisselle, sortir les ordures ou bien passer l'aspirateur. Il ne s'agissait que de tâches ménagères bien simples mais pour lui, c'était presque de la torture. Quand elle revenait le soir elle vérifiait que tout ce qu'elle avait demandé de faire était bien fait, si ce n'était assez satisfaisant à son goût elle lui faisait recommencer jusqu'à ce qu'elle juge le travail comme étant acceptable. Parfois, elle le frappait avec une ceinture ou un chiffon humide « C'est pour te remettre les idées à leur place et te donner de la motivation pour bien faire le travail » disait-elle. C'est pourquoi Francis la détestait. Il aurait donné n'importe quoi pour que son père soit à la place de cette folle, lui au moins savait quoi faire pour que son fils se sente bien. Malheureusement il n'était pas là. Pas là pour son unique enfant. Pas là pour la femme qu'il avait épousé. Francis l'aimait soudainement beaucoup moins. En plus des autres qui l'intimidait et de sa mère qui le rouait de coup à la maison, les souvenirs de son père faisaient douloureusement surface dans sa mémoire. Cela laissait un goût amer dans sa bouche, le goût de la haine pensait-il. Il se sentait soudainement encore plus délaissé qu'il ne l'était déjà. Il repensa donc à la lame de couteau et eu fortement envie de l'utiliser à nouveau.
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Hantise
Misterio / SuspensoFrancis Beaulieu mène une vie plutôt morne, depuis qu'il a emménagé dans le petit village de St-Amable, plus rien ne semble aller pour lui. De plus, plusieurs événements étranges surviennent dans le village depuis que l'Ombre l'a approché. Plus rien...