Prologue.

75 8 9
                                    

19 novembre 2016, 9h23.

Des coups incessants à la porte se font entendre depuis bien cinq minutes. J'essaie tant bien que mal de les ignorer mais ils persistent. Je me lève alors de mon lit en enfilant un pantalon de jogging qui traînait par là, pas la peine de mettre un haut.

J'ouvre la porte d'entrée et manque de crier en voyant deux soldats américains devant moi.

- Harry Styles? Me demande l'un d'eux.

- Oui, c'est moi.

- Êtes-vous bien le petit-ami de Louis Tomlinson?

- Oui.

- Monsieur, nous avons le regret de vous annoncer que l'officier Tomlinson est mort sur le champ de bataille en Irak hier. Il sera rapatrié demain et son enterrement aura lieu après demain. Toutes nos condoléances.

Je ne prends pas la peine de les saluer ou de les remercier que je ferme déjà la porte. Mais les remercier de quoi au juste? De m'annoncer la mort de mon petit-ami?

J'ai un moment d'absence puis tout prend sens dans ma tête et là, je ne contrôle plus rien. Tout ce qui se trouve sur mon chemin finit au sol, brisé. Au final, tout le salon est dévasté. Comme mon cœur.

Je me laisse glisser contre le mur et je pleure, je pleure en criant son nom, en espérant que ce n'est qu'un mauvais rêve et que Louis va rentrer, fier d'avoir encore une fois survécu à cette guerre. Mais la réalité me revient en pleine face quand j'entends le téléphone de la maison sonner. Je me lève doucement et vais décrocher.

- A-Allo? Dis-je tremblant.

- Hey Harry ! Tout va bien? C'est Gemma, ma sœur.

- Il est mort Gemma, je chuchote presque.

- J'arrive.

Elle raccroche. Je sais qu'elle sera là dans cinq minutes, je sais qu'elle est tout aussi bouleversée que moi.

Finalement elle arrive et nous pleurons, dans les bras l'un de l'autre, sans parler.

21 novembre 2016, 14h.

Nous sommes tous réunis au cimetière, autour du cercueil de mon bien aimé, il est recouvert du drapeau américain et des soldats de son unité sont présents ainsi que son chef. C'est actuellement à moi de prononcer un discours, je monte alors sur la petite estrade derrière le cercueil. Je toussote puis commence.

- Tout d'abord excusez-moi si je prends un peu de temps mais je n'avais pas la tête à écrire un discours alors tout va sortir de mon cœur. Ils me regardent avec un air compatissant mais s'ils savaient comme j'en ai rien à foutre de leur pitié. Louis et moi étions ensemble depuis bientôt 4 ans et, sans mentir, c'était les 4 plus belles années de mon existence. Il était là quand j'en avais le plus besoin, il m'a sauvé d'un des moments les plus horribles de ma vie et je ne le remercierai jamais assez pour ça. Il était mon bonheur au quotidien, il souriait tout le temps malgré les épreuves difficiles qu'il traversait.  C'était un homme bon, le meilleur que j'ai connu à vrai dire. La façon dont je suis tombé amoureux de lui est tellement bête mais les choses les plus simples sont les meilleures, non? Je me rappelle de ce moment, on devait avoir un rendez-vous ensemble mais au dernier moment, sa mère l'a appelé pour lui dire de garder ses sœurs. Il était tellement gêné mais c'est ce qui le rendait adorable. Donc nous sommes allés chez lui pour garder ses sœurs et là, je me suis rendu compte que j'étais tombé amoureux. Le voir sourire, s'occuper de ses sœurs avec tout cet amour dans les yeux. C'était magique. Puis au bout d'une petit année, il m'a annoncé qu'il partait pour l'armée car c'était son rêve, les études et lui ça faisait 15, je ris légèrement. Bien-sûr nous avons eu une certaine dispute à ce propos mais, je ne pouvais pas l'empêcher d'aller vivre son rêve. Il ne rentrait plus qu'une fois tous les 3 mois et encore, je suis gentil. C'était dur mais on a surmonté ça. On s'aimait encore plus. Je sens cette boule dans ma gorge qui me fait mal et mes larmes qui coulent le long de mes joues. Puis aujourd'hui, il nous a quitté. Il nous a quitté pour rendre service à son pays. Je suis fier de lui mais j'ai cette partie égoïste de moi qui aurait voulu qu'il reste à mes côtés plutôt que d'aller sauver le pays. On avait tellement de projets ensemble et aujourd'hui, il me laisse tout seul dans ce monde, sans repères, sans lui, mais avec cette bague à mon doigt. Ils me regardent tous en me questionnant du regard. Oui, Louis m'avait fait sa demande il y a 9 mois juste avant de repartir sur le terrain. Je me dirige alors sur le côté du cercueil et pose ma main gauche dessus. Je te promets, Louis, de ne jamais t'oublier. Tu as été mon premier et mon dernier amour. Mais je réaliserai juste un seul de nos projets, j'irai adopter notre enfant et durant toute son enfance je lui apprendrai la personne que tu étais. Son papa. Je t'aime Louis, repose en paix.

Et je finis en larme dans les bras de ma sœur et de mon meilleur ami, Liam.

Nous sommes actuellement dans un petit restaurant que nous avons réservé pour la suite de l'enterrement. J'ai toujours trouvé ça débile de venir "fêter" la mort de quelqu'un.

N'en pouvant plus de toutes ces personnes qui me lancent des regards de pitié, des autres qui ne font que rire et se soûler, je me dirige vers la sortie. Une fois dehors contre le mur de la bâtisse, je dénoue ma cravate qui me donne l'impression de m'étouffer. Je ferme les yeux quelques secondes pour me vider l'esprit. Je sens une main sur mon épaule, quand j'ouvre les yeux je vois un soldat. Je le reconnais, c'est Niall, l'ami et coéquipier de Louis si je puis dire.

- Bonjour Niall.

- Hey Harry. J'aurais aimé te rencontrer dans d'autres circonstances. Mais je devais venir te parler avant que je ne retourne en Irak.

- J'aurais aimé aussi... De quoi veux-tu me parler?

- Eh bien Louis m'a chargé, il y a à peu près 8 mois et demi, de te remettre ce journal que j'ai dans les mains au cas où ce genre de chose arriverait. Je ne sais pas ce qu'il y a dedans, je n'ai pas voulu lire vu qu'il m'a dit de te le remettre. Donc voilà, il est à toi.

Et il repart en me souhaitant une bonne continuation et du courage. J'ouvre la première page du journal où une seule phrase est écrite. Elle m'est adressée.

Cher Harry, si tu lis ce journal, c'est que la guerre a fini par m'avoir.

Le journal d'un soldat. [larry]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant