Chapitre 2 : Décisions...

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¤ {Viendra un moment où vous croirez que tout est fini, et ce sera le commencement.} ¤


En réalisant que l'accident était de ma faute, si je n'avais pas suivi le groupe je n'aurais jamais fini au commissariat, depuis, je me suis enfermée dans un mutisme. La culpabilité, la honte et les remords me rongent de telle façon que je n'ai plus le goût de vivre. Je ne mange, ni ne parle depuis trois jours. Je n'ai même pas envoyé de message à Mike pour le prévenir de mon accident. Malgré mon état second, Lucas ne cesse de venir me voir. Il reste juste assis à côté de la fenêtre à me fixer, comme si son regard embarrassant allait me sortir de ma léthargie. Je n'ai pas cédé, il est inutile de partager ma douleur avec des individus qui ne pourront jamais comprendre le fait d'être seule au monde. Lucas quittait ma chambre chaque soir à la fin des heures de visites et je pleurais chaque nuit en me demandant si rejoindre ma mère apaiserait ma souffrance.

Aujourd'hui, cela fait un peu plus d'une semaine que je suis dans cette chambre d'hôpital, et je suis plus seule que jamais. Lucas a arrêté de venir me voir, ni Mike, ni aucun de mes amis ne m'a envoyé de message pour connaître la raison de mon absence en cours.

Ce matin, je me lève avec plus de facilité maintenant que mes côtes sont guéries. En me rendant aux toilettes, je me suis arrêtée devant le miroir de la salle de bain. A la vue de mon reflet, je ne peux m'empêcher de lâcher un hoquet de surprise. Mes yeux sont rouges et gonflés, cernés de violet, mon teint est aussi pâle qu'un cadavre et n'importe qui pourrait apercevoir que j'ai perdu quelques kilos. Cette image de la femme pitoyable que je suis devenue m'écœure. Mon regard dévie sur l'angle du miroir où un carreau de la frise murale est cassé. Sans vraiment réfléchir je prends ce bout de mosaïque et joue avec entre mes doigts. Toutes mes pensées obscures refont surface et je pose la pointe du carreau sur mon poignet. Ma mère me manque tellement, je n'ai plus rien à quoi me raccrocher dans ce monde, alors en fermant les yeux, j'entaille ma peau tellement de fois, tellement fort. Je veux ressentir la douleur que cette branche a causé à ma mère quand elle l'a traversée. Toutefois, je n'ai pas assez mal, je mériterai bien pire pour toutes ces insultes. Tellement désespérée, je pousse un cri contenant ma douleur, ma tristesse, ma frustration, ma culpabilité.

Tout ce vacarme a dû attirer l'attention parce que j'entends de l'agitation derrière la porte fermée à clé. Je ne veux pas que l'on me voit ainsi, dans cet état de détresse, alors je m'assoie dans un angle de la salle de bain opposé à la porte. Ma main intacte serre de toute ses forces le morceau de céramique dans sa paume, tandis que mon regard est rivé sur les stries de mon poignet posé sur mon genou. Dans la seconde suivante, la porte s'ouvre à la volée, complètement arrachée de ses gonds. Derrière elle, se trouve deux infirmières paniquées et Lucas. Ce dernier se jette sur moi, me force à ouvrir la main pour que je lâche l'objet coupant et me secoue les épaules pour me ramener à la réalité.

- Mais qu'as-tu fais Cassidy ??

Ses yeux sont remplis de colère. Je ne comprends pas pourquoi il s'acharne à vouloir m'aider et rester près de moi alors que la femme qu'il aime n'est plus de ce monde par ma faute. Je sanglote doucement et prononce mes premiers mots depuis déjà une éternité.

- C'est de ma faute... Elle est morte... à cause de moi... Je ne pourrai jamais me le pardonner... elle me manque tellement...

Il doit avoir tellement pitié de moi qu'il m'offre une étreinte chaleureuse pour me calmer.
Les infirmières interrompent cet instant pour stopper le sang qui coule de mes poignets. Elles demandent à Lucas de s'écarter afin qu'elles puissent m'aider à me réinstaller dans mon lit. Le silence se fait lourd mais personne n'ose parler le temps qu'on nettoie ma plaie et qu'on me bande le bras. Les premiers soins terminés, les infirmières quittent la chambre. Lucas se racle la gorge, un peu gêné. Je le supplie d'un regard de ne pas parler de ce que je viens de faire, je me sens assez honteuse comme cela.

Because of youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant