Je fixe l'écran de mon téléphone, attendant une réponse de la part d'Harry. Je ne saurais expliquer ce qu'il se passe dans ma tête à cet instant, mais c'est le flou complet. Je ne me souviens de rien. Du moment où nous avons pris cette voiture au moment où je me suis réveillé ici, dans cette chambre d'hôpital. Il ne reste rien. C'est le trou noir, un black-out comme je n'en ai jamais eu.
Mes parents sont partis à la cafétéria il y a une vingtaine de minutes, ils ne devraient plus tarder. D'un côté, je veux qu'ils soient à mes côtés, pour me soutenir dans cette épreuve, mais d'un autre... Voir le visage dépité de mon père et celui plein de larmes de ma mère me prouve que tout est bien réel. Réel et grave. Mes parents ne sont pas du genre à pleurnicher pour n'importe quoi, et c'est bien la première fois que je les vois si affectés en presque dix-huit ans.
Ils m'ont dit qu'il ne s'était pas encore réveillé. Et ça veut dire ce que ça veut dire. Il est plus grièvement touché par cet accident que je ne le suis. Il a peut-être une jambe en moins, un poumon perforé, une hémorragie cérébrale... Ou tout à la fois. Je ne peux m'empêcher d'imaginer les pires scénarios, même ceux tirés par les cheveux. C'est plus fort que moi.
Et ce message qui n'arrive pas.
Quand va-t-il se réveiller ? Ce soir ? Demain ? La semaine prochaine ? Je n'ai aucun moyen de le savoir et ça me bouffe de l'intérieur. Lui qui, d'habitude, me répond si rapidement...
Le Zippo argenté qu'il m'a offert repose toujours sur la table de chevet. Ça me donne envie de fumer. J'en crève d'envie. Ça m'aiderait à décompresser un instant. Mais aucun moyen de me lever de ce lit et encore moins de réussir à me procurer des clopes. Et plus j'y pense, plus je me sens oppressée.
Soudain, la porte de la chambre s'ouvre pour laisser entrer mes parents suivis d'un médecin. Ce dernier semble trop jeune pour être en âge de porter une blouse blanche. Mais il a un air sympathique et plein de bonté. Il s'approche près du lit et se présente à moi :
-Bonjour, Louis. Je suis le Docteur Lorsson. Je vais m'occuper de toi et te remettre sur pieds le plus rapidement possible. Tu n'as...
-Est-ce vous vous occupez de Harry Shields ? Le coupé-je.
Je n'ai pu retenir ma question. J'ai l'impression de ne plus pouvoir contrôler mon cerveau. La seule chose qui m'importe en ce moment, c'est savoir comment se porte Harry.
-Il était dans la même voiture que moi, lors de l'accident, continué-je. Comment va-t-il ?
-Je ne m'occupe pas de lui, désolé. Je n'ai pas d'information concernant son état. Mais j'enverrai quelqu'un se renseigner, si tu veux.
J'acquiesce. Bien sûr que je le veux. Je veux savoir comment il va, s'il s'est réveillé, s'il souffre, s'il va s'en sortir... Évidement qu'il va s'en sortir, il doit s'en sortir.
-On peut dire que tu as eu de la chance, lors de l'accident, reprend Monsieur Lorsson. Tu n'as que la troisième côte gauche fracturée et des hématomes. Rien d'irréversible. Tu seras sur pied plus vite que tu ne peux l'espérer.
-Tant mieux, murmuré-je.
Mais je n'arrive pas à me réjouir de ce pronostique. Pas temps que je ne saurais pas comment ça se passe du côté d'Harry. Je jette un regard instinctif à mon portable, espérant le voir clignoter. Mais ce n'est pas le cas, je n'ai toujours pas reçu de message. Le jeune médecin pose gentiment sa main sur mon épaule et dit :
-Je dois y aller mais je reviendrai très rapidement pour te faire passer d'avantage d'examens et voir si on a besoin d'opérer cette côte, ou non. Repose-toi, Louis. Ne t'en fais pas pour ton ami, je te tiens au courant de son état le plus rapidement possible.
-Merci, Docteur.
Il m'adresse un petit sourire et sort après avoir salué mes parents. Ces derniers discutent entre eux, réagissant sur les derniers mots de Monsieur Lorsson. Ils essayent de s'organiser par rapport à leur travail respectif, et je ne sais pour quelle raison, mais ça me réconforte un peu. Je les reconnais bien là, toujours à faire passer leur boulot avant leur fils. D'habitude je m'en serais plaint, mais là, retrouver quelque chose qui m'est un peu familier pourrait me faire pleurer de joie.
Vibration.
Mon cœur ratte un battement. J'attrape rapidement mon portable, les mains fébriles.
Houston : Lou, tu vas bien ? Bordel, que j'ai eu peur ! Ne me refais jamais un coup pareil ! Je rapplique demain dans ce foutu hosto et t'as intérêt à trouver une bonne excuse pour t'être mis en danger !
J'ai envie de pleurer. Il ne sait pas. Il ne sait pas qu'Harry a été touché, sinon, jamais il oserait dire ça. Pour m'empêcher de craquer, je me mords la lèvre inférieure le plus durement que je le peux. Je relève les yeux vers mes parents qui me scrutent tous deux.
-C'était... C'était juste Houston, annoncé-je, la voix chevrotante. Il viendra me voir demain.
Et pour la première fois depuis mon réveil, je m'effondre complètement. Laissant tout ce que je retenais s'écouler sur mes joues...
Louis : J'ai besoin de toi, Harry.
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PhonePlay 2 // Larry [PAUSE]
FanfictionTOME 2 DE PHONEPLAY Une fraction de seconde. C'est le temps qu'il faut pour voir son monde s'écrouler. C'est le temps qu'il a fallut pour que notre histoire se casse la gueule. Pour que les messages soient à nouveau la seule chose qui nous perme...