†Prologue†

87 10 0
                                    

Je suis ce qu'on appelle, d'après mes professeurs, un virtuose, un génie ou encore un surdoué. Personnellement je ne me trouve pas si différents de mes camarades. Je suis étudiant à la Royale académie de musique, le plus grand conservatoire de Londres et je fais parti de l'élite. Des tas de personnes pourraient dire qu'elles ont travaillé très dure pour en arriver là, ce n'est pas mon cas. La musique a toujours fait partie de moi et ça je le dois à ma mère, Éléonore. La musique était toute sa vie et elle a réussi à me transmettre cet amour. Je me souviens encore du temps où, alors que je n'étais qu'un petit bout d'homme à peine capable de tenir sur ses jambes, elle me mettait sur ses genoux et nous passions toute notre après midi à marteler les touches usées du vieux piano en bois. Ma mère était une artiste et moi, son fils, je l'admirais. A mes yeux elle brillait comme la plus étincelante des étoiles lorsqu'elle était derrière un piano. Mais comme dans toute histoire il y a une chute. La notre a eu lieu il y a dix ans...

Dix ans auparavant...

-Maman! Papa! Venez voir!

Dès qu'ils furent installé dans l'un des fauteuil de la salle de musique j'entamais un morceau de Beethoven sous leurs yeux bienveillants , à cette époque je n'avais que douze ans mais je maîtrisais le piano aussi bien que le violon. Mes doigts s'aventuraient sur les touches, les enfonçant avec délicatesse. Je pouvais lire dans le regard de mes parents de la fierté et beaucoup d'amour. A la fin du morceau mon père me prit dans ses bras et m'embrassa.

-Chérie, notre fils deviendra un grand musicien. C'est formidable! Dit-il en regardant ma mère.

Celle-ci acquiesça avant de nous rejoindre et de nous étreindre tous les deux. Mon père Alexander Blacks était un homme droit et juste, ses yeux noisette exprimaient toute la volonté qu'il mettait dans ce qu'il faisait et tout l'amour qu'il avait pour nous. Ses cheveux châtains étaient toujours impeccablement coiffés. Il était doué en calcul ce qui lui valu une renommé sans pareil dans l'industrie monétaire, en revanche c'était un piètre musicien. Ma mère avait de longs cheveux roux qui descendaient en cascade jusqu'au creux de son dos, et  se terminaient en légères boucles, ses grand yeux, d'un bleu presque transparent, lui donnaient l'air d'un personnage tout droit sorti d'un conte de fée. Elle était douce et avait un cœur énorme. Mon père le lui reprochait souvent et elle répondait qu'elle aimait pour toutes les personnes qui ne le pouvait pas. Je n'ai jamais été aussi heureux que durant cette période. Je n'avais qu'une envie: que ces moments durent toujours. Pour préserver ce cocon familial chaque jour je m'exerçais au piano rêvant d'être ce grand musicien dont mes parents seraient fiers. Je m'amusais à composer ou à réinterpréter des œuvres, je me les appropriais. Je pouvais passer des heures et des heures sur ce piano sans me lasser une minute.

Et puis un jour mon père est venu me trouver dans la salle de musique. Cette pièce, qui devait à l'origine être une chambre avait d'abord servi de débarras, puis on avait finit par y mettre un piano et quelques autres instruments. Elle était ovale et ses murs étaient recouverts d'un papier peint bleu très léger, le sol était recouvert de parquet lustré. Et le peu de meubles présents étaient tous en bois plaqué.

-Nolhan! Grande nouvelle! Me dit-il d'un ton enjoué.

Je m'arrêtais de jouer et me tournais vers mon père écoutant ce qu'il avait à me dire.

-Un ami à moi organise une fête en l'honneur de l'ambassadeur de France qui vient séjourner quelques jours ici. Ta mère jouera quelques morceaux. Elle t'as préparé une tenue. Vas te changer on part dans trente minutes.

Je n'eus pas le temps de répondre quoique ce soit que mon père s'était déjà éclipsé de la salle. Je montais dans ma chambre et trouvais sur mon lit, un costume noir avec un nœud papillon assortit, une chemise blanche et des chaussures parfaitement cirées.

Let's be a MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant