Rien n'a changé

Jour 1

Devoir tenir un journal et ne pas aimer écrire, moi qui pensais cela indissociable. J'aimerais pouvoir me souvenir et me dire que je pourrais vivre mais on sait tous que jamais ce ne sera le cas. Les médecins ont été clairs, d'une voix grave et monotone le verdict était tombé : Il ne me reste que sept jours à vivre. 

Je n'ai même pas la force de me questionner sur ce que j'aimerais faire ou ne pas faire plus tard, j'essaye de penser, je suis une rivière de pensées qui se déversent sans trouver un sens ou s'écouler paisiblement.

J'écris donc suite aux conseils de ces mêmes médecins, mais je sais que ce bouquin ne servira qu'à vous, ma famille. Et vous êtes certainement en train de le lire en pleurant mais au final même si je ne pense pas vous regarder du fin fond de la terre dans laquelle je me trouve, je sais juste que mes dernières volontés de bonheur vous seront adressées, ne soyez pas tristes pour moi.

Je me dis quand même que j'ai pu vivre la nouvelle année, que d'avoir pu passer un année me rapproche encore plus de cet avenir que je ne pourrais toucher. J'ai pourtant fait le voeu de ne faire de mal à personne, même pas à moi, en même temps je suis tellement défoncé par les médicaments que je ne sens même pas l'action de ma main écrivant frénétiquement sur cette page.

Et ne vous inquiétez pas, je ne suis pas le seul à mourir. Une amie d'ici est aussi morte, on apprend très vite qu'ici seul la maladie nous forge une nouvelle personne, car non, nous ne sommes plus les populaires, les sportifs ou encore les intellos ici, non, nous sommes tous des malades. Pour en revenir à cette amie, le cancer la prise la veille de noël, sa famille était venue lui offrir des cadeaux avant le jour fatidique, elle me parlait tellement de cette date de l'année, sa préférée. Il commence à neiger dehors, c'est beau, à chaque flocon sa naissance et à chaque fonte sa mort. L'hiver c'est comme la mort c'est une préparation à la vie sous toutes ses formes.