Chapitre 1

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Il y a un début à tout... Un commencement, comme la naissance qui déclenche le début d'une vie, ou encore le commencement d'une belle histoire d'amour qui durerai toute une vie. De même qu'il y a un début à l'évolution et au progrès, ainsi qu'au renouveau. Mais qu'en est-il de la fin? Y a-t-il aussi une fin pour toutes choses? Comme une fin à cette vie qu'on appelle la mort, ou encore un fin aux souffrances vécus. C'est ce que tout le monde pense, et c'est ce que je pensais aussi. Mais les gens changent, et leurs idées, opinons et points de vue aussi. Je croyais donc dur comme fer qu'une fin existait pour absolument tout. Jusqu'au jour où je me suis réveillée et que j'ai constaté qu'il n'y aurait peut-être pas de fin pour moi finalement.

J'ai commencé cette année de manière plutôt mouvementée et je crois que je m'en souviendrais toute ma vie. Nous démarrions à peine, nous étions seulement au début de cette année 2015, que déjà les gens autour de moi nous quittaient progressivement... Ce fut d'abord mon oncle, décédé d'un AVC, puis mon grand-père du cancer... J'enchainais ensuite avec la mort de la grand-mère de ma meilleure amie... Du haut de mes 17 ans je dois avouer qu'il fut difficile pour moi d'encaisser tout cela. De plus j'entrais dans l'année de mon bac et le stress se faisait ressentir. Je peux même dire que la dépression jouait dangereusement avec mes nerfs, menaçant à tout moment de me faire sombrer dans un monde noir sans espoirs. Mais si seulement ça s'arrêtait là... Si seulement il ne m'avait pas lâchement abandonné de manière égoïste en ne pensant qu'a sa petite personne. Adrien, mon ex petit copain. Enfin aussi mon actuel meilleur ami... Enfin c'est ce que je pensais. Pour faire court, il m'a quitté l'été précédent pour une autre fille, Camille, alors que je l'aimais vraiment et sincèrement. Je l'ai détesté pendant un temps pour ça, mais n'étant pas rancunière j'ai fait de mon mieux pour passer à autre chose afin de ne plus souffrir. C'était sans compter le fait que nous sommes restés des amis très proches mutuellement là l'un pour l'autre. Il finit d'ailleurs par quitter cette Camille quelques mois après. Puis nous sommes devenus... comment dire... sex-friend? En tout cas j'ai fait ma première fois avec lui à ce moment-là. Est-ce que je le regrette? Non pas du tout, enfin je ne pense pas. Seulement, au commencement de cette nouvelle année lui non plus n'allait pas fort et j'étais là pour lui. Sauf que cette Camille est revenue et il a été omnibulé par elle. Il m'a même pour ainsi dire remplacé une seconde fois en tant qu'ami. A ce moment-là je ne cherchais que mon meilleur ami, celui qui pourrait éventuellement me faire rire ou même juste me changer les idées. Seulement cette Camille avait eu ce qu'elle voulait: l'éloigner le plus possible de moi. Je me retrouvais donc seule, les êtres qui m'étaient cher mourraient peu à peu et celui que je pensais être un pilier pour moi, m'abandonnait. La solitude à ce moment la me parut encore plus grande. Je me sentais attirée vers le fond. Et malgré tout je n'arrivais même pas à lui en vouloir car je savais que lui non plus n'allait pas bien. Mais il refusait mon aide et me laissait seule à la dérive. S'il était resté présent pour moi, les choses auraient elle été différentes? Probablement, puisque c'est cette noirceur autour de moi qui l'a attiré Lui...

La première fois que je l'ai vu ? Dans la rue près de la fac, en allant au lycée. Je venais de quitter mes potes de la fac pour retourner dans cette école où malheureusement plus grand monde comptait pour moi. Il portait un blouson en cuir noir, ses cheveux un peu trop longs lui tombaient devant les yeux cachant ainsi son regard, mais je sentis malgré tout deux yeux me fixer et me sonder. Comme s'il voyait à l'intérieur de moi, qu'il voyait ce qui me rongeait petit à petit. Son regard perçant et froid me donna des frissons, et je me forçais, à cet instant, à faire comme si de rien n'était. Depuis ce jour-là, et tous les jours qui suivirent, je le croisais au même endroit et il se passait la même chose. Cela devint tellement une habitude, à tel point que lorsque je ne le voyais pas, cela me manquait presque. Il était en quelque sorte mon petit secret à moi, ma petite distraction. Seulement après une énième mauvaise nouvelle, je commençais à sécher les cours et m'isoler de tout. Afin de pas inquiéter mes parents je me faisais des mots d'excuses auprès du lycée et partait en vadrouille toute la journée, errant dans les rues et parcs. La vie pour moi perdait peu à peu de son sens et je ne comprenais pas le but de mon existence. Du coup je ne le croisais plus du tout.

