Elle n'est pas lesbienne et c'est ce qui m'enchante. Séduire une hétérosexuelle. La faire jouir mieux qu'un homme. L'emprisonner dans le doute. La culpabiliser. Qu'elle se réveille, les cheveux ébouriffés, le corps mis à nu, les traces de mes ongles dans son dos, et qu'elle se dise: j'ai couché avec une femme. J'ai trompé mon homme avec une femme. Victoire de ma cambrure sur ses coups de reins. Blessure de son égo sans égal. Qu'elle se regarde dans un miroir, et qu'elle ne puisse s'apercevoir. Douloureuse plaie, lame de honte. Qu'elle se souvienne de moi comme son pire cauchemar et son plus grand plaisir. Qu'elle me croise dans la rue avec peur et envie. Qu'elle porte ce lourd secret jusqu'à ce qu'il l'écrase au point de l'enterrer sur place, à mon plus grand enchantement.
- C'est un soir sans lune. Calée à ma fenêtre, une clope aux lèvres, et le regard fixé sur mon T-shirt qui a viré au rouge. Je me remémore la scène en boucle dans ma tête. Je me revois encore plonger ma main dans sa poitrine, lui arrachant le coeur d'un geste vif et fluide, comme s'il avait été répété maintes fois, comme un geste quotidien. Elle m'avait lancé un regard surpris, non, choqué, lorsqu'elle m'avait senti dans l'antre de son intimité en même temps que je broyais son coeur de mes propres mains. Son hurlement venait-il de cet intense plaisir que je lui procurais de mes vas et viens réguliers dont la vitesse atteignait des sommets, ou de la douloureuse brulure de son âme déchirée? Je ne sais pas. Je laissai lentement glisser ma langue sur la peau de son cou, le mordillant au passage. Je sentis son cri retenu, ce qui me décrocha un sourire. Je l'entendais gémir de plus en plus fort, au rythme de l'accélération de mes coups de langue et de l'écoulement de son sang suintant entre mes doigts. Dans un ultime cri de jouissance, je sentis son corps se relâcher entièrement. Je l'embrassai une dernière fois, la couchai sur le sol, et partis. - Un Adieu Dans L'Orgasme.
