Chapter 11 - une fausse lumière

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Quelques sons étouffés parvenaient à mes oreilles sans que mon esprit y fasse attention. La censure placée entre lui et mon corps me laissait totalement paralysée, incapable du moindre mouvement. Tout ce que mes sens embrumés percevaient s'évanouissait avant de pouvoir parvenir à ma conscience. D'une certaine façon, j'avais l'impression d'être plongée dans une somnolence forcée.

Ce fut après un long moment que je parvins à sentir le bout de mes doigts. Puis, la bouche pâteuse et les muscles lourds et rouillés, je retrouvai la localisation de mon visage.

Tandis que je revenais à peu près à moi, je constatai que la culpabilité n'avait pas disparu : mon corps irradiait une colère qui s'intensifiait au fur et à mesure que je retrouvais le contrôle de mon corps. Une colère envers moi-même, envers Raven, envers Kai, envers le monde entier.

J'espérais au moins que les Téras n'avaient pas eu la mauvaise idée de rejoindre les rangs des partisans, à leur tour, pendant que je dormais.

Au bout d'un temps que je ne saurais déterminer, je parvins à ouvrir les yeux, pour les refermer aussitôt, nauséeuse. Plusieurs minutes me furent nécessaires pour en arriver à un état de conscience satisfaisant, et encore, j'avais du mal à ne pas sombrer de nouveau.

Lorsque je fus capable de regarder autour de moi, je constatai que je me trouvais dans une tente, dont le piquet, auquel j'étais attachée, était entouré de barreaux. J'étais donc encagée comme un animal de cirque -plaisante comparaison.

Je passai quelques instants à essayer de défaire les liens qui retenaient mes poignets-en vain. Et après vérification, je constatai que Cynique ne pendait plus à mon cou -à sa place, la faux de Cronos réfléchissait fièrement la lumière des torches plantées de part et d'autre de ma cage.

Pourquoi essayais-je de m'échapper, de toute façon ? Où pourrais-je aller ? Les Nidhoggs devaient être convaincus que j'étais celle qui avait amené Raven et son armée ici. Même Drayke.

Drayke.

La vision de son corps en pleine métamorphose planté de flèches me fit l'effet d'un coup de poing dans le ventre. Comment pouvait-il ne pas être mort, après ça ? Je m'interdis le moindre espoir concernant sa survie : je ne pouvais qu'être déçue.

Il fallait que je m'évade. Tout, sauf rester là à attendre que ça passe. Mais alors que je m'agitais, des voix me parvinrent du dehors, et je m'immobilisai ; Raven repoussa un pan de tissus, et pénétra dans la tente.

-Je me disais bien que tu devais être réveillée, à cette heure !

Je me contentai de lui répondre par un regard haineux ; elle n'en parut pas choquée outre mesure. Calmement, elle souleva un tabouret, qu'elle vint placer juste en face de moi, je l'autre côté des barreaux.

-Etva est une jolie ville, commenta-t-elle. Heureusement qu'on a pas dû la réduire en poussière...

-Tu n'as pas le droit d'être là, grognai-je.

-Hm ? Tu veux dire, là, dans cette tente ?

-Sur cette île !

Elle rit, avant de se pencher vers moi.

-Tu sais combien de Nidhoggs ont été du même avis que toi ? Combien se sont retournés contre nous, en dépit des ordres de leur roi, n'écoutant que leur devoir ?

Ma respiration s'emballa -je ne voulais pas savoir. Cependant, elle leva ses doigts, et me les montra fièrement.

-Quatre, dit-elle. Bon, ils étaient tous capables de se transformer, du coup ça ne nous fait plus que vingt-quatre dragons... Mais je pense que c'est tout de même largement satisfaisant.

La Treizième OlympienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant