Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours cru au coup de foudre. Je n'ai jamais cru à l'amour comme étant le fruit d'une mûre amitié, que l'on cueillerait au moment opportun pour pouvoir fonder une belle et heureuse famille. Non. Les amis sont faits pour durer; l'amour est fait pour brûler. Il est fait pour vous rendre fou, vous hypnotiser, vous empêcher de dormir la nuit, et de réfléchir le jour.
Un jour, au lycée, une de mes amies les plus chères tente de concrétiser. Mais cela m'ennuie. Ce n'était pas ma vision de l'amour, et je n'arrivais pas à accepter son offre. C'était trop prévisible pour moi. Trop ennuyeux. Je voulais quelque chose de plus surprenant. Et en rentrant du lycée ce soir-là, le destin m'a écouté. Alléluia ! J'aperçus la silhouette de celle qui allait me rendre fou. Je ne saurais dire ce que j'ai aimé chez elle en premier - peut-être tout. Surement tout. Elle parlait avec une amie. Même elle, je l'aimais, comme si mon débordant amour rejaillissait sur toutes ses connaissances. Les amis de mes amis sont mes amis ?
Je marchais dans leur direction, mais elles se dirent au revoir et partirent dans des directions opposées. Son amie empruntait le même chemin que moi, un chemin que je connaissais bien, et elle prenait une rue que je ne prenais jamais, ne lui jetant qu'un coup d'oeil distrait de temps à autres. Mais aujourd'hui, je décidai de suivre ce chemin. Je sentais qu'aujourd'hui était un jour particulier. Le destin m'avait parlé. Cette fille m'est destinée ! Mais mon destin marchait drôlement vite. Elle bifurquait de rue en rue comme pour me semer. Je n'osais courir que de temps en temps, pour ne pas avoir l'air d'un détraqué en public. Heureusement, elle s'arrêta à une porte d'appartement. Je ne saurais dire pourquoi, mais j'aimais le bâtiment dans lequel elle entrait. Peut-être était-ce son architecture ancienne ? Ou ses beaux balcons ? Conneries. Je l'aime parce qu'elle y habite, aussi stupide que cela paraisse. Mon amour pour elle était si soudain que j'en étais moi-même surpris.
Le soleil commençait à disparaitre à l'horizon, et je me demandais ce que j'allais faire dorénavant. Je ne savais plus où j'étais, faire demi-tour aurait été fortement ennuyeux. Pourquoi l'aurais-je suivi si je n'avais pas envie de lui parler ? Je décidai de prendre mon courage à deux mains, et de sonner à l'interphone. Sauf que je n'avais pas son nom. Quel idiot ! Je restai là, en face de l'interphone, ne sachant sur quel nom sonner, lorsque je vis un résident sortir ses poubelles. Il devait avoir la quarantaine, et avait l'air sympathique. Je lui demandai immédiatement quel était le nom de l'adolescente qui vivait ici, en espérant de tout mon coeur qu'elle était la seule adolescente de l'immeuble.
"Ah, Rose vous voulez dire ? Sonnez à Crawford jeune homme." Il me sourit, devinant peut-être ce qui se tramait dans ma petite cervelle d'adolescent.
Rose. J'aimais déjà passionnément son nom. Je pris une grande inspiration, et sonne à l'interphone. Je n'avais pas envie de préparer ce que j'allais dire. Je voulais que les mots me viennent spontanément, je voulais que tout notre amour soit spontané, du début à la fin. Sans accros, sans prise de tête; juste naturelle. Dans l'ordre des choses.
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Silhouette
RomansaL'histoire d'un jeune homme frappé d'un coup de foudre qui le dépasse...