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Il était 8 heures et j'avais déjà envie de mourir.

Je marchais, réticente, vers la salle de classe de mon désespoir.

"Eh, 43 !"

Soren 256, bien sûr, l'idiot vaniteux à la tignasse blonde en bordel qui m'abordait ne pouvait être que lui. Je ne réagis même pas et préférai aller vers la salle de classe tout compte fait.

"Oh, mais c'est qu'on joue sa puissante QUA-RAN-TEUH TROIS." Il insista lourdement sur son "quarante".

Oh putain.

Depuis qu'il avait vu mon number par accident, notre cher Soren se comportait comme ce qu'il était, à savoir un gros connard condescendant.

Enfin depuis qu'il avait vu UNE PARTIE de mon number, il lui manquait encore le 7 devant. Moi, c'est Eiyu 743, et je suis ce qu'on pourrait appeler un être surpuissant.

Et oui, dans ce monde, notre puissance se mesure en 'numbers'. Ces chiffres gravés sans raison sur notre peau déterminent apparemment tout ce qu'il y a à savoir sur nous. Sous 50 vous êtes faibles, plus de 200 vous êtes forts.

C'est tout.

Et ça, Soren DEUX-CENT-CIN-QUAN-TEUH SIX le savait bien. Mais ce qu'il ne savait pas, c'était mon véritable number, celui d'un monstre, ce qu'on appelait un 'Genesys'.

Enfin, c'est supposé être un secret, du coup bah, on les appelle pas quoi.

Je l'ignorai, visiblement pas prête à subir plus de sarcasmes de bon matin, et décidai de l'éviter. Il tenta de se mettre en travers de mon chemin, sa carrure de sportif me bloquant à peine l'entièreté de mon champ de vision. Je levai les yeux, remarquant au passage les côtés de son crâne maintenant rasés et ses nouveaux piercings: des écarteurs de chaque côté et un anneau noir en guise d'helix à gauche, pour ajouter aux classiques trous aux lobes qu'il avait déjà.

Tant de si beaux objets gâchés sur une personne si détestable, c'en est triste.

(Ca reste quand même plutôt agréable à regarder, ahem.)

Wait.

Je réalisai soudainement que non, ce n'était pas une bonne idée de rester immobile dans un couloir crade à mater les piercings d'une personne composée à 95% de son propre ego.

Grognant -comme à ma délicate habitude- je décidai de le contourner, et lui frôlai le bras par accident. Il eut un frisson instinctif.

Aura d'un Genesys 700, que voulez vous.

Il se reprit vite, comme si je n'avais pas pu admirer ses petits tremblements de caniche, et passa sa main dans la touffe jaune qui lui sert de chevelure.

Narquois, il se pencha vers moi et susurra un "à tout à l'heure QUARANTEUH TROIS." Qui me fit frémir de joie.

C'est du sarcasme.

Tentant de me calmer un tant soit peu avec ma collection de cris de bébés, je rentrai dans la salle de classe numéro 34 -une salle bleuâtre immonde- cette réticence tenace me collant toujours à la peau.

N u m b e rWhere stories live. Discover now