Chapitre 2

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Les jours se suivirent à une allure folle. Je revis Gabriel, presque tous les jours à vrai dire. Il me faisait rire, penser à autre chose. Il passait du temps avec moi, se souciais de moi. Je m'accrochais alors à lui comme je le pouvais car il m'aidait à me maintenir hors de l'eau. C'était un peu comme s'il aspirait la noirceur qui m'entourait. Cette déprime qui me tirait vers le fond. Bizarrement, il devint tout pour moi. Plus rien d'autre ne comptait à mes yeux. Seulement lui. Était-ce de l'amour ? Non, certainement pas. Je ne saurais décrire ce que je ressentais pour lui, mais c'était là et bien réel. Je ne me sentais bien qu'avec lui, qu'en étant à ses côtés. Pourtant il restait toujours un mystère pour moi, et je savais que très peu de chose de lui. Je fus d'ailleurs très surprise d'apprendre qu'il était dans la même classe qu'Adrien. Sur le coup je l'ai beaucoup questionné à ce propos : qu'est-ce que faisait Adrien ? Comment allait-il ? Avait-il l'air heureux ? Mais Gabriel ne me répondais jamais vraiment, et me regardait sévèrement car il savait très bien que cela me faisait énormément de peine de parler d'Adrien et que je vivais encore très mal son abandon. Je me doutais alors que s'il refusait d'aborder le sujet avec moi, c'est qu'Adrien devait aller très bien sans moi, et qu'il ne se souciait même pas un tant soit peu de moi, qu'il fallait donc que j'arrête d'éprouver quoi que ce soit pour lui. Ce n'était plus mon ami. Mais même cette simple pensée suffisait à me fendre le cœur et me faire pleurer. Pourquoi ? Je ne le saurais probablement jamais.

Un soir, après les cours, alors que je venais de poser une énième question sur Adrien et que comme à chaque fois je n'obtenais pas de réponse, Gabriel se pencha vers moi et susurra à l'oreille, comme s'il allait me confier le secret même de l'humanité :

_ Jenna, me fais tu confiance ?

_ Oui... répondis-je surprise par la question.

_ Remettrais tu ta vie entre mes mains ? Me suivrais tu jusqu'au bout du monde sans poser de question ? Serai tu prêtes à prendre un nouveau départ ?

_ Oui, dis-je dans un souffle sans la moindre hésitation.

Il m'avait dit cela de manière si sérieuse, et d'une voix dure et sans appel. Sur le coup je ne pensais pas forcément aux conséquences de ma réponse. Apres tout qui aurai bien pu penser que ces simples questions pourraient changer le cours de votre vie. Je sentis plus que je ne vis, un sourire de satisfaction se dessiner sur son visage, et sans même que je ne puisse réagir, il s'approcha encore plus près, et je sentis sans vraiment comprendre des dents s'enfoncer dans ma gorge. Sur le coup je sentis une douleur aiguë qui m'arracha un petit cri. Prise de panique je voulu le repousser, pensant qu'il était devenu fou. Puis une sensation de bien-être envahi mon corps, qui me sembla d'un seul coup plus léger, et l'envie de me battre me quitta. Puis je sombrais peu a peu dans un étrange brouillard, comme étant sur un petit nuage. Je sentis qu'on me manipulait avec précaution, tout en douceur. Puis plus rien. Le noir.

Je fus tirée de mon état comateux par mon réveil. Un rêve. Forcement. Je ne pus m'empêcher de ressentir une petite déception. Cela aurait été cent fois plus excitant si cela avait été bel et bien réel. Je regardais mon téléphone avec l'infime espoir d'avoir reçus un petit mot doux, comme ceux que toutes les filles espèrent recevoir. Bien évidement je n'en avais pas ! Adrien m'ayant laissé tomber je e parlais plus à grand monde. A la place je lus un sms bizarre venant de Gabriel :

S'il y a un soucis ou quoi que ce soit, appelle-moi en premier s'il te plait. Et j'aimerais te voir à la fin des cours mais je finis plus tard que toi, tu pourrais passer à la fac si ça ne te dérange pas ? 

« Un souci » ? Pourquoi aurai-je des problèmes ? Je vais beaucoup mieux grâce a lui mais il ne faut pas non plus qu'il se comporte comme mon père, j'en ai assez avec un merci. Mais je décidais d'ignorer et lui envoyais un « ok » sans appel.
Je me sentais toute courbaturé, comme si j'avais courus un marathon la veille. Mon sommeil a du être quelque peu agité. En me regardant dans le miroir je fus étonnée de constater que j'avais repris du poil de la bête et commençais progressivement à ressembler à quelque chose.
La journée passa rapidement ressemblant a exactement toute les autres, et à la fin des cours je pris la direction de la fac. Sur le chemin mon cœur se mit à battre plus fort. J'y avais pensé toute la journée, Adrien et Gabriel suivent le même cursus et sont donc dans la même fac... Cela faisait longtemps que nous n'avions pas parlé, depuis qu'il m'a lâchement laissée tomber pour aller s'amuser avec Camille alors que j'étais sur le point de faire une connerie. En même temps je voulais de tout cœur le revoir et en même temps je voulais lui faire payer. On peut dire que je l'aime et le hais à la fois. J'aimerai tellement que tout redevienne comme avant, que nous redevenions les amis proches que nous avons été. Je me souviendrais toujours de ce qu'il m'a dit un jour et qui maintenant me donne envie de pleurer : « tu es un peu comme ma petite sœur tu sais Jenna ! ». Penser à tout ça me donna des envies de meurtre mais aussi de pleurer toutes les larmes de mon corps.
Arrivée avant l'heure j'attendais patiemment devant la salle tout en étant anxieuse. Et je ne saurais si c'est malheureusement ou heureusement, mais Adrien fut le premier à sortir de la salle un petit peu avant l'heure. En me voyant la assise toute seule en train d'attendre il fut plus que surpris et resta un moment à me regarder sans bouger. Je tentais donc de lui sourire de manière gêné afin de détendre l'atmosphère. Il ne me le rendit pas et au lieu de ça me regarda droit dans les yeux et m'assenât :

_ Qu'est-ce que tu me veux ?

Cela me fit l'effet d'une douche froide et mon sang ne fit qu'un tour.

_ Je ne suis pas là pour toi, tu n'es pas le centre du monde tu sais.

_ Ah ouai ? Bizarrement tu te retrouves la seule assise en train d'attendre devant ma salle de cours. Qu'est-ce que tu fais la ? répondit-il froidement.

_ Mais qu'est-ce que tu as ? Tu es en mode super agressif la ! Je ne t'ai rien fais que je sache n'est-ce pas ? C'est toi qui me tourne le dos, m'abandonne, me traite comme un merde et ça devrait être moi la fautive ? Eh bien non je ne suis pas d'accord je n'ai rien à me reprocher ! Tu m'as gâché la vie, tu m'as pourris alors que j'essayais de t'aider, alors que j'étais la seule encore présente pour toi ! Et là tu me fais un scandale parce que je suis devant ta salle de cours ? Putain ! Mais redescend sur terre un peu ! On dirait un gros gamin qui cherche à faire son caprice. Si tu as un problème avec moi dit le moi mais ne m'agresse pas comme ça sans raison, ok ?!

Sans m'en rendre compte je m'étais levée et des larmes de colère coulaient sur mon visage alors que j'haussais la voix. Il se calme tout de suite et fut tout aussi étonné que moi de voir à quel point je m'étais emportée.

_ Qu'est-ce que tu fais ici alors ?

_ J'attends Gabriel, un gars de ta classe...

Ce fut comme si je l'avais piqué avec une aiguille. Le connaissant si bien je sus direct que c'était de la jalousie. Mais je fis comme si je n'avais rien vu de peur d'envenimer encore plus les choses.

_ Vous sortez ensemble ? me questionna-t-il.

_ Non ! Et puis c'est quoi cette question ? Au pire je fais ce que je veux je n'ai pas de compte à te rendre.

A ce moment-là la porte s'ouvrit derrière lui. Gabriel sorti, nous regarda à tour de rôle, pris de pris par la main et me tira dehors. Je me retournais pour regarder Adrien, et vis qu'il nous scrutait étrangement. La main de Gabriel se resserra sur la mienne, et il finit par s'arrêter sous un arbre un peu plus loin. De là ou j'étais je ne pouvais voir le bâtiment duquel nous venions de sortir. Je sentais toujours sa main dans la mienne, qui me parue étonnement froide, et me mis a le fixer droit dans les yeux en attendant qu'il prenne la parole.

_ Je suis désolée j'aurais dû te demander de me rejoindre ailleurs, cela aurai évité cette situation, je t'avoue que je n'y avais pas réfléchis.

_ Ne t'excuse pas, ça m'a fait du bien de lui balancer un petit bout de ce que j'ai sur le cœur. J'aurai bien aimé accompagner tout ça d'une bonne gifle mais bon...

_ Hum... Bref n'en parlons plus. Je t'ai demandé de venir parce que j'ai besoin de te parler d'un truc important, sa voix se fit moins douce et plus sérieuse tout à coup. Tu te souviens de ta réponse d'hier ?

Ma réponse ? Oh merde alors ce n'était pas un rêve ! J'eu des frissons et un mouvement de recul. Je voulus retirer ma main de la sienne mais il resserra encore plus son étreinte jusqu'à me faire mal.

_ Tu ne peux plus revenir en arrière Jenna, il est trop tard. J'ai donc maintenant besoin que tu me fasses entièrement confiance. Je t'offre la quelque chose qui te changera a jamais et qui résoudra tous tes problèmes.

_ Mais de quoi tu parles ?! ma voix qui montait dans les aiguë reflétait actuellement mon état d'esprit. J'étais perdue et j'avais peur.

Il se rapprocha de moi, me pris dans ses bras et me chuchota doucement et sensuellement à l'oreille : « Je t'offre l'immortalité Jenna. Maintenant tu m'appartiens. » 

Regrets...Where stories live. Discover now