Un chocolat chaud s'il vous plaît

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  Arrivés au café, qui se révélait être à environ deux cent mètres de chez moi, Ethan m'invita à m'asseoir à l'intérieur

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  Arrivés au café, qui se révélait être à environ deux cent mètres de chez moi, Ethan m'invita à m'asseoir à l'intérieur. Sur le chemin nous n'avions pas vraiment discuté, nous étions trop timides pour lancer un sujet de conversation. Alors, nous nous sommes tus et avons dégusté le mélodieux chant des oisillons.

  - Bonjour mademoiselle, que désirez-vous commander ?m'interrogea un serveur à peine plus âgé que nous.

  - Je prendrai un chocolat chaud s'il vous plaît.

  - Très bien, et vous monsieur ?

  - La même chose s'il vous plaît, répondit Ethan.

  Le serveur s'éloigna, nous replongeâmes dans notre bulle. Il m'avait invité pour répondre à mes questions, alors je l'incitai à tenir ses promesses.

  - À vrai dire, si je t'ai observée pendant tout ce temps, c'est parce que tu me plais. Enfin, tu devais t'en douter. Bref, je n'ai pas osé venir te parler jusqu'à aujourd'hui car j'avais bien trop peur que tu me rejettes. Aussi, je pensais ne pas avoir le courage de le faire. Mais maintenant c'est fait et tu as accepté. J'aimerais apprendre à te connaître un peu.

  Son sourire était magnifique. Il illuminait la pièce, transformait tout le chagrin au fond de mon cœur en joie, il donnait des couleurs à ma vie si fade. Grâce à un simple sourire, il arrivait à me mettre à mon aise, à me faire sentir importante. Jamais je n'avais rencontré une personne qui me faisait cet effet. Autrefois, mes parents possédaient également le pouvoir de rendre ma vie plus belle.

  - Alors, comme je te l'ai dit toute à l'heure, je m'appelle Laura. J'ai dix-huit ans et mon chien se nomme Friday.

  - Mais encore ?insista-t-il.

  - Eh bien, comme tu as pu également le constater, je joue de la guitare dans la rue tous les jours. C'est ma passion.

  -  D'accord. Et tu as de la famille, des amis, un petit-ami ?appuya-t-il sur le dernier mot.

  - Non, rien de tout cela. Ma famille et mon ami se résument à Friday, sinon il n'y a personne, répondis-je froidement.

  - Oh... Je suis désolé, excuse-moi, c'était impoli, je n'aurais pas dû te poser cette question.

  Je ne répondis pas.

  Le serveur arriva avec nos boissons et nous les bûmes dans un silence pesant. La chaleur du lait mélangé à la poudre de cacao me brûlait la gorge. Cette chaleur me permettait de sentir le liquide glisser le long de mon corps, une sensation loin d'être désagréable.

  Après quelques gorgées, je reposais la tasse sur la table en bois devant laquelle nous nous trouvions. Ethan laissa alors échapper un petit rire, l'un des plus beaux rires que je n'avais jamais entendu. Il ne sonnait pas comme une moquerie, plutôt comme un léger amusement. Je ne compris pas quelle était la raison de celui-ci et Ethan le devina à l'incompréhension qui se lisait sur mon visage.

  - Tu as une moustache au-dessus des lèvres, ricana-t-il. Attends, laisse-moi t'aider.

  Je n'eus pas le temps de réagir qu'il prit une serviette en papier et l'appliqua délicatement sur ma lèvre supérieur, le regard fixé sur cette dernière. Au début de son action il semblait très concentré sur ce qu'il faisait mais à présent, son assurance avait disparu et il rougit.

  Ses iris faisaient des va-et-vient entre mes lèvres et mon regard. Ma respiration devint soudain saccadée et je sentis le rouge me monter aux joues. Je n'avais jamais été dans une situation aussi inconfortable que celle-ci.

  Finalement, Ethan se rassit et but plusieurs gorgées de son chocolat chaud, silencieux, le regard ancré sur mes yeux bleus. C'était gênant.

  Ce qui venait de se produire m'avait perturbée. Ethan le sentit et lança un nouveau sujet de conversation. J'appris qu'il était fils unique, qu'il vivait seul, qu'il prenait des cours de boxe française et qu'il n'avait pas d'animaux de compagnie, faute de moyens.

  - Je travaille également dans une librairie en centre-ville tous les jours sauf le lundi et le mardi, ajouta-t-il.

  Étrangement, j'eus l'impression que ses paroles étaient un mensonge. Pourtant, il semblait si sincère et son sourire ne trahissait aucun doute à ce sujet. Pourquoi avais-je l'impression qu'il mentait ? Ce ne devait être qu'une simple intuition sans aucun sens concret. Je devais sûrement me tromper.

  - Et toi ? Tu as du travail ou tu fais des études ?continua-t-il.

  - Je travaille dans un petit restaurant en tant que serveuse pour pouvoir payer mon loyer et mes factures chaque mois. J'ai arrêté d'aller à l'école depuis mes 16 ans. Je n'ai pas d'avenir, ni les moyens de faire des études, avouai-je.

  - Oh... Je suis désolé. Dis-moi, c'est sûrement une question indiscrète mais as-tu du mal à payer tes factures tous les mois ?

  Quelle était cette question ? Qui était-il pour me demander si j'étais pauvre ou pas ? Il devrait le savoir pourtant, je jouais de la musique dans la rue ! Les étudiants ne se trouvaient jamais dehors à jouer d'un instrument, ils étaient à l'école justement, et ils avaient les moyens de la payer !

  Tout de même, je n'arrivais pas à exprimer cette surprise de manière agacée, je ne pus que baisser la tête.

  - La réponse n'est pas si difficile à deviner quand même, marmonnai-je dans ma barbe. Cela se voit que je suis loin d'avoir de l'argent, alors oui, j'ai du mal à payer mes factures.

  - Laura, excuse-moi, je suis vraiment impoli, je ne voulais pas toucher un point sensible une nouvelle fois. Je te pris de m'excuser, je voulais seulement savoir si tu étais comme moi, c'est-à-dire un peu débordé par les factures, avoua-t-il. Je sais qu'on ne se connaît que depuis une demi-heure mais j'avais une proposition à te faire et je pense que cela sera aussi bénéfique pour toi que pour moi.

  - Je t'écoute, dis-je, soudainement intéressée.

  - Eh bien, puisque nous avons tous deux des problèmes d'argent, que nous sommes majeurs, que j'ai de la place dans mon appartement et que je te fais confiance, voudrais-tu vivre en colocation avec moi ?

  Sa question me stupéfia. Je ne m'attendais aucunement à une telle proposition. Ses arguments paraissaient sincères et mystérieusement, j'avais également confiance en ce jeune homme que je ne connaissais que depuis trente minutes.

  - Il me faut du temps pour réfléchir...

  - Très bien, j'attendrai le temps qu'il faut, renchérit-il. Viens me voir dès que tu as une réponse, je ne suis jamais loin quand tu joues, appuya-t-il d'un clin d'œil.

  - D'accord. Je suis désolée, je dois partir travailler, l'informai-je en me levant rapidement de ma chaise. Au revoir.

  - OK, au revoir Laura, lança-t-il, déçu que je parte déjà.

  Je me dirigeai vers la sortie avec Friday lorsqu'Ethan m'appela. Je me retournai et l'aperçus, ma veste dans ses bras, accourant dans ma direction.

  - Tu as oublié ta veste, expliqua-t-il en me la tendant. Cela a été un plaisir de discuter avec toi, j'espère qu'on se reverra bientôt.

  Avant même que je ne puisse répondre, ses lèvres se plaquèrent contre ma joue et y déposèrent un baiser doux et léger. Waouh ! Des papillons dans le ventre apparurent soudainement et mes joues devinrent plus roses qu'elles ne l'étaient déjà.

  Je sentais que ce garçon réservait quelques surprises et que je ne manquerais pas d'en faire partie. 

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