L'air frais de la côte me chatouille les cheveux et j'entends la voix d'Harry dans le microphone : « Louis ! Je me suis fait du souci ! Je t'en prie monte, c'est au dernière étage, enfin tu le sais parce que la dernière fois t'es venu chez moi tu te rappelles ? Enfin bon, je t'ouvre. » Il parle à toute vitesse et ça me fait rire un peu. Ça me rend de meilleure humeur. J'entre dans le hall de l'immeuble puis je monte jusqu'au dernier palier. J'ai remarqué dans cet immeuble que les trois premiers étages ont des escaliers en pierre, et que les deux restants ont des escaliers en bois. On dirait presque que les derniers vont céder et c'est assez flippant en fait. Surtout que j'ai le vertige. J'arrive sur le palier où habite Harry et je le vois. Il est là et il m'attend à la porte. On entre chez lui sans parler puis il me propose un verre de vin. J'accepte parce qu'elles sont toujours très bonnes, ses boissons (oui, même le coca-cola lemon trop sucré). On s'assoit sur son canapé, face à la plage, puis il m'annonce : « C'est un Bordeaux de 1953. C'est mon père qui me l'a offert pour mes vingt ans ». Je ris un peu parce que j'y connais strictement rien au vin. J'aime bien le boire, c'est tout. Harry a l'air de bien connaître les boissons et j'en déduis qu'il doit bien aimer son métier. On boit doucement, on profite du liquide qui coule le long de notre œsophage. Harry me regarde puis il me demande « Louis ? Pourquoi tu n'as pas répondu à mon message ? » Je hausse les épaules. Je ne vais pas non plus lui répondre que c'est parce que j'ai eu la flemme tout de même. Enfin, il y a aussi autre chose je crois. J'ai beaucoup cogité de longues heures sur le pourquoi du comment ses mains étaient aussi douce (elles doivent l'être encore). J'ai aussi pensé à Juliette, mais moins qu'aux mains d'Harry. Alors non, je n'allais décidément pas lui dire pourquoi je ne répondais pas. « Je suis là maintenant. » Ma phrase est sortie comme un murmure. Je suis un peu timide avec Harry. De plus en plus en fait. En général, quand on voit une personne plusieurs fois on prend de l'assurance. Mais avec moi ça fait l'effet inverse. J'ai peur qu'il pense que je ne lui fais pas confiance alors que c'est faux, la semaine passée je lui ai accordé. Alors pour lui prouver que c'est mon ami et que j'ai confiance en lui, je décide de l'emmener voir Juliette. Il me dit, avant de s'en aller, « c'est un honneur pour moi de rencontrer ta future petite-amie » donc j'en déduis qu'il a compris. On descend les escaliers (ceux en bois puis ceux en pierre) et lorsqu'on arrive sur la plage, je me mets à courir à toute vitesse. Je sens l'air me passer de partout sur moi et j'entends Juliette siffler son air de musique favori. C'est très beau. J'espère qu'Harry écoute lui aussi. Je m'arrête d'un coup dans ma course parce que le son est vraiment trop beau. Et, par pitié, mettez-moi cette mélodie là pendant que je mourrai. Ma mort pourra être plus douce, plus belle je pense. Je vois Harry arriver et s'arrêter à mon niveau. « Elle est où, ta Juliette ? »
VOUS LISEZ
Elle et moi
RomanceSauf que je n'étais pas seul. Elle était en face de moi. C'est d'ailleurs comme ça que l'on s'est rencontré.