Alors reste pour moi

Le pire moment de sa vie. La fin même de son existence, voilà ce qu'il voulait en ce moment. Kise se laissa tomber le long du mur de sa chambre, comment avait-il pu? Comment avait-il été assez stupide pour le lui avouer? 

Un peu plus tôt dans la soirée il s'était retrouvé seul avec son sempai, il avait décidé de lui dire. Il était naïf, trop naïf peut être. Il fondait de trop grand espoirs dans ce qu'il faisait, ce qu'il allait faire et ce qui pourrait arriver. Il alla vers son sempai en souriant comme à son habitude.

- Kasamatsu-sempai!

- Oui Kise?

- Je voudrais te parler de quelque chose, dit-il en jouant nerveusement avec ses doigts.

- Je t'écoute.

Voilà, c'était là qu'il aurait dû se taire, inventer autre chose où lui sortir une imbécillité mais l'idée que son sempai ne l'aime pas ne l'avait même pas éfleuré.

- Je voulais te dire que...je...

- Que quoi Kise? s'impatienta Kasamatsu.

- ...t'aime, dit-il à peine audible.

- Tu pourrais répéter, je n'ai pas entendu.

- Je t'aime sempai...

Les joues rougies, il regardait ses pieds les trouvant intéressants pour le coup. Il le regarda éberlué en écarquillant les yeux. Kise venait de lui dire qu'il l'aimait lui, un homme, Kise était donc homosexuel? Impossible. C'était certainement une blague débile de Kise.

- Je ne trouve pas ça drôle Kise. Ne sors pas de telles conneries à la légère. En plus je suis un homme et toi aussi, ça ne se fait pas.

Kise tiqua. Il pensait que c'était une blague de sa part, que ça ne se faisait pas. Il ne l'aimait pas comme lui l'aimait. Il fallait mieux qu'il fasse comme si c'était une blague de sa part. Il releva la tête en souriant facticement.

- Hé ben mince, je crois que je me suis fait avoir. Bon pour une carrière dans le cinéma c'est raté, dit-il en riant légèrement.

- Effectivement. Je suis pressé je te laisse à demain !

- Ouais...

Il se retourna dos à son sempai en se mordant l'intérieur des joues pour ne pas pleurer.

Voilà comment il en est arrivé là. 

- Putain...comment est-ce que j'ai pu être aussi con? gémit-il en pleurant.

Aucune réponse. Sauf celle qui lui vient à l'esprit. Le suicide? Bonne façon d'en finir. Mais comment ne rien laisser derrière soi...un incendie. 

- Des allumettes...où est-ce que je les ai rangées? Dans le tiroir!

Il fila dans la cuisine, et prit la boîte et regarda le contenu. Il n'y en avait pas plus de vingt. Il sortit de la cuisine le boîte en poche et se dirigea vers le bar. Heureusement que sa manager lui apportait toujours des bouteilles d'alcool qu'il ne touchait jamais. Il en prit d'abord deux et en induit sa cuisine. La deuxième il s'en servit pour le salon. Il ouvrit les fenêtres en se souvenant que le vent attisait les flammes. Il reprit d'autres bouteilles et inonda sa salle à manger au rez-de-chaussée, sa salle de bain, la chambre d'ami qui étaient à l'étage. Il redescendit dans sa cuisine et alluma une allumette qu'il jeta ensuite en regardant avec fascination sa cuisine s'enflammer. Il fit de même avec son salon et sa salle à manger. Il remonta et enflamma sa salle de bain, sa chambre d'ami et s'enferma dans sa chambre. 

Il prit différentes photos de lui et les déchira. Il en prit une et s'adossa à son mur en pleurant. La photo de  Kasamatsu riant devant Kise étalé de tout son long sur le terrain. Un de ses coéquipier avait eu la bonne idée de prendre une photo et de la donner à l'équipe.

Le fumée toxique s'échappait et venait s'engouffrer dans sa chambre. Il sourit ironiquement, un mannequin qui mourrait déformé. Super info qui apparaîtra certainement le soir même dans les journaux.

Il se sentait chanceler, c'était bientôt fini. Il pensa une dernière fois à celui qu'il aimait, à l'ancienne génération des miracles, à sa famille, sa manager. Il rit tristement pensant à elle, cette femme manquera énormément à Kise. 

- Je vous ai tous aimé, surtout toi Yukio...

Et il se tut en souriant.