Chapitre 75

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« Mais qu'est-ce que j'ai fait? »

Sa main lui faisait davantage mal maintenant qu'elle avait bougé et quand Allec ouvrit sa porte et la fit entrer de force, du sang coula sur le parquet et sur son tapis.

- Bravo, tu as tout taché..., dit-il sur un ton irrité.

- Désolé.

- Viens ici.

Il déposa les clefs dans une coupelle et l'emmena dans sa salle-de-bains... Ah... ce bon vieux lavabo...

Allec avait descendu le couvercle de ses toilettes puis l'avait faite asseoir dessus. Tout en silence, il alla chercher une trousse avec l'emblème d'une croix rouge brodée dessus. Il allait la soigner... En temps normal, il l'aurait emmenée à l'infirmerie... Mais là, il la protégeait, car l'infirmière se poserait forcément des questions et Émie risquerait automatiquement d'être démasquée par Weiss... Et elle ne voudrait pas subir les foudres de cet homme trop envahissant.

Le regard d'Allec était direct et aussi éguisé qu'un sabre de samouraï, et pourtant, il s'occupait d'elle avec douceur... Malgré ce qu'elle leur avait fait dans l'infirmerie, il était toujours là, à prendre soin d'elle. Il était mal en point, sa chemise blanche si impeccable d'habitude était complètement déchirée, laissant apparaître sa musculature puissante, ses cheveux, qu'il essayait de tenir en arrière étaient tous en rébellion, son visage était clairsemé de petites plaies. Elle s'en voulait de ne pas contrôler son pouvoir... et surtout sa colère... Mila avait peut-être disparu aussi, mais Émie ne devait pas mettre en danger les amis qui lui restaient...

Quand Allec leva ses yeux bleus nuit sur elle, elle eut un pincement au cœur. Il était exacerbé et tendu... elle ne pouvait qu'espérer calmer l'atmosphère en parlant:

- Ce sang a vraiment une odeur horrible...

- Je ne la sens pas. Lui répondit-il en baissant les yeux sur sa main et en haussant ses grandes épaules.

Apparemment, toutes tentatives pour entamer une conversation étaient vouées à l'échec vu sa colère.

Qu'avait-elle fait au juste? Un pacte? Et alors? Il n'avait aucune raison de lui en vouloir, parce qu'elle l'a fait pour ses amies disparues, pas pour le rendre jaloux ou pour s'amuser. Non elle savait les risques.

Tu as vendu ton corps à un démon! Son joujou préféré est maintenant abîmé et propriété privée! Comment crois-tu qu'il va le prendre?

« je ne suis pas son joujou! »

Le contact de la main chaude d'Allec sous la sienne la sortit de ses pensées, muni d'un antiseptique et d'une petite lingette, il tapotait délicatement la plaie béante d'Émie. Ce qui ne lui fit aucun bien, ça brûlait et même si Allec essayait de ne pas lui faire mal, les petits gémissements d'Émie en disaient long sur sa douleur et le faisaient tendrement sourire.

- Vas y doucement Allec..., finit-elle par grogner.

- Lui n'y a pas été de main morte! Lâcha-t-il.

Puis il continua en versant au fur et à mesure, plus de liquide antiseptique sur sa main.

Elle serra les dents, mais des petites larmes coulaient tout de même. Elle n'était même pas capable d'assumer et de souffrir sans chialer... Qu'elle petite nature!

Elle sourit à ses propres pensées.

- Quoi? Ça t'excite que je te frotte la main?

Elle leva aussitôt les yeux vers lui et son regard de braise. Elle était toujours étonnée de voir à quel point, il pouvait vite changer d'humeur. C'était peut-être la chose qui la déconcertait le plus. Un coup, il pouvait être rieur et jovial comme froid et distent.

Il lui lança un sourire plein de fossettes et continua de frotter sa plaie tout en gardant ses yeux d'un bleu océan, plongés dans ceux d'Émie. Elle voyait clairement dans son jeu et elle connaissait ce regard inquisiteur.

- Comme ça? Lui susurra-t-il.

- Ça me ferra mal quoi qu'il arrive, fait vite.

Sous la froideur involontaire d'Émie, il se crispa et baissa les yeux sur sa main. Involontaire ou presque, parce qu'elle tenait toujours à rester loin du feu passionnel d'Allec. C'était dur, oh oui ça l'était, mais elle devait résister malgré elle.

- Donc tu continues de croire que Rose ne veut pas que tu sois heureuse sans elle?

- Je n'ai pas envie de parler de ça maintenant. Tu as fini?

- Il va bien falloir qu'on en reparle un jour, tu sais très bien que je ne peux pas attendre plus longtemps, quand nous sommes ensemble, j'ai toujours beaucoup de mal à me contrôler... j'ai besoin de ressentir ton corps contre le mien...

Et pour accompagner ses mots, il lacha sa main pour venir poser les siennes sur les cuisses nues d'Émie, puis lentement il les remonta, donnant à Émie une rasade de frissons délicieux. Ses caresses lui avaient manqué... Encore un peu et elle ne tiendrait plus... il avait donc bien remarqué l'envie d'Émie et avec un fier sourire, il continua de remonter ses mains brûlantes sous la pauvre chemise de nuit d'Émie, qui ne faisait pas le poids contre les assauts désireux d'Allec.

- Ne me dis plus jamais que tu veux te séparer de moi..., lui chuchota-t-il au creux de l'oreille.

- Ma conscience me hurle de te repousser.

- Et que dis ton cœur?

- Mon cœur dit des choses que je ne peux pas écouter. Répondit-elle alors que sa main se glissait toute seule dans les cheveux bruns d'Allec.

Il comprit ce geste comme un signe de désir et prit Émie au dépourvu quand il la tira à lui, d'un coup sec. Son pauvre cœur battait à la chamade et elle savait bien qu'elle n'allait pas sortir indemne de cet échange. Les mains envoûtantes d'Allec se glissaient plus haut encore, faisant remonter les envies les plus profondes d'Émie. Il palpait chaque centimètre de son corps, redécouvrant ses courbes qu'il trouvait trop parfaites, pour ne plus les toucher...
Elle bouillant à l'intérieur, mais elle devait se retenir, car elle le voyait bien, si elle cédait à Allec, il ne s'arrêterait plus...

Apparence, la traque a commencé...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant