Chapter -III-

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Chapter 3

Le mardi soir suivant, j'étais assise en tailleur dans mon lit, en train de repenser aux derniers mots prononcés par Alec. « J'entends bien te revoir Julie. Tu m'intrigues. » J'enroulai une mèche de cheveux autour de mon index en soupirant. Alors comme ça, moi, Julie, une simple fille comme toutes les autres, j'intéressais cette perfection ? J'avais un peu de mal à y croire.

Pourtant, cette simple phrase, ces neuf mots m'avaient turlupinée tout le week-end. Pour la première fois, je me sentais... Importante. Je n'étais plus ce vilain petit canard, cette imperfection de fille que l'on exile dans un trou paumé. Je n'étais plus la Muette, j'étais Julie. Et j'intéressais un garçon. Cela me faisait un effet bizarre.

Allan avait fini par trouver un lit chez Julien. Assez étonnant étant donné que ce dernier ne supporte qu'Axel, mais bon. Peut-être qu'Allan se droguera comme Julien ? Enfin bref. Ce n'est pas mes affaires. Et, miracle, le stéréotype du surfeur dragueur ne m'avait pas parlé de toute la journée de lundi ! Je n'en revenais toujours pas. Penser à lui me ramenait à penser à son frère. Comment un type aussi parfait pouvait être le frère de ce crétin ? J'enfouis mon visage dans mes mains. N'étais-je pas bête de me torturer ainsi pour un type qui, avec un physique pareil, avait sûrement toutes les filles à ses pieds ? Après tout, peut-être qu'il était comme son frère, à coucher à droite à gauche sans se soucier des cœurs qu'il brisait.

Pourtant, cette douceur avec laquelle il m'avait essuyé le visage, son regard intense posé sur moi faisaient que j'avais du mal à croire qu'il soit un tombeur.

Rah, je déteste me prendre la tête, surtout pour un type qui m'a sûrement oublié à l'heure qu'il est. C'est décidé : Alec, je t'efface de ma mémoire.

...

Le mercredi se passa tranquillement. Allan ne me parlait toujours pas, et j'étais bien heureuse.

Nous avions eu club de musique, où presque tous les « populaire » y étaient. Je m'y étais inscrite en espérant pouvoir y jouer de la guitare, mais étant donné que j'avais la flemme de m'y mettre, je restais au fond de la classe et écoutais les autres. Le professeur, un homme d'âge mûr avait essayé de me faire parler au début d'année, mais avait vite renoncé.

Axel et Julien venaient d'interpréter une chanson, écrite par mon nouvel ami. D'après ce que j'avais compris, malgré mon niveau d'anglais très moyen, c'était qu'il était plus facile de courir (it's easier to run) que d'affronter ses problèmes. Ils avaient été très applaudis, et allèrent se rasseoir. Le professeur consulta sa liste, puis grogna un nom :

« - Allan Jones. »

Je vis clairement ce dernier faire un petit signe à Julien, puis il s'avança sur la scène, qui était en fait une sorte d'estrade placée au milieu de la pièce. Il tapota le micro, se mit à chanter et j'eus le souffle coupé lorsque sa voix s'éleva dans les airs :

« - Talk to me softly

There's something in your eyes

Don't hang your head in sorrow

And please don't cry »

(Parle-moi doucement

Il y a quelque chose dans tes yeux

Ne te tourmente pas

Et s'il te plaît ne pleure pas)

Il chantait juste magnifiquement bien. Sa voix prenait des intonations chaudes, et je me pris à frissonner. Je l'imaginai me dire des mots d'amour au milieu de la nuit, et secouai la tête. Non, ce n'est qu'un pervers. Malgré moi, je rougis de mes pensées, et je vis un sourire en coin sur son visage. Génial. Maintenant, il doit penser que je craque pour lui. Je soupirai, et attendis que la chanson se finisse. Malgré le fait que je m'efforçai de prendre un air impassible, je sentis mes poils se hérisser. Je détestais admirer ce type. Pour capter mon attention autre part, je me mis à examiner mon parapluie distraitement.

La fille au parapluie bleu [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant