Chapitre 2

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Ils roulèrent ainsi de longues heures, dans la nuit. Une fois parvenue dans le voiture Eden et ses compagnons leurs avaient tout expliqué : la conférence de Wannsee qui s'était déroulée dans la matinée, les modalités administratives, politiques et diplomatiques de la « Solution finale de la question juive », et enfin pourquoi ils les aidaient.

- « Il y a quelques années de cela votre petite fille m'a sauvé la vie je crois qu'aujourd'hui il était temps d'en faire de même. »

Mais lorsqu'Elsa demanda doucement à Eden pourquoi ses amis l'aidaient aussi, un des soldats qui l'avait entendu éclata de rire et répondu :

- « Petite, je pense qu'aujourd'hui le Führer commet le crime le plus inhumain qu'on ait jamais connu. Je me dis qu'au moins si je meurt je mourrais noble».

En effet, ce dernier, lui, ne m'échappa pas.

Ils roulèrent ainsi de longues heures. L'air froid s'engouffrais a travers certaines les fenêtres fissurées, mais il ne réussi pas à rendre l'ambiance plus froide. Elle était déjà glacialement mortelle. Je m'étais glissée à l'intérieur de la voiture et me tenais entre les parents d'Elsa et le soldat à l'arrière. N'y voyez aucun mauvais présage ! Ce qui arrivera ensuite n'était pas mon œuvre. Je ne suis pas la cause d'un décès. J'en suis sa conséquence.

Elsa pleurait toujours doucement dans les bras d'Eden et ... Oh ! C'est vrai, je ne vous l'ai pas dit. Pardonnez moi, parfois j'oublie que vous n'êtes pas la.

Après une discussion sur la « solution de la question juive » donc, un long silence assourdissant résonna durant de longues minutes. Ils arrivèrent a un contrôle de police. Les soldats leurs demandèrent ce que signifiait « ça »... Et Eden répondit tranquillement qu'il ne s'agissait que « D'UNE SALE VERMINE JUIVE TROUVEE EN TRAIN DE S'ENFUIR ».

Pardon si je m'énerve, je m'énerve rarement, mais ces propos me mettent hors de moi. Elsa, en entendant son cher ami prononcé de tels mots se mit à pleurer. Je me rappelle encore de ce regard dédaigneux que lui lança Eden, des pleurs d'Elsa qui redoublèrent, et de cette tension palpable lorsqu'Eden s'arrêta quelques mètres plus loin.

- Fahrst ! hurla t-il a son camarade en descendant de la voiture.

- Mais ...

- Ta gueule !

Il rejoint Elsa et, quelques secondes plus tard, elle fut dans ses bras. Elle pleura, beaucoup, et après cette brève tension Eden ne la lâcha plus.

La route continua ainsi de longues heures encore, s'étirant dans la nuit noire et figée. Figée, oui. Le temps semblait s'être arrêté.

Enfin ils arrivèrent. Un homme les attendait. Il était grand, brun, et sa grosse figure exprimait l'angoisse et la gravité. Les soldats le saluèrent, Eden le salua, l'embrassa comme le vieil ami qu'il était, ils n'échangèrent pas un mot, mais plusieurs regards, des regards lourds et angoissés.

Ils entrèrent dans une usine. Et les trois autres soldats repartirent.

Arrivé a l'intérieur, ils franchirent un interminable couloir, et enfin, oui enfin pénétrèrent dans une petite pièce mal éclairé mais bien chauffé.

Eden s'assit. Elsa sur ses genoux. Mais ses parents, eux, restèrent debout.

L'homme, toujours sans dire un mot, servit de la soupe.

- « Mangez. »

Je les regardais manger, mais je contemplais avant tout cet homme, cet homme et son âme si calme, que je sentais s'être joué de moi plus d'une fois.

Quand ils eurent terminé, l'homme parla.

- « Oskar »

Et la fillette instinctivement répondu :

- « Elsa »

Une lueur brilla dans les yeux du sauveur.

- « Tenez » dit-il aux parents d'Elsa. « Voilà des papiers. Des vêtements. Partez maintenant. La voiture vous attend. A partir d'aujourd'hui vous êtes frère et sœur. 2 Allemands. Votre chauffeur vous expliquera quoi faire pendant le trajet. Faite lui confiance c'est un vieil ami. Elsa va rester avec moi ... Avec nous. Je suis désolé, c'est ainsi. »

- « Mais ! » s'exprima la mère d'Elsa.

- « Hors de question » rugit son père.

- « Il le faut. » s'exprima une voix calme, malgré ses sanglots. « Papa, Maman je vous aime plus que tout au monde. La guerre se terminera. Et nous nous retrouverons. C'est une une promesse.

Encore une fois, le regard de l'homme s'alluma.

Il eu des larmes, et beaucoup d'amour. Elsa entendit le moteur démarrer, les portes se fermer, et alors elle courut, courut dans la nuit froide vers cette voiture qui partait et qui s'éloignait. Et de cette scène, je ne garde gravé en moi que l'amour et la peur qu'Elsa transmettait par ses yeux, ses beaux yeux bleu. La voiture continua. Alors la fillette s'arrêta. Revint sur ses pas.

Quand elle arriva devant Oskar, elle releva fièrement son petit visage où brillaient encore quelques larmes mal séchées.

Il lui tendit des papiers.

« A présent tu es sa femme. » lui dit-il, en désignant Eden du regard.

Et cette phrase, a la surprise général, déclencha un rire, un rire si pur, si enfantin, si cristallin, que pendant quelque instant j'oubliais tout et je ne voyais plus que cette fillette riant de tout son cœur, ses yeux bleu pétillant de malice.

« Oui bien sur. » lui dit-elle quand elle se fut calmée. Et, se tournant vers Eden, « je t'aime. Tu le sais. »

Elle s'appel Elsa, elle vient de déclarer son amour à un Aryen, elle est juive, et il lui reste un peu moins de 3 ans à vivre.

Des pleurs jusque chez les Morts. (Terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant