Regrets...

Chapitre 3

Ma tête me hurlait de courir loin de lui, qu'il était dangereux, que ce n'était pas le gentil Gabriel qui m'avait soutenu ces derniers temps. Non, ce Gabriel la me faisait peur, il avait une étrange lueur sombre dans le regard, et ressemblait à un prédateur ayant réussis à capturer sa proie. Mais mon corps ne réagissait pas, et au contraire cherchait le contact avec lui, le demandait. J'étais perdue. Je ne savais pas si je devais être effrayé ou non.

_ Gabriel... qu'est-ce que tu racontes... balbutiai je paisiblement.

_ Viens avec moi et je te montrerai.

Ma peur laissa progressivement place à une curiosité intense. Je me répétais sans cesse la question : qu'est-ce que je pourrais bien perdre ? Il m'entraina vers une belle moto noire, me passa un casque et me fis monter dessus puis me glissa d'une voix plus douce : « Fais-moi confiance. »
C'est la première fois pour moi que je montais sur ce genre d'engin, et je dois avouer que la sensation de rapidité et de liberté que cela procure fut jouissive.

Nous nous arrêtâmes à la lisière d'une forêt après plusieurs minutes de route. Cela sentait le bois humide en cette période de fin d'hiver. On entendait le bruissement des feuilles et le gazouillis de quelques oiseaux. Un léger vent souleva mes cheveux et je fus parcouru d'un frisson. Je me tournais vers Gabriel, plus qu'étonnée d'être ici. Il ne dit rien et commença à s'enfoncer dans le bois. Les ténèbres l'entourèrent peut a peut et je me décidais à le suivre avant de le perdre de vue. Nous n'échangeâmes aucun mot et le silence devenait lourd et pesant. Je voulais absolument parler pour combler ce vide, mais j'eu bien trop peur de l'énerver et décidais donc de rester muette. Au bout de quelques minutes nous finîmes par déboucher sur une petite clairière vide. Il s'arrêta et me demanda de m'assoir au centre et j'exécutais. Depuis quand étais je devenue aussi docile ? Je me maudis intérieurement de ne pas avoir la gniak et le courage de lui tenir tête. Je faisais pitié à me comporter ainsi comme son toutou.

_ Maintenant tu vas fermer les yeux et te concentrer, me dit-il d'une voix grave. Ecoute, ressent ton entourage. Identifie les bruits, identifie les mouvements. Ressens chaque pulsation de ton cœur. Concentre-toi sur toi-même.

Mais de quoi me parlait-il, bon sang. Tout cela devenait totalement absurde.

_ Concentre toi je t'ai dit ! Me lança-t-il un peu plus fort.

Cela me fit tiquer et je fis ce qu'il me dit. Je fis petit à petit le vide dans ma tête. Ne pensais plus à tous ces évènements parasites... Adrien... Camille... Ma famille... Je mis tout ça dans un coin de ma tête et me concentrai sur la sensation de l'herbe sur laquelle j'étais assisse. J'entendais le battement d'aile des oiseaux, rapide et frénétique. J'identifiais la respiration lente et calme de Gabriel dans mon dos. Au loin le bruit de pas de ce qui devait être une biche fit craquer quelques branches. Je ne m'étais jamais concentré ainsi sur mon entourage et fut surprise de constater que je pouvais identifier autant de son et de bruit. C'était assez magique en fait. Il y a une telle vie dans ces bois, tellement d'habitants tous repérables aux sons qu'ils produisent.
D'un seul coup quelque chose me perturba. Un son avait disparu. Laissant un vide dans cette symbiose parfaite. Je ne compris pas de suite de quoi il s'agissait, mais en me retournant vers Gabriel pour lui faire part de mon inquiétude il n'était plus là. Voilà, c'était ça ! Je n'entendais plus sa respiration calme et posé. J'eu beau regarder autour de moi, personne. Cet idiot m'aurait-il laissé toute seule au milieu de cette forêt histoire de me faire flipper ? Et bien je ne trouvais pas ça drôle du tout. De toute façon il reviendrait bien me chercher ! Je m'assis donc et me calma. Je me concentrai de nouveau, mais cette fois ci à la recherche d'un son particulier. Un son humain. Je fis le vide, puis fit abstraction des bruits écoutés plus tôt. J'analysais calmement et consciencieusement chaque son.
C'est là que je le perçus, ce n'était ni animal ni végétal, et pas tellement ce que je recherchais mais ça se démarquait du lot. Je n'aurai su décrire. Je me dirigeais donc calmement et doucement vers la source. Cela me mena directement devant un arbre, sans que je puisse identifier plus précisément d'où. C'est alors qu'une grande ombre tomba d'un branche juste devant moi avec un bruit sourd.