4ème chapitre

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Loin de l'agitation ambiante, Guenièvre tentait tant bien que mal de passer outre son deuil. Hélaé n'était pas la première personne, et ne serait pas la dernière, à qui elle tenait et qui mourrait. Pourtant, de larges sillons formés par ses larmes ornaient toujours ses joues et elle ne semblait pouvoir se calmer.

Le petit jardin intérieur où elle s'était réfugiée était calme et une délicieuse odeur de fleurs printanières avait envahis l'air ambiant. Caché au détour d'un mur et joignable uniquement depuis l'aile habitée par elle et son père, personne ou presque n'en connaissait l'existence, en faisant un havre de paix. Ce jardin était apparu comme une évidence pour la jeune femme quand elle voulut s'isoler. Peut-être n'était-ce pas un choix judicieux après les évènements de la nuit, peut-être aurait-elle du prévenir quelqu'un. Mais pour le moment, elle ne voulait qu'une chose, se calmer pour pouvoir ensuite retourner auprès de ses hommes.

Elle savait que son père irait de lui-même attaquer les hommes de Méléagant, Léodagan avait trop été énervé par ce qui était arrivé, et le cadavre balancé par-dessus les remparts n'avait été qu'un infime aperçu de sa colère. Il n'avait pas su protéger sa fille, aucun de ses hommes n'avaient su la protéger, même les murs n'avaient pu empêcher que ces barbares n'entrent et ne l'enlèvent presque à lui. Méléagant avait définitivement déclenché son courroux. Et même si les hommes de Carmélide étaient en infériorité numérique, il n'hésiterait pas à sortir.

Une soudaine brise fit s'envoler une mésange bleue venue se poser près de Guenièvre et le bruissement des ailes fit sursauter la jeune dame. Cette fois, la grisaille avait fait place à un temps plus agréable. La douceur avait chassé le froid glacial qui enveloppait Carmélide depuis plusieurs jours. La jeune femme leva la tête et observa le ciel dégagé, se disant qu'elle devait peut-être y voir un présage. Elle voulait y croire. D'un geste décidé, elle essuya ses joues humides, se leva et partit d'un pas décidé rejoindre la cour.

Quand elle arriva, tout était quasiment prêt. Les heaumes sous le bras, les hommes attendaient les ordres de leur roi. L'impatience était palpable. Même les chevaux, qui hennissaient et s'agitaient, le sentaient.

Guenièvre se faufila entre les fiers guerriers, l'heure approchait. Le ciel enfilait son manteau de nuit et flamboyait sous le couché de soleil. Ils n'allaient pas tarder à mener l'assaut.

Enfin, elle déboucha sur les marches menant à l'intérieur de la grande tour où se trouvait la grande salle et les monta deux à deux à grande vitesse. Léodagan y était sûrement. Il y avait même de grandes chances qu'il se dirigeait déjà par ici.

En haut des marches, Guenièvre reconnut Adenor, l'un des plus fidèles chevaliers de son père. Il était un grand gaillard à la carrure large, plutôt athlétique mais possédant des traits doux sur le visage. Des mèches brunes lui retombaient sur les yeux. Il avait la mine sombre, mais un petit sourire réussit tout de même à percer son masque de concentration en voyant la fille de son roi et ami.

- Ma dame, fit-il en attrapant sa main quand elle arriva devant lui et en la baisant. Je suis bien aise de vous voir avant que nous ne chevauchions.

- Je me réjouis aussi monseigneur, mais ne dites pas cela sur ce ton, comme si nous n'allions jamais nous revoir.

- L'avenir est incertain, et Dieu seul sait s'il me sera donné de franchir à nouveau les portes de notre belle cité.

- Je guetterai votre retour avec celui de mon père, plus que tout autre.

- Et bien, je suis honoré qu'une si jolie jeune femme m'attende et pour vous et votre plaisir, je ferai de hauts faits d'armes sur le champ de bataille.

La légende du Roi Arthur - 7 jours pour rêver l'impossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant