Pourquoi pas?

Chapitre 5

La première chose que je vois en me réveillant, se sont des murs immaculés, blancs. Le premier sentiment que je ressens en me réveillant, est un mélange d'angoisse, de peur et de curiosité. Ma gorge est nouée et mon cœur bat vite, comme si j'avais couru dans des songes durant cette courte nuit. Le premier mot qui me vient à l'esprit est : Hailey.

Je me relève d'un coup du lit sur lequel je suis couchée. Dans les films, les enfants demandent à leurs parents, gentiment assis à leur côté, près de leur lit d'hôpital, ce qu'ils font là et qu'est-ce qu'il s'est passé. Dans mon cas, je sais très bien ce qu'il s'est passé. Les images tournent en boucle dans ma tête et me rappelle la lâcheté dont j'ai fait preuve en m'evanouissant alors que ma meilleure amie tombait, inconsciente, à cause d'une maladie qui ne la quittera jamais.

Il y a tout de même une chose que j'ignore:

- Maman? Où est Hailey? On est quel jour?

Elle me regarde, les yeux pleins de compassion. Ça m'énerve. Je suis totalement dans l'ignorance et je ne supporte pas ce sentiment d'inutilité. Dans la pièce, mon père m'observe et c'est lui qui me répond:

- Ma chérie, tu sais qu'Hailey est très malade et...

Ma tête est prête à exploser. Elle n'est pas morte car il parle au présent. Ou du moins, j'espère. Je me lève en sursaut et saute du lit. Ma tête tourne légèrement mais je m'en fiche. Je cris:

- Mais elle est où?! Vous allez répondre? Est ce que elle... Elle...

Les mots qui s'étaient formés dans mon esprit s'impose à mon cerveau mais ma bouche ne m'obéit plus. Impossible d'exprimer ses paroles à voix haute. Mes dents claquent, mes lèvres tremblent et mes yeux se ferment. Je me ressaisis avec des exercices de respiration que l'on m'a appris il y a longtemps. Je ne peux pas tout lâcher maintenant. Je relève la tête vers mes parents et c'est à ce moment qu'ils se ruent sur moi et me prennent dans leurs bras m'expliquant ce qu'il s'est passé pour ma meilleure amie:

- Elle va bien si on peux dire, fait ma mère toujours serrée contre moi.
- Nous sommes le 19 mai et Hailey vient d'entrer dans la phase 4 de sa maladie. L'avant dernière, complète mon père.
- Merci, je réponds.

Je ne sais pas combien de temps ils prennent à me libérer de leur étreinte mais quand ils le font, je ressens du vide. Je rassemble mes affaires afin de libérer ma chambre et quand j'ai fini je demande à mes parents:

- Vous croyez que je peux la voir?

Mon père secoue la tête avec désolation.

- Non, désolé ma puce. Mais les garçons sont à la maison, ils t'attendent. Les visites seront autorisées demain, nous reviendrons. Et puis, il est déjà 18h. Tes amis resteront dormir.

Je suis heureuse de les voir dans peu de temps mais un peu déçue de ne pas voir Hailey.

Je sors et arrive sur le parking. J'aperçois notre Peugeot et grimpe à l'intérieur. Elle est spacieuse et confortable et l'odeur qui s'en dégage est rassurante. J'habite à une demi-heure de l'hôpital alors je décide de faire un petit somme.

•••

Quand je réouvre mes yeux, nous sommes devant notre maison. La nuit est tombée mais le ciel obscur brille, illuminé par des millions d'étoiles. Mon esprit vagabondes vers celles-ci. Brillantes, minuscules pour nous et pourtant immense dans la réalité! Les choses ne sont pas toujours comme on se les imagine. Le vide de l'espace me rappelle mon cœur à certains moments. Sombre et insignifiant. Même si j'essaie de rester joyeuse, je ne suis pas une machine.