* Chapitre Un *

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Chapitre un

- ­Tu seras là demain ?
- Comme tous les jours Aryanne.
- Je sais ! J'y vais ! Merci encore de m'avoir remonté le moral !
- C'est la moindre des choses... Une cliente si fidèle.
- Tiens ton argent ! Bye bye !!
- Merci.

La dénommée Aryanne se leva, referma son sac de marque et réajusta sa chevelure flamboyante. Hésitante à partir, elle fixait son hôte qui venait de se mettre debout afin de la raccompagner à la sortie. Un sourire se forma sur ses lèvres finement mises en valeur par le maquillage.

- Tu n'étais pas obligé !
- Tu semblais hésitante.
- C'est vrai... Merci.

Une fois devant la porte elle prit une grande inspiration et quitta le club.

**

Ça y est, elle était partie. Enfin ! Pas qu'elle l'ennuyait... mais un peu quand même. Il se dirigea vers sa table et la débarrassa. Son heure de fin de service était dépassée depuis au moins une demi-heure mais il n'avait pas le droit de virer une cliente sauf dans certaines circonstances exceptionnelles —ce qui n'avait pas été le cas

- T'en fais une tête, beau gosse !

Il sursauta, manquant de lâcher le plateau qu'il tenait entre ses mains et fixa son patron. L'homme, qui semblait avoir dépassé le demi-siècle, le fixait de ses prunelles vertes.

- J'y peux rien... c'est ma gueule je peux pas en changer, grimaça-t-il en détournant le regard.
- Ne change rien Alfons ! C'est ta tête qui attire les clientes ici !

Alfons posa le contenu de son plateau dans l'évier, ne réagissant plus à ce que disait son patron. Celui-ci n'insista pas et se rendit dans la grande salle pour s'assurer que tout allait bien.

Une fois à nouveau seul avec lui-même, l'hôte fit rapidement la vaisselle afin de pouvoir se changer et quitter le club.


**

La porte de service se ferma derrière lui. Là, dehors, il respira l'air frais qui s'engouffrait dans ses narines, apportant avec lui l'odeur des poubelles, mais ce n'était pas grave comme il ne comptait pas s'éterniser ici. Balançant le sac qu'il tenait en main dans le bac à ordure il quitta la ruelle s'engageant dans la rue, qui malgré l'heure tardive, était encore pleine de vie.


Arrangeant ses cheveux blonds qu'il recouvrit d'un bonnet noir, il traversa la rue se retrouvant devant l'entrée du bar faisant face au club dans lequel il travaillait. Une petite hésitation de sa part le décida à ne pas pousser les portes de ce lieu. Il avait assez bu pour aujourd'hui. Sa dernière cliente avait vidé au moins quatre bouteilles de vin et il avait dû l'accompagner.

Tout en marchant jusqu'à sa voiture garée un peu plus loin, Alfons se remémora de ce que lui avait confié Aryanne.

Elle était une femme riche (comme la plupart de ses clientes). Quelques jours plus tôt son copain avait abusé d'elle et lui avait volé une bague. La police était bien entendu intervenue. Aryanne récupérant sa bague tandis que son "ex" fut placé en cellule... Cette expérience l'ayant choquée (une première pour elle, lui avait-elle précisée), elle avait pris la décision de venir chercher réconfort auprès des hôtes du club.


Maintenant qu'il y repensait, il ne put s'empêcher de rire doucement. ­­Il y avait probablement une part de vérité là-dessous... Mais, c'était comme les hommes qui se cherchaient une excuse pour aller aux putes, la plupart de leurs clientes se cherchaient une excuse pour venir au club discuter avec les hôtes. La plupart tu temps, cela en restait là; les clientes n'avaient aucun droit de coucher avec les hôtes. Néanmoins... Ce qui se passait en dehors du club ne regardant personne...

Par ailleurs sa cliente lui avait avoué qu'elle aimerait coucher une nuit avec lui. Il avait refusé. Elle avait semblé déçue mais n'en avait rien dit l'ayant simplement remercié ce qui avait par ailleurs provoqué son départ.

C'est tout en soupirant qu'il prit place dans sa voiture et démarra.


***

Figés et Immortels.Where stories live. Discover now