Les voilà repartient dans l'espace, c'était une magnifique étoilée (dans le cosmos, il n'y a pas de notions de jour et de nuit, il y a juste les étoiles), rien au monde n'était comparable à une telle beauté, l'univers tout entier leur ouvrait ses bras, la magie des constellations un spectacle infini. Rien ne pourrait perturber un tel instant de plénitude. Ils auraient pu tout oublier, leur mission, leur planète, pour rester là, mais ils auraient sûrement crever de faim, donc ils consultèrent ensemble la carte :
- Si nous allions à l'usine à bonbons, ils doivent sûrement avoir des matières premières pour les concevoir ! Ils nous diront sûrement où se procurer des Gropis, Proposa Babou, en plus elle n'est qu'à trois petites planètes d'ici.
- On ne fait pas des bonbons avec du lait, qu'est ce que tu peux être bleue toi ! Mais, si ça peut te faire plaisir on peut toujours aller visiter la fabrique, on en profitera pour se goinfrer !
Elle commençait à avoir l'habitude de ses remarques idiotes, si bien qu'elle n'y prêtait plus attention, mais il ne fallait pas trop qu'il la cherche quand même, sa patience avait des limites.
- Tu lis dans mes pensées ! S'exclama-t-elle, tout en faisant semblant de s'extasier, comme s'il avait eu l'idée du siècle.
Elle continua:
- A propos, je suis partie avec toi, depuis le début, on se tutoie, tu connais mon prénom, mais je ne sais toujours pas ton petit nom, on ne sait jamais présenter officiellement (ma mère ne serait pas contente, elle m'a toujours dit de ne pas parler aux inconnus).
- Bein, c'est-à-dire que je n'ai pas vraiment de prénom.
- Comment ça, ce n'est pas possible !
- J'ai été trouvé dans une poubelle, emballé dans du papier journal, Lila m'a trouvé.
Elle a deux filles et avait toujours rêvé d'avoir un garçon, un être supérieur comme moi.
Mais c'était pas gagné pour qu'elle m'adopte. Tu connais la devise de notre planète: "Tout ce qu'on trouve, on garde !"
Au début elle faisait semblant de ne pas m'avoir vu, elle se demandait ce que j'étais car j'avais fait une allergie à l'encre du journal et j'avais viré au orange, mais j'étais quand même le plus mignon malgré la couleur.
Ella a bien failli me laisser dans mes ordures, t'imagine un monde sans personne c'est triste, mais je ne serai pas mort de faim, j'avais au moins de quoi manger et ça n'aurait pas été pire que ta cuisine.- Tu te moques de moi là, tu me fais une blague ! Je cuisine très bien. J'ai même obtenu un macaron à un concours culinaire.
Il rigola ravi d'avoir réussi à la mettre hors d'elle pour clôturer son histoire.
Devant son rire narquois, elle rétorqua :
- N'essaie pas de changer de sujet, je commence à te connaître, je disais donc que c'est impossible que tu n'es pas de prénom, tout le monde a un prénom !- Non, je te jure ! Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais faire la vaisselle.
Il devint distant, comme perdu dans ses pensées, quand sa copilote l'interrompit:
- Et alors qu'est ce qu'il s'est passé ? Elle t'a adopté ou pas ?
- Sa fille ainée Birdy était surexcitée, elle sautait partout en criant "s'il te plaît Ma, on le garde, s'il te plaît!" du coup elle a accepté. Elle ne pouvait rien lui refuser.
- Mais elles t'ont quand même donné un nom !
- Petite curieuse, non elle me sifflait pour m'appeler, plaisanta-t-il.
- Arrête de dire des bêtises et continue !
- Elles n'arrivaient pas à se mettre d'accord, Birdy voulu me nommer Tigrou à cause du orange, Lila: Zeus parce que j'étais un garçon et Mona, la deuxième de ses filles me baptisa Bidule car pour elle je ne ressemblais à rien.
Donc chacune m'appelait par le prénom qu'elle avait choisi, si bien que notre entourage n'a jamais su comment m'appeler.
Moi je m'en contrefichais un peu, je n'aime pas les étiquettes qu'on apposent sur chaque chose et être différent cela me convenait, ce n'est pas le plus essentiel le nom qu'on peut donner.Babou le regardait avec attendrissement, lui qui était si distant, macho qui ne laissait rien transparaître de ses blessures passées, venait enfin de briser un morceau de sa carapace en dévoilant un peu de son intimité et de ses pensées profondes, ce qui ne lui déplaisait pas au contraire.
Elle observait le moindre de ses gestes, son regard fluorescent, ses sourcils brousaillants, les petites pustules sur son appendice nasal en trompette, ses bras difformes, son ventre bedonnant, sortant de sa chemise tachée de sauce blanche de la veille, sa jambe gauche plus courte que la droite, son septième orteil qui dépassait du trou de sa chaussette dans ses tongues, ses oreilles coupées en pointe tel un rebelle, il représentait l'idéal martien, le play-boy de ses dames, celles que chacune revêrait d'avoir dans son hamac pour faire un tour de balancelle.
Et il était là devant elle comme si rien d'autre n'existait, elle commençait vraiment à s'attacher à lui.
- Et toi Babou, tu as une famille ? Elle doit te manquer?
- Oui, j'ai une grande famille mais nous ne sommes pas très uni, chacun fait un peu ce qu'il veut de son côté. C'est pour ça que je n'ai pas hésiter une seconde pour partir à l'aventure avec toi !
Le coucou sonna pour leur indiquer l'heure tardive.
Il déclenchèrent le pilote automatique pour aller prendre un petit en-cas car leurs estomacs gargouillaient atrocement, à force de discuter de tout et de rien tel de vieux amis d'enfance qui se retrouvaient après des années de séparation, ils avaient fini par oublier l'heure du repas.
Il le trouva délicieux mais avoua le contraire pour rester fidèle à son image.
Ils avaient déguster des flasquches, ça lui donnait toujours des gaz (et pas d'aération possible), il embauma le vaisseau comme il se doit.Mais peu importe, la jeune femme ravie que ce ne soit plus le silence le roi, ne pouvait s'empêcher de sourire et buvant chacunes de ses paroles, et respirant son parfum fumant, elle en savait désormais un peu plus sur lui.
Voilà encore une journée qui se termine sans DerKin NoBue pour nos martiens....
Prochaine étape l usine à bonbons...