Seulement, un jour, alors que je pensais de plus en plus à la mort seule sur un banc en plein milieu d'un parc, ce jeune homme, à peine plus vieux que moi s'assit a côté de moi sans un mot. Nous sommes restés comme ça sans rien dire un bon moment. Puis il prit la parole, d'une voix étonnamment chaude et rassurante :

_ Tu avais disparus de la circulation. Je m'inquiétais.

Ses mots me frappèrent. Il « s'inquiétait » pour moi. Alors qu'Adrien m'avait totalement abandonné, alors que je me sentais seule et inutile, lui, un total inconnu, s'inquiétait pour moi. Sans trop expliquer pourquoi j'éclatais alors en sanglots. Toute cette pression, ce poids que je portais seule depuis un moment semblait s'alléger quelques peu. Les larmes coulaient sur mes joues sans que je puisse les retenir. J'étais prise de hoquets. Il fit alors un geste qui me surprit encore plus : il me prit doucement dans ses bras. Je sentais son étreinte puissante et protectrice. En temps normal je l'aurai repoussé, après tout c'est un inconnu que je ne connais pas. Mais aussi bizarre que cela puisse paraitre, il m'inspirait de la confiance et de la sympathie, et je me sentais en sécurité. Je restais donc ainsi un moment, cramponné à lui comme s'il était mon seul espoir, en attendant que mes larmes se tarissent.

Il passa le reste de la journée avec moi. Je lui confiais tous mes soucis et tourments, me libérant ainsi d'un énorme poids dont je n'avais même pas conscience de l'existence. Il se montrait compatissant et attentionné avec moi, il me fit même rire et je me rendis compte que ça faisait bien longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi sereine. Puis les heures passèrent et je dus rentrer chez moi. Il m'accompagna, ne voulant pas me laisser seule. Arrivant devant chez moi, une évidence stupide me frappa alors :

_ Au fait je suis désolée pour tout ça, et dans toute cette histoire je ne connais même pas ton nom !

_ Gabriel, je m'appelle Gabriel, me répondit-il avec un sourire en coin.

_ Et bien Gabriel, moi c'est Jenna. Merci de m'avoir raccompagné. Et j'aimerai pouvoir te revoir si tu le veux bien...

_ Ne t'inquiète pas, on se reverra.

Et il partit sans un mot de plus. Je le regardais s'éloigner progressivement. Quel étrange personnage... Et quel beau mec aussi ! Légèrement plus grand que moi, les yeux d'un vert apaisant, brun. On pourrait le qualifier de ténébreux et de mystérieux.

En rentrant j'évitais les habituelles questions de ma mère, et filais à la douche. En y repensant, avec un peu de recul, j'analysais plus amplement Gabriel. Il m'avait à peine parlé de lui et étais resté plutôt mystérieux. Il était resté silencieux et à l'écoute de ce que je disais sans laisser transparaitre aucune émotion. J'ai même cru par moment voir apparaitre une lueur sombre dans ses yeux et un certain désir... En sachant ça je devrai avoir peur de lui mais bizarrement ce n'était pas le cas. Je me trouvais stupide et naïve de faire confiance à un inconnu. Mais après tout, qu'est-ce que j'avais à perdre ? Plus rien.

En sortant de la douche, je me scrutais dans le miroir et me trouvais laide et affreuse. De base je ne suis pas bien grosse, seulement avec tous les soucis récents j'ai perdu l'appétit et par la même occasion du poids. J'avais maintenant la peau sur les os et un air pitoyable. Mes cheveux ternes et bouclés tombaient en cascade informe sur mes épaules et mon regard d'ordinaire d'un vert kaki plutôt intense, était vide et sans couleur. Pitoyable. C'est bien le seul mot qui me vint à l'esprit pour décrire mon état actuel. Les larmes coulèrent doucement et sans bruit. Cela devenait fréquent en ce moment. Adrien me manquait... Ma famille disparue me manquait... Et moi j'étais là, seule, minable, sans aucun avenir. Je partie me coucher sans manger. Le sommeil et mes rêves étaient actuellement le seul moment où je me sentais en paix.

PS: n'hésitez pas a me donner vos avis pour que je m'améliore! :)

Regrets...Where stories live. Discover now