Chapitre 80

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Le sang d'Émie se glaça quand elle comprit que les sbires de Weiss l'avaient retrouvée. Les gardes criaient son nom et lui hurlaient de redescendre. Le tintement de grosses bottes contre du fer parvint jusqu'aux oreilles d'Émie, l'alertant du danger.

Tout ce remue-ménage lui avait fait prendre réellement conscience qu'elle était enfin sortie du dôme et qu'elle était désormais libre... à condition de fuir... Cependant, son souffle fut coupé quand elle le redécouvrit, vu de l'extérieur. Ce foutu dôme qui l'avaut retenue. Une fois elle avait essayé d'en sortir... mais il lui avait envoyé une forte decharge et Allec avait répliqué quelque minutes plus tard. Le reflet des deux grosses pleines lunes miroitait sur ce couvercle translucide. Comment avait-elle pu être aussi aveugle et ne pas le voir plus tôt?

À travers, elle pouvait percevoir la forêt si boisée, que maintenant elle paressait parfaitement artificielle. Le château, quant à lui, imposait sa loi et quand elle poursuivait son regard jusqu'en bas du dôme, la voie de chemin de fer, qui reliait Onia à l'école, continuait à l'intérieur.

- Émie cours!

Cette voix si singulière raisonna dans sa tête à tel point, qu'elle en fut déstabilisée. Mais d'où venait-elle? Elle eut beau faire toutes les pirouettes possibles, elle ne trouvait pas son interlocuteur.

- Émie cours bon sang! Ils vont te rattraper!

Ça y est, elle devenait folle. Elle entendait des voix!

Enfin, elle n'avait pas le temps de se poser trop de questions, si elle voulait garder sa liberté, elle devait fuir et pour de bon cette fois-ci, sans se reperdre dans ses pensées. Mais, à peine, avait-elle fait un pas qu'une main gantée saisit sa cheville nue. Le regard de l'homme qui la tenait aurait pu dissuader quiconque, mais pas Émie, pas quelqu'un qui avait passé cinq ans, enfermé dans une bulle à oxygène et climat artificiel. Enfin elle pouvait sentir le vrai air de cette planète et elle n'allait pas s'en priver.

D'un coup sec, elle s'arracha de l'emprise du garde et courut droit devant elle. Des ordres se firent alors entendre, mais elle ne s'autorisa pas à leur getter un regard derriere elle, tant qu'elle n'était pas loin.

- Cours vers Onia, je te rejoindrai.

Donc cette voix persistait à vouloir lui donner des ordres? Si elle n'avait pas été obligée de les exécuter, elle n'aurait écouté que sa propre conscience... Elle en avait déjà une assez frustrante alors deux, elle ne tiendrait pas... cependant, cette voix lui rappelait celle d'Élias. Mais comment faisait-il pour communiquer avec elle, s'il était en prison? Ce ne pouvait pas être lui...

- Si c'est bien moi..., persista la voix, le dôme empêchait toute conversation entre pactisé, maintenant que tu es dehors, je peux communiquer avec toi, mais pas pour longtemps si tu ne cours pas plus vite que ça!

Et en plus, il pouvait lire dans ses pensées? Bonjour l'intimité!

- Je sais que ce n'est pas super, mais dans ce genre de situation, c'est plutôt pratique! Cours!

Quoiqu'il arrive, Élias avait raison. Elle devait courir vers la ville, elle pourrait sûrement s'y cacher. De plus, elle mourait d'envie de la découvrir! Mais il était vraiment difficile et épuisant de courir dans le sable... Ses pieds s'enfonçaient soit trop, soit pas assez et elle trébuchait toutes les deux secondes, rétrécissant à chaque fois les mètres qui la séparaient des gardes...

- Fais attention, ce désert est dangereux...

- Pourquoi?

- Il y a des sables tournant... Si jamais tu te prend dedans, fais-toi léviter, je suis sûre que tu en es capable! C'est en fait ta seule solution pour t'en sortir...

- Quel sables tournant? C'est quoi ça enc... Pourquoi ce sont-ils arrêtés?

Émie avait enfin risquer un coup d'œil derrière elle. Les gardes avaient stoppé leur cours à quelques mètres d'elle. Certains avaient l'air paniqué, d'autre en colère, mais Emie n'y prêta pas grande attention et continua de décamper vers la ville aux airs futuristes.

Quand soudain, ses pieds brassèrent l'air. Elle ne sentait plus le sable fin sous ses orteils, juste le vide. Et tandis, que la panique s'emparait d'elle et que son sang se glaça, elle dégringolait dans un vide qui était apparu sans crier gare...

Des pans de sables se soulevaient et tournaient devant ses yeux effrayés. Quant à elle, elle tombait.

Où? Qui sait vraiment?

Comment? Comme on tombe d'un toit.

Pourquoi? Les sables tournant pardi!

- Fais-toi léviter ou tu peux être sûre que tu ne reverras jamais plus la lumière du soleil!

Elle fit alors ce qu'Élias lui disait. Elle ne savait pas vraiment comment faire, mais si elle ne prenait pas les choses en main, elle ne pourra jamais sauver ses amies ni voir cette ville qui l'intriguait tant... et vous savez à quel point elle tient à faire tout cela...

La sensation de paix arriva donc au grand galop, comme si elle était impatiente d'en découdre avec la mort!

Le paysage défilait devant ses yeux à une vitesse hallucinante, mais dès qu'Émie avait activé ses pouvoirs, le paysage avait ralenti et s'était mis à défiler dans le sens inverse. Émie prenait peu à peu de la hauteur. Elle avait enfin le plein contrôle sur son pouvoir et une confiance en lui des plus sûre. Elle savait qu'il ne le lâcherait pas maintenant. Pourquoi? Parce que le fluide noir qui l'effrayait à chaque fois et lui faisait perdre confiance en ses capacités, ne s'était pas incrusté sur elle.

Au fur et à mesure qu'elle prenait de la hauteur, elle découvrait ce qui l'avait fait dégringoler. Comme des hélices qui tournaient, des pends de sable dansaient, faisant tantôt voir le noir d'un gouffre sans fin, tantôt voir la couleur orangée du sables tourmenté par le remue des plateaux.

Ce spectacle durait sur, au moins, trente mètres. Il formait comme une muraille entre la ville et l'école... c'était tout bonnement effrayant...

Elle allait donc devoir passer cette barrière en lévitant au dessus...
Ce n'était pas spécialement réjouissant, mais elle ne céda pas à la panique et se débrouilla pour avancer dans les airs...

Sur environs la moitié de la distance, cela avait bien marché mais maintenant, elle s'épuisait et elle se sentait perdre de l'altitude à chaque mètre parcourue. Elle jeta un coup d'œil derrière elle. Les gardes étaient restés planter quelque mètre avant que les pends de sables ne se mettent à valser et la regardaient d'un air incrédule. Un d'eux pointait son arme sur elle... Là, elle paniqua alors que le calme l'avait gagné quelque seconde auparavant. Cependant, un des gardes, sûrement leur chef, posa une main ferme sur le canon et le baissa tout en la dévisageant. Même si cet homme lui avait sûrement sauvé la vie, il y avait comme un air de menace dans son regard et elle comprit alors qu'elle ne pourrait jamais sans sortir sans être poursuivie par Weiss et ses sbires...

Apparence, la traque a commencé...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant