Notre première rencontre

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Aujourd'hui j'ai voulu sortir. Il ne faisait pas très beau, mais le temps gris était supportable. J'ai marché le long de la rue dans les flaques d'eau. J'avais les pieds trempés. Puis j'ai traversé la route sauf qu'une voiture m'a klaxonné alors j'en ai déduis que je n'ai pas dû vraiment regarder à droite et à gauche avant de traverser. On leur dit ça, aux gamins, mais nous les adultes on ne s'en tient même pas, à cette règle. D'ailleurs il y a pleins de trucs qu'on dit aux gamins de ne pas faire mais pourtant nous on ne se gêne jamais pour le faire. On n'est qu'une bande de con. Bref, finalement je suis quand même arrivé sur la côte en un seul morceau. J'ai marché dans le sable humide pour m'éloigner des personnes qui étaient déjà là, de la foule. Je n'aime pas la foule, les gens, tout ça. Je préfère être seul dans mon coin. On peut faire ce que l'on veut, lorsque l'on est tout seul. On n'est pas obligé de faire attention aux autres vu qu'on est seul avec soi-même. Non, ça ne veut rien dire seul avec soi-même. S'il y a soi-même ça veut dire qu'il y a forcément quelqu'un avec nous. Je crois que je me mélange un peu les pinceaux. Je dois être un peu fatigué. J'ai marché dans le sable humide pour trouver un petit bout de solitude. Littéralement, c'est un petit bout. C'est la fin de la plage. Il y a quelques rochers mais ils sont bien pointus. A mon avis si quelqu'un tombe dessus il se fera très mal. Oui, un bout de solitude. Sauf que je n'étais pas seul. Elle était en face de moi. C'est d'ailleurs comme ça qu'on s'est rencontré. Qu'est-ce qu'elle était belle ! Oh oui, quelle beauté ! Je me suis assis par terre, dans le sable humide. Sauf qu'elle a commencé à s'énerver mais je n'ai pas compris pourquoi. Elle s'énervait, elle criait, elle s'acharnait sur le sable qui n'avait pourtant rien fait, à ma connaissance. Sans justification. Elle s'acharnait avec ses énormes mains qui vous englobent entièrement rien qu'avec ses grandes paumes. Et elle criait aussi. Très fort. Ça résonnait de partout. Ça me faisait mal aux oreilles. Je suis très sensible des oreilles. Puis elle m'énervait, à mon tour. Elle était là alors que j'y étais aussi. Je voulais être seul, et la voilà. Elle a commencé à un peu se calmer quelques minutes plus tard. Elle était vraiment déchaînée. Je n'en pouvais plus. Et elle s'est mise à pleurer, la pauvre. J'ai eu de la peine pour elle. Peut-être que finalement elle était en colère pour une raison bien particulière. Une peine de cœur ? Je ne sais pas. Elle pleurait et l'eau de ses larmes me mouillaient doucement les pieds. On entendait les mouettes et les gens aux alentours. Et on entendait ses pleurs aussi. Surtout ses pleurs en fait. C'est comme ça que je l'ai rencontré. Elle était énervée mais je pense que si je repasse plus tard elle le sera moins. Je suis rentré chez moi, ensuite. On m'a encore klaxonné à la tête et je me suis dit qu'il fallait vraiment que je fasse plus attention. J'essaierai la prochaine fois. Je suis arrivé chez moi trempé jusqu'aux os. De toute façon il n'y a jamais personne pour me gronder chez moi. Je me suis couché parce qu'il commençait à être tard et que j'étais fatigué; et je savais que le lendemain il fallait que j'y retourne, sur la côte. Juste pour la revoir.

 Juste pour la revoir

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Elle et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant