Chapitre 1

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Décembre 1681

-Je n'en peux plus de ce froid ! 

Emmitouflée dans sa couverture, Aliénor regardait les flammes dansantes du feu.

-Arrêtez de vous plaindre ! lui répèta sa mère

C'était une femme d'une trentaine d'années, avec de beaux cheveux châtaints et de grands yeux verts. Elle était docile et très aimante.

-Vous savez parfaitement qu'une jeune fille bien élevée ne tiendrait pas ces mots ! ajouta-t-elle

-Je le sais mère. répondit Aliénor d'un air lassé

Cette dernière était encore jeune, elle n'avait qu'une quinzaine d'années mais éblouissait déjà toute sa région par sa beauté et son élégance. Ses cheveux noirs rappelant l'ébène la rendaient vivante et faisaient ressortir ses yeux bleus, virant parfois au gris. Elle était fine ce qui désolait sa mère, car une enfant trop chêtive inspirait la pauvreté. Heureusement son teint relèvait ce défaut puisque il était blanc et très pure, il faisait d'ailleurs beaucoup d'envieuses. 

Elle était l'aînée d'une petite famille se composant seulement de deux filles, un grand malheur. La mère de santé déjà très fragile n'avait réussi à donner vie qu'à un garçon, décédé quelques jours après sa naissance. Cependant la vie avait suivi son cours et les Montarly n'avaient eu de choix que d'accepter leur sort. La cadette se prénommait Jeanne, elle avait déjà treize printemps et s'entendait à merveille avec Aliénor. Elle était tout son opposé; brune et munie de jolies yeux rieurs couleur noisette. Sa beauté n'était pas aussi étincelante que celle de son aînée mais elle possèdait tout de même un charme qui lui fut favorable pour son avenir. 

Leur père progressant sur la cinquantaine gardait néanmoins des traits de jeune homme. Il était grand, possèdait une crinière aussi noire que sa première fille ainsi que des yeux verts transperçants. 

Les Montarly vivaient en Aveyron, à Millau. Malgré un titre de marquis inspirant la richesse, ils étaient ruinés. La famille, de caractère altruiste, avait tout donné aux pauvres de leur ville. 

*****

-Sortez de vos couvetures et venez avec moi ! l'incita Jeanne, j'ai une chose à vous montrer. 

Aliénor rabattit les couvertures et se lèva d'un bon pour suivre sa soeur. Elle se demanda ce qu'elle avait de si urgent à lui faire voir. 

Jeanne la précipita dans sa chambre où elle sortit de sous son matelas une petite boîte joliment décorée.

-Anne me l'a donné. lui confit-elle

Il s'agissait de leur cuisinière. Anne adorait les deux filles et ne manquait jamais une occasion pour les taquiner. 

La plus jeune tira doucement le couvercle, la plus grande put apercevoir quelques pâtes de fruit.

-Donnez m'en une. ordonna-t-elle avec impatience

-Inutile d'être aussi rustre, je ne vous ai pas faite venir pour que vous les contempliez ! se défendit Jeanne se sentant agressée

-Je ne sais que peu avec vous. 

La cadette prit un air offusquée ce qui provoqua un fou rire auprès de son amie. Chacune se goinfra mais elles furent rapidement interrompues par une des femmes de chambre.

-Mesdmoiselles il ne faut point autant manger de sucre. Vous allez vous rendre malades ! s'inquiéta Manon, la bonne

Elle était un tantinet plus âgée qu'Aliénor et était très douce. Ses cheveux bruns étaient toujours attachés en queue de cheval. 

Aliénore, Demoiselle à VersaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant