Guilty

Chapitre 2

C'était il y à maintenant trois ans. Il avait encore été viré de son école. C'était la troisième fois depuis le début de l'année. Un appel rapide de son père et c'était réglé. Comme à chaque fois. Il se souvenait du regard sans intérêt que lui avait lancé son père en lui annonçant qu'il pourrait retourner à l'école le lendemain. Pas une réprimande, pas une punition. Il aurait encore préféré la brûlure d'une gifle sur sa joue que la froideur de son regard. Mais cela faisait longtemps que son père ne lui témoignait plus aucune affection. Après la mort de sa femme, il avait reporté toute son attention sur son fils, essayant de le former, pour qu'il puisse hériter de l'entreprise. Mais à la minute où il s'était rendu compte que ce n'était pas fait pour lui, il s'en était tout simplement désintéressé.

Ce soir là, Jungkook était sortit faire la fête, même s'il n'avait rien à fêter. Il s'était soûlé, jusqu'à ne plus savoir où il était. Il avait alors regardé autour de lui. Toutes ces personnes dansant jusqu'à pas d'heure, pour se donner l'illusion de s'amuser. Ces soit disant amis qui n'en avait qu'après son argent, il le savait. Malgré son état semi-anesthésié, il avait alors sentit les larmes couler le long de ses joues. Ce n'était pas ça qu'il voulait. Titubant, il était sortit, et avait prit sa voiture pour rejoindre son père. Il en avait assez de faire semblant, son absence d'intérêt était entrain de tuer Jungkook de l'intérieur. Sa mère lui manquait tellement. En cherchant les clés, il était tomber sur un sachet de drogue qu'un de ses "amis" avait glissé dans sa poche, le convaincant d'essayer. Mais le jeune l'avait jeté par la fenêtre, il ne touchait pas à ça.

Ce qui n'était plus le cas aujourd'hui. Après avoir tabasser Taehyung, il avait ramassé plusieurs fioles qui étaient tombés de sa poche et s'était enfui. Il était maintenant dans les toilettes sordides de la gare, tremblant tellement qu'il avait du mal à sortir la seringue du sachet. Le néon clignota d'un coup. Jungkook leva la tête en l'air avant de croiser son regard dans le reflet de du miroir fissuré. Pâle, les yeux exorbités, il faisait peine à voir. Taehyung ne s'était pas laissé faire, sachant ce qu'il risquait s'il se faisait voler la marchandise, et l'avait bien amoché. Son arcade sourcilière était ouverte, et du sang avait séché le long de sa tempe jusqu'à son œil qui avait doublé de volume. Son corps entier demandait sa ration de drogue. Il retira sa ceinture et s'en servit pour faire un garrot. Il remplit la seringue et piqua directement dans la veine.

Ses tremblements cessèrent petit à petit. Il recula jusqu'à atteindre le mur et se laissa glisser jusqu'au sol. Sa respiration s'apaisa et son regard devint flou. Si son corps était bien là, son esprit lui était très loin. Il se sentait merveilleusement bien, une douce chaleur l'envahit. Mais l'effet ne dura pas longtemps. Il eut soudain l'impression de tomber dans le vide et perdit tout repère. Il attrapa une deuxième fiole qu'il vida dans la seringue avant de se piquer à nouveau. Mais l'effet ne dura pas longtemps une fois de plus. Il vida la dernière fiole qu'il avait en sa possession, mais l'effet se dissipa encore une fois. Frustré, il jeta la seringue au sol.

C'est alors qu'il le vit. Il était là, devant lui. Le jeune homme laissa échappé un sanglot, il comprit immédiatement ce qui l'attendait. Un petit garçon, d'une dizaine d'années à peine, plein de sang le regardait. Il tendit lentement la main pour toucher Jungkook, qui secoua la tête frénétiquement: "Non, non s'il te plaît ! Pas encore !"

Mais l'enfant ne recula pas. Jungkook se recroquevilla en fermant les yeux et se mit à gémir: "Je suis désolé, je suis désolé !"

Lorsqu'il les ouvrit il était à nouveau dans sa voiture renversée, coincé, la tête à l'envers. Il était paralysé, ne pouvant rien faire d'autre que regarder. Une fumée blanche émanant des carcasses des voitures s'élevait lentement vers le ciel, contrastant avec la noirceur de la nuit. Jungkook se remit à pleurer. Il revivait encore et toujours cette scène. Cette nuit la, complètement alcoolisé, il n'avait pas pu maîtriser son véhicule qui était allé percuter une voiture dans un virage. Le conducteur, qui avait traversé le pare-brise, gisait au milieu de la route, sur le bitume froid et humide. Des pleurs sortirent du véhicule accidenté. C'était l'enfant, qui appelait son père. Il tourna difficilement la tête, afin d'apercevoir la voiture. La portière s'était ouverte suite au choc. Le petit garçon était là, assis sur son siège auto, plein de sang, il le regardait de ses yeux innocents. Il tendit lentement la main dans sa direction en gémissant, comme s'il le suppliait de l'aider.