Appartement

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Sa voix sortit de l'interphone, douce et paisible. "Oui, qui est-ce ?"

Je n'avais pas envie de mentir, mais je pense que je n'avais pas le choix, si je ne voulais pas tout gâcher. "Je suis un ami d'une de tes amies." Mon premier mensonge. Ca commençait bien. Mais c'était un mensonge blanc, après tout. Et il était très spontané. Pas de quoi en faire un drame.

"Oh." Elle parut surprise. Est-ce qu'elle va me laisser entrer ? Est-ce qu'au moins je la reverrai un jour ? Une angoisse insoutenable monta en moi durant ce silence qui me semblait durer indéfiniment. Ma vue commençait à se troubler et j'avais du mal à tenir debout. Je m'accrochai d'une main à une boîte au lettre, pour éviter de perdre l'équilibre.

"Viens, monte. C'est au 2ème.", dit-elle chaleureusement. Je n'avais jamais été aussi heureux en face d'un interphone. Un petit bruit aigu résonna, signe que la porte était temporairement ouverte. Le chemin est temporairement accessible. Je ne devais pas hésiter. J'ouvris la porte, et commençais à monter l'escalier en spirale d'un pas assuré. Je ne voulais pas précipiter les choses; je ne devais aller ni trop lentement, pour ne pas avoir le temps de paniquer, ni trop vite, pour ne pas tomber dans les escaliers, entre autres. J'allais à la vitesse normale, grimpant les marches une à une, suivant le chemin qui m'était destiné.

Dès mon arrivée à l'étage, une porte s'ouvrit, et elle apparut, dans une robe légère, ses cheveux blonds lisses et soyeux penchant légèrement à gauche, car elle inclinait la tête comme pour mieux me dévisager. J'étais très embarrassé, mais n'en fit rien paraitre, et m'avança auprès d'elle, d'un pas toujours assuré. Malheureusement, ma maladresse prit le dessus et je glissai légèrement sur le paillasson. Pas de quoi me faire tomber, mais suffisamment pour perdre un peu de ma confiance. Elle se retint de pouffer de rire en cachant sa bouche d'une main. Je trouvais ce geste anodin d'une grâce infinie. Elle m'invita à entrer pour que je m'explique. J'entrai donc, tout en la remerciant. Son appartement était sublime. Grand, épuré. Quelques tableaux ajoutaient encore à la beauté du lieu; des portraits de gens aux allures nobles, habillés par le siècle dernier, des paysages de toutes sortes, de la montagne en passant par la mer. Ses parents devaient être passionnées d'art. Mais où étaient-ils, d'ailleurs ?

"Tu veux quelque chose à boire ?", me dit-elle depuis la cuisine.

"Non merci, ta présence m'enivre déjà suffisamment", aurai-je voulu répondre. Je lui ait plutôt demandé si elle avait de la vodka ou quelque chose dans le genre. Ca fait moins classe, je trouve.

Il lui restait un fond de whisky. Je lui ai dit que ça irait très bien. Elle était très serviable, pourtant elle ne connaissait pas mon nom.

"Alors, qui est-tu ?", me demanda-elle tout en me tendant un verre de whisky.

"Merci. Je m'appelle Stanislas."

"Mais encore ?", demanda-elle d'un air malicieux, tout en sirotant son verre. Tous ses gestes me paraissaient si gracieux, sans que je ne sache pourquoi.

"Tu vis toute seule ici ?", demandai-je.

"Non, évidemment, c'est à mes parents, mais ils voyagent souvent."

"Oh, hommes d'affaires ?"

"Oui, ils sont marchands d'art, entre autre."

"Entre autre ?"

Je n'eu en guise de réponse droit qu'à un sourire désarmant, qui me fit sourire à mon tour.

SilhouetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant