1er chapitre

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Au premier jour, la brise matinale était plutôt fraîche pour un mois de mai. Glaciale aurait même dit certains. Dehors, l'on ne voyait lors que très peu de personnes s'afférant aux tâches habituelles, seules quelques silhouettes frissonnantes se pressaient pour en finir avec ce qu'elles avaient à faire.

Dans la cours du château, il n'y avait pas grand monde non plus. La place, qui habituellement regorgeait de paysans, de gardes, de maraîchers, n'était plus qu'un vaste espace vide. Pourtant protégée par les remparts, le froid se faufilait partout et personne n'était épargné par sa morsure.

Dans une chambre, postée à sa fenêtre, une jeune femme, Guenièvre, regardait en contrebas l'absence du peuple, le cœur aussi glacé que l'air ambiant. Le regard éteint, peu lui importait si la brise arrivait à s'immiscer jusqu'à l'intérieur.

Cela faisait maintenant presque six jours qu'elle passait ses journées enfermée dans cette pièce, trop mélancolique et triste pour s'adonner aux activités auxquelles une jeune femme de son rang se devait de prendre part. Elle n'en avait juste plus l'envie. Et désormais, il lui arrivait même de rater des repas, comme le petit-déjeuner, ce jour-là.

Comme tous les matins, une servante venait frapper à sa porte pour l'aider à s'habiller et à se préparer. Cette fois cependant, elle avait expressément demandé à ce qu'on la laisse au moins jusqu'à ce que le soleil soit presque au plus haut dans le ciel. Ainsi, quand elle entendit le bruit familier d'une main tapant contre le bois, elle se leva et, machinalement, elle alla près de la grosse commode en bois qui trônait au pied de son grand lit à baldaquin.

Toutefois, elle sursauta quand la porte s'ouvrit en un grand fracas. Dans l'ouverture, son père se tenait là, encore vêtu de son armure, visiblement tout droit descendu de cheval. La jeune femme n'avait vu son père, le seigneur Léodagan, depuis qu'il était parti, cinq jours plus tôt, alors qu'il devait se rendre à Londres pour la Pentecôte et pour soutenir son roi. Les affaires politiques ne l'avaient guère intéressée six jours plus tôt, le résultat avait été le même : le soulagement de ne plus voir son paternel. Mais maintenant, il était de retour, et avec lui refaisait surface un sentiment d'impuissance et de colère, chassant sa tristesse pour de bon.

Le heaume sous le bras, l'imposant homme entra, fixant sa fille, un mélange d'amour paternel et d'inquiétude dans les yeux. Cela ne pouvait être que mauvais et Guenièvre se demanda ce qu'il pouvait y avoir, avant de se renfrogner et de penser que, de toute façon, il n'y aurait rien pour le faire changer d'avis à son sujet. Son destin était tout tracé. Elle avait été bien naïve de croire qu'elle l'avait entre les mains, qu'elle était différente des autres jeunes femmes de nobles familles.

Elle inspira, décidément peu prête à refaire face à son père, et attendit qu'il lui dise ce qui nécessitait qu'il vienne à elle aussitôt après avoir mis pied à terre.

- Ma fille, il vous faut changer de chambrée pour une pièce plus sûre. Des rumeurs gonflent et se propagent. Le fils du seigneur Bademagu votre promis était absent à la cour du roi Arthur. Il a rallié les gallois. Ils arrivent.

Le teint déjà pâle de la jeune femme devint encore plus porcelaine à l'entente des nouvelles de son père. Quelles fautes avait-elle commises pour devoir un jour épouser un futur ennemi ?

Le fils du seigneur Bademagu, Méléagant, était promis à Guenièvre depuis des lunes déjà, et ils prévoyaient le mariage une fois les deux jeunes gens réunis. La jeune femme l'avait appris au moment du départ de son père. Il avait eu pour plan de ramener son futur gendre en sa demeure. Mais visiblement, ses plans avaient été changés, et il semblait en proie aux doutes quant à sa fille. Avait-il mal choisi l'alliance ? Ce mariage n'avait que pour but un rapprochement politique, elle n'avait eu mot à dire là-dessus. Et maintenant, le jeune seigneur trahissait la couronne et venait pour l'attaquer, lui, qui avait aussitôt prêté allégeance au jeune roi. Guenièvre avait compris tout cela des seuls mots de son père. Et à son avis, oui, l'alliance semblait fragile avant même qu'elle n'ait eu lieu... Pourtant, au fond d'elle, elle savait qu'il ne serait pas simple non plus d'annuler leur union. Des peu de fois où les deux jeunes gens s'étaient vus, Méléagant avait eu l'air particulièrement épris d'elle...

La légende du Roi Arthur - 7 jours pour rêver l'impossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